Osaka Punch - Mixed Ape
Chronique CD album (40:47)

- Style
Fusion funky - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
4 septembre 2023 - écouter via bandcamp
L’Australie a été, il n’y a pas si longtemps que ça, le quartier général de la multinationale Fusion & Nawak Inc. Peu de pays, États-Unis compris, pouvaient se targuer d’abriter en son giron une telle quantité de formations tout aussi brillantes que sévèrement givrées. Sauf qu’aujourd’hui, la plupart de ces dernières semblent avoir fondu au soleil – qui tape particulièrement fort, il est vrai, sous ces lointaines latitudes. Disparus, ou pas loin, les Darth Vegas, Shanghai, Flatstick, Godswounds, Lesuits. Du côté d’Umläut, pas de fermeture définitive pour cause de fin d’activité, mais un ton de plus en plus ouaté, de plus en plus expérimental, loin des galipettes réalisées sur son premier album. Pink Øctopus ? Un brillant premier EP et puis s'en va... Et si beaucoup voyaient en Twelve Foot Ninja une relève ayant le potentiel pour conquérir le reste de la planète, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que ledit assassin masqué se fasse un hara-kiri en bonne et due forme.
Reste-t-il seulement des survivants au milieu de ce paysage tristement postapocalyptique ? Oui : les cartoonesques Troldhaugen. Cowabunga ! Ainsi que – jaillissant du milieu des décombres, tandis que la musique de Rocky retentit, indiquant que, non, cet uppercut n’a pas eu raison de lui – les smart funkers d’Osaka Punch. Car, youpi-yihha-pab’douwha, le héros n’est pas mort : c’est sûr, il va neutraliser Dissonnator, le supervilain aux tristes riffs, et délivrer la princesse Nawak, retenue prisonnière en haut de son lugubre donjon !
Mais commençons par corriger le tir. Ou plutôt le recadrer. Car non, à quelques dérapages contrôlés près, Osaka Punch ne donne pas vraiment dans le Nawak Metal – d’ailleurs on parlera plutôt de « Circus Metal » si l'on habite à proximité de la Grande Barrière de Corail. Le créneau – et credo – du groupe, c’est plutôt une Fusion Metal réactualisée, ronde, chaleureuse, goguenarde, extrêmement groovy, et rehaussée d’une rythmique subtilement post-2000, c’est-à-dire ayant adopté – avec modération – quelques-uns des réflexes de la descendance lointaine de Meshuggah (cf. le pourtant cuivré « Slink »). J’insiste sur les « subtilement », « modération » et « lointaine », car plus encore que chez Twelve Foot Ninja, ces éléments pourraient parfaitement passer inaperçus tant ils sont peu envahissants, et pas du tout systématiques. Car ce qui frappe en premier lieu quand on écoute Mixed Ape – leur 2e album, j’ai omis de vous le dire – et ses prédécesseurs, c’est à quel point ces doigts claquent, ces palmiers ont fière allure, et ces guitares estivales sont onctueuses, classieuses et canailles. En effet, une fois de plus le Coup de Poing Japonais se distingue de ses collègues en cela que, au lieu de se la jouer fanfare foraine multicolore ou surf party alcoolisée, il préfère pratiquer un Funk Metal séducteur, portant veste de costume, chaussures cirées et rictus en coin. Le genre bad boy à Borsalino, bagou brillant et big balls (cette allitération en explosives est offerte à tous ceux qui passeront le bac français cette année). Qui, de surcroît, n’a pas peur de jouer la carte Pop, ou l’atout Prog, s’il peut en tirer profit…
Le genre de dégaine à laquelle on ne résiste pas – de toutes façons toute résistance est inutile.
Car la formule magique reste aussi efficace en 2023 qu’en 2016 ou en 2011 : ils sont écœurants, d’ailleurs, pour les peine-à-écrire, de réussir à briller avec une telle insolence, que les années passent, que nos enfants poussent, ou que les covidés trépassent. Rien ne semble épuiser leur source d’inspiration, ni affadir leur propos, ni altérer leur capacité à transformer nos écouteurs en machine à encartooner joyeusement le quotidien... Et l’on ne va pas s’en plaindre !
Je pourrais à présent vous laisser sur un « Mix Apes va mettre du ouistiti dans vos oreilles : laissez-le vous secouer les puces sans plus attendre ! ». Et ça serait bien suffisant, ma foi. Mais je ne peux résister à l’envie de vous en tartiner encore un peu sur mes coups de cœur les plus explosifs. Tiens, « How We Operate », le premier tube incontestable de la tracklist : que ça fait du bien de se faire titiller ainsi la guitare, de se faire glisser une basse aussi égrillarde dans les conduits, et de laisser éclore l’un de ces refrains larger than life aussi coulant que la rythmique peut être, quelques secondes plus tôt, saccadée ! Puis allez sentir les draps d’un 6 du mat’ aoûtien sur « Simulate », morceau langoureux et frais, stimulant et gourmand, typique de la sensualité osakapunchienne. Et comme dans toute grosse production qui se respecte, on garde le meilleur pour la fin avec « Too Old (For This Shit) », énorme branlée nawako-fusionnante qui, en plus des ingrédients irrésistibles habituels, vous régalera de bon vieux scratching, d’une parenthèse Swing rétro, ainsi que d’une leçon de crooning sur lit de contrebasse.
Vous trouviez le temps long depuis la sortie de Death Monster Super Squad ?
Vous aviez épuisé vos stocks de mouchoirs après les adieux de Twelve Foot Ninja ?
Vous pensiez que le Funk Metal était une spécialité américaine du siècle dernier ?
Envoyez-vous Mixed Ape matin, midi et soir, avec un grand verre de breuvage pétillant : vous verrez que le soleil entrera à nouveau dans votre séjour !
La chronique, version courte : troisième sortie, troisième carton ! Si vous aimez le Funk Metal sexy mais pas rétro, le soleil brûlant mais pas cuisant, la basse entreprenante, les cuivres discrets et la guitare égrillarde, le tout servi en un cocktail arc-en-ciel mais pas tape-à-l’œil, vous allez adorer Mixed Ape, album idéal pour compléter le triplet gagnant Lunettes de Soleil / Ecran total / [Glissez ici votre secret bronzette]
2 COMMENTAIRES
noideaforid le 25/10/2023 à 12:34:57
l'album a un potentiel d'écoute sur le long terme en plus, comme le outlier de Twelve Foot Ninja ou un incubus mais du début. Je pense qu'il va marquer mon âme de Nawakophile.
cglaume le 25/10/2023 à 13:09:51
Bien d’accord 👍
AJOUTER UN COMMENTAIRE