Killhall - Skullsplitter
Chronique CD album (36:12)
- Style
Groove Thrash/Death encorifié - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
02 juin 2023 - écouter via bandcamp
Commençons par éteindre la lueur d'espoir dans l'œil du Metallica-ddict : regarde mieux Michel, c’est un H, pas un M. KillHall, donc eh non, pas KillMall / Kill’em All. D’ailleurs il faut vraiment chercher à la loupe pour trouver une aiguille Cliff Burton ou « Whiplash » dans la botte de foin Skullsplitter. Notez que les fans de James, Kirk and co pourront quand même trouver de quoi headbanguer sur ce premier album d’un groupe (... profitons-en pour glisser une info supplémentaire...) partagé entre Finlande et Estonie. Oui, parce que les zozos ont décidé de se compliquer la vie : il leur faut en effet faire un tour par la Russie, ou traverser le Golfe de Finlande s’ils souhaitent se retrouver tous les quatre dans la même salle de répète…
Mais à la limite ça les regarde. Nous ce qu’on veut c’est du gros son qui ravisse, des guitares qui rugissent, des compos qui estourbissent (… je comptais utiliser le verbe occire initialement, mais le saligaud ne se conjugue pas au présent du subjonctif !). Et après tout peu importe si c’est fait par Mateo depuis le fond de sa piaule, ou par un collectif disséminé par monts et par vaux, à partir du moment où ça tabasse bien comme il faut !
Or les 8 compos de Skullsplitter bastonnent joliment ! Il faut dire que le bestiau est assis sur de solides fondations faites d’un mélange de Groove Metal encorifié (‘voyez Pantera et Machine Head ? Ajoutez-leur un bandana) et de Thrash/Death velu mais mélodique, à la… voyons voir … allez : Hatesphere. C’est la bagarre, donc. Une bagarre lors de laquelle on peut apercevoir quelques tatouages qui sentent bon la rue, mais une bagarre pendant laquelle on se balance quand même plus souvent de gros coups de grattes Metal plutôt que des mornifles purement Hardcore. Ce qui, je dois dire, me convient mieux. Notez que si le projet du groupe se bornait à ce postulat, les business angels de CoreAndCo n’auraient pas forcément misé beaucoup de kopeks sur la startup Killhall…
… Sauf que les gugusses ont ajouté quelques cordes supplémentaires à l’arc relativement rugueux avec lequel ils ont tiré cette première flèche longue durée. Pas assez pour en faire une harpe expérimentale, mais suffisamment pour intriguer le lapin qui vous cause. Et la plus marquante des particularités en question, c’est la confection de refrains très mélodiques, qui tranchent avec le reste des titres au sein desquels ils sont nichés. Non, pas comme ces flaques de guimauve en chant clair teenager qui tuent dans l’œuf une énorme quantité des « tubes » Metalcore. Plutôt comme ce que l’on peut entendre sur les meilleurs albums d'Into Eternity, quand des mélodies Heavy/Prog ennoblissent des titres oscillant sinon entre Black et Death. D’ailleurs la proximité du chant clair de Tuomas Laukkanen avec celui de Chris Krall est parfois bluffante…
Et cet effet de contraste fonctionne vraiment d'enfer. Du moins sur la « face A » de l'album, dès la déclaration d’intention « Delirium Tremens », ainsi que sur un « Land of I » qui a la bonne idée de laisser de la place à des riffs glacés lorgnant vers la scène Death/Black. Quand vous ajoutez à cela quelques bonnes petites séances bien blastées, vous obtenez quatre candidats solides au poste de remplaçants du bip strident de votre réveille-matin : c’est que l'effet Zest Citron est quand même bien plus intense quand la journée démarre au son du riff abrasif ouvrant « Delirium Tremens » sur une invitation à méchamment arranger le tarbouif de son prochain !
Problème : Skullsplitter passe en mode demi-molle sur sa face B, les ficelles devenant alors plus évidentes, l’inspiration plus tiède, les tics plus caricaturaux. De « For The Crow » – qui reste efficace mais s’avère assez convenu – jusqu’à « I Want War » – qui beugle sans originalité et frappe sans grande conviction – le groupe glisse de plus en plus loin sur la pente de la banalité anesthésiante. Et passe des promesses d’un 8/10 pas déconnant si l’on ne regarde pas au-delà de « Land of I », à la note un peu miteuse que vous voyez attribuée là-haut.
C’est bien dommage, ma foi. Pourtant le groupe ne commet aucune grosse erreur choquante. C’est juste qu’il s’enferme dans un schéma bateau et de moins en moins excitant qui le conduit irrémédiablement sur le terrain de la copie peu transcendante – besogneuse, même – des références citées plus haut. C’est donc la queue entre les jambes, mais l’espoir en un avenir meilleur pas totalement en berne, que l’on se résigne à apposer un point final à cette chronique qu’on aurait souhaitée plus enthousiaste. Tentez tout de même l’aventure, rien que pour cette Face A qui nous laisse goûter à ce qui aurait pu être de très bon titres d’Into Eternity si ceux-ci avaient été élaborés au Canada, et non en Finlande. Et en Estonie.
La chronique, version courte : Skullsplitter, c’est un mix de Groove Metal encorifié et de Thrash/Death mélodique sur lequel on a versé de beaux refrains en chant clair rappelant Into Eternity. Cette formule permet à Killhall de confectionner une première moitié d’album assez délectable, mais ne suffit pas à maintenir l'intérêt au cours d'une deuxième mi-temps trop convenue, trop peu transcendante... et laissant l'auditeur sur un avis franchement mitigé.
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