Love Sex Machine - TRVE

Huit ans après leur dernier album Asexual Anger, les modestes Lillois de Love Sex Machine reviennent pour une nouvelle proposition de découverte de leur Nord, intime et chaleureux comme on le sait bien.

Dès l'entrée en matière « Fucking Snakes », la bonne ambiance s'empare des corps et les propulse dans cette aventure de post metal sludgy bien darkos, à des années-lumières de ce que le patronyme du groupe laissait supposer : si vous pensiez vous embarquer du côté caliente caliente de la vie, celui avec des couleurs et de la sueur, sachez que le seul bout de chair que vous sauriez voir ici sera probablement flasque, informe et écrasé au sol, maculé de boue et relativement peu amène.

A la limite, quand « Trapped For Life » commence, on peut se dire (malgré le titre) qu'on y verra un peu plus loin qu'avant dans ce brouillard épais et poisseux, et qu'on aura peut-être bien une chance d'arrêter de se péter le nez sur des poteaux ou autres objets qui surgissent à l'imprévu de cette purée de poids. Mais non. On ne sortira pas de cette tension un brin étouffante avant un bon moment (la fin de l'album, quoi – quoi qu'un break plus atmosphérique sur la seconde moitié de « Canopy » vienne tout de même mettre la tête un peu plus loin dans l'espace).

Cette noirceur prégnante est également très généreusement distribuée en continu par le chant, toujours fielleux et réverbé, pour des ambiances et des effets qui m'ont parfois fait penser à Mütterlein : bien que le style pratiqué soit fondamentalement différent, on navigue dans les mêmes eaux sombres, couteau à la main pour découper l'air noyé dans le nuage sombre de distorsion autour de nous.

Mais si musicalement, ce n'est pas la méga-déconne, comme vous avez désormais dû le comprendre, c'est du côté des paroles que l'on pourra trouver un peu plus de légèreté, avec un peu d'humour notamment. Et en cela, le nom du groupe pouvait déjà être un petit indice.

En bref, si vous aimez votre sludge et votre post bien étouffant et aussi pourvu d'aérations qu'une chambre sous vide, ce nouvel album de Love Sex Machine pourrait bien vous faire lever un sourcil et une oreille, à défaut d'autre chose.

A écouter après Mambo N°5 si vous aimez l'art des transitions réussies.

Pingouins

le 09/04/2024