Swarm - Anathema
Chronique CD album (58 mn)

- Style
Groove/Thrash Metal sauce Hardcore - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
30 septembre 2019 - Lieu d'enregistrement Studio Artmusic (Vidauban, Var)
- écouter via bandcamp
Swarm est un groupe (positivement) pressé ! Formé en 2014 autour d’Antoine dans les environs d’Antibes, la formation azuréenne sort son premier album dès le début 2017 avec Division & Harmony. Pas le temps de souffler : elle enchaîne aussitôt, malgré les concerts joués un peu partout en France, sur la composition du second album Anathema, sorti fin septembre 2019 et qui tire profit de trois éléments déterminants. Le premier est la présence d’un line-up stable avec l’arrivée de Rémy au chant en 2017 et de Mathieu à la guitare et au growl l'année suivante. Ces cinq-là – le bassiste quittera malheureusement l’aventure au printemps prochain – s’entendent à merveille et ça … s’entend, en même temps que cela se voit dans les divers clips réalisés !
Le deuxième, absolument déterminant, est le gros travail de production – à des années lumières du précédent opus –, si bien que l’on sent que Swarm souhaite ardemment être pris au sérieux. Cet album a été en effet enregistré et mixé avec soin et netteté par Sébastien Camhi au studio varois Artmusic (qui a déjà collaboré avec Darktribe, Gorgon, Heart Attack, Nihilist ou encore Sideblast), avant d’être masterisé outre-Rhin par Kai Stahlenberg au studio Kohlekeller habitué au très gros son (Aborted, Benighted, Cytotoxin, Sinister, …).
Le troisième et dernier est l’audace musicale de cet Anathema qui déploie un mélange bouillonnant de Groove Metal, Thrash et Hardcore, finalement pas si présent que cela sur la scène hexagonale. Il importe d’ailleurs de se débarrasser de l’impression paradoxale laissée par une première écoute : bon bé quoi, ce n'est qu'un gros panaché très 90’s de Pantera, Machine Head et Lamb of God ! Yep, précisément, sans oublier une grosse influence du thrash américain à la Slayer et Overkill et même celle, moins prononcée certes, du metalcore U.S. (As I Lay Dying, Killswitch Engage) ! Le premier titre "New Sun" nous écartèle efficacement les esgourdes entre les formations de Tom Araya et Robb Flynn (notons en son sein l’excellent passage à la fin de la 4e minute après une pause mid-tempo). La gémellité vocale avec le frontman de Slayer est saisissante avec le morceau "Frontiers" qui se drape tout au long de ses 4 mn 30s de multiples breakdowns 100% Hardcore. Le Hardcore suinte également de "Five" et de "Life On Hold", avec son entrée groovy très panteresque. En dépit d’une maîtrise perfectible de l’anglais ("Deaf Blind Silent"), les chants de Rémy et Mathieu se combinent fort bien dans un travail bien plus construit qu’il n’y parait….
Ne voulant pas gaver les auditeurs avec une heure trempée dans le même Metal, Swarm ne cesse de varier avec son Anathema, aussi bien dans la durée des morceaux (de 3 à 8 mn), dans les morceaux alternant chant clair, chant hardcore et grawl ("Intifada" et son passage bien cool autour des 4 mn, "Sputnick Explorer", "Deaf Blind Silent", "Legacy of Misery") que dans les passages laissés en français ("The Deed Is Done", "Life On Hold" et "Five") qui claquent parfois à la Mass Hysteria ou à la Lofofora. Les aérations, plutôt rares dans les premiers morceaux, sont plus présentes à partir de "Sputnick Explorer". Décomplexés, Swarm le sont et pour oser, ils osent : solos d’Antoine tantôt Death, tantôt Hard Rock, passage melo dans "Life On Hold", long instrumental du "Pyroclastic Flow" et même power ballad avec l’insertion d’une voix féminine dans "Simple Automata Return (At Home)". C’est parfois déroutant, mais toujours intéressant. Conscient que l’album n’est qu’une facette de la besogne artistique des groupes de metal – les concerts sont un autre juge de paix, ô combien décisif –, Swarm fait de son Anathema une réelle surface d’expressions multiples, fruit d’un travail intelligent et percutant ("Five"). Alors que les lyrics de Rémy entendent souligner toutes les contradictions et les atermoiements de notre monde et prennent forme dans une pochette-album offrant à la fois une face claire et une face sombre, le message artistique de la bande d’Antoine est, à rebours, tout à fait limpide : elle entend avancer, vite, bien et fort…
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