Kluizenaer - Ein Abbild Der Leere

Chronique CD album (37:55)

chronique Kluizenaer  - Ein Abbild Der Leere

Ein Abbild Der Leere des Allemands de Kluizenaer est une créature difficile à approcher. Par quels angles d’ailleurs l’aborder ?

 

Par le line-up ? Mouais… Depuis 2015 et le premier album Radbraak (s’en suivront trois EP entre 2017 et 2018), Kluizenaer n’est plus simplement un projet solo (« kluizenaar » est d’ailleurs un mot hollandais signifiant « hermite »…), mais une formation en bonne et due forme, un trio en l’occurrence qui n’a pu que trop rarement se frotter à l’épreuve salvatrice du live.  

 

Par le(s) label(s) alors ? Mieux… Que la sortie de ce second album soit soutenue par Wolves Of Hades Records et BREATH:SUN.:BONE:BLOOD:. Records, deux maisons de disque anticapitalistes, n’est pas le fruit du hasard. Bien au contraire, puisque les membres de Kluizenaer se déclarent « ouvertement antifascistes ». En bons parangons du RABM, ils souhaitent certes « faire chier les métalleux réactionnaires », mais aussi donner une vision complexe et particulière de l’existence où les idées antinationalistes et anarchistes viennent se fondre dans une approche existentialiste, nécessitant « la prise de conscience qu'il n’existe pas d’entité supérieure à laquelle nous devons quoi que ce soit, qu’il n’y a pas de but plus profond à notre existence que celui que nous choisissons de nous assigner. » C’est ainsi que les premiers instants du dernier titre "Stylit" reprennent quelques mots du poème "Psalm" de Paul Celan, l’un des poètes les plus importants de l’Allemagne d’après-guerre et dont les parents n’ont pas survécu au système concentrationnaire et génocidaire nazi… Pas simple d’exprimer tout ça avec de la musique extrême, même si celle-ci peut être tout à fait communicative !

 

La musique justement ?… L’année 2018 a été un point de bascule au cours de laquelle Kluizenaer a changé de peau, la sphère Noise/Ambient laissant sa place – sans disparaitre –  à une teinte bien plus BM, mêlant l’indus à l’atmosphérique. Cette plaque qui ne dépasse pas les 38 minutes (j’en aurais pris davantage perso…) capture l’auditeur dans un son intense, une enveloppe sombre et épaisse, qui exige un haut niveau d’attention, donc – vous l’aurez compris – des écoutes réitérées ("Es verbrennt sich"). On y relève une réelle identité blutausnordienne, perceptible par exemple sur le 4e morceau, dégageant une atmosphère inconfortable, suffocante même. En outre reconnait-on assez aisément une forte filiation créatrice avec le Metal belge et hollandais, comme si ce groupe se faisait passer pour le prolongement outre-Rhin du collectif Church of Ra, mis en mouvement par des musiciens, actuels et passés, d’Amenra, dont l’empreinte est forte ici (9e minute de "Verewigung", 7e minute de "Stylit", …).

 

En fait, à l’image du Dark Ambient déployé durant les quatre minutes poisseuses du morceau instrumental "Ölgötze" ou encore du chant cryptique et lointain qui nous ramène de suite à Dead As Dreams, le classique de Weakling, Ein Abbild Der Leere est une bestiasse rampante et dévorante qui siéra parfaitement aux âmes tristes, aux esprits tourmentés, aux êtres désabusés et escapistes. Une belle « représentation du vide ».

photo de Seisachtheion
le 15/07/2022

3 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 15/07/2022 à 08:31:59

Ouhhh c'est intrigant tout ça. 

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 18/07/2022 à 06:36:48

Chouette découverte, merci pour la chronique !

Moland

Moland le 18/07/2022 à 09:05:08

Dans mon top66 2022 OKAYE 

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