Mammon's Throne - Forward Unto Flame

Records comme Black Farm Records qui a signé AstroDeath? Oui, et c’est pourquoi je me suis rué sur le premier album de ce quatuor australien sans même prendre le temps de me demander de quoi il s’agissait. Et comme avec AstroDeath, la déception ne s’est pas pointé au rendez-vous. Ouf! En revanche, je serai moins dythyrambique qu’avec le duo qui donna naissance à la toujours tristement-pas-célèbre échelle de Pelmen. Je sais qu’il est mal venu de comparer ce qui n’est pas comparable mais en terme d’originalité, là où AstroDeath surprend ses paires, Mammon’s Throne les reprend.

En effet, Forward Unto Flame est un excellent album de sludge/doom pur jus, A.O.P, A.O.C, label rouge, bio, bleu blanc coeur et toutes les certifications qui vont bien et qui font bien sur l'emballage pour rassurer le chaland . Tu adores les morceaux de plus 6 minutes qui font la nique aux standards pour de la diffusion en radio? Tu veux te faire embrasser par du son lourd, massif, fuzzy à en crever ton subwoofer Logitoch ? Tu sais te délecter d’un mixage puissant mais bien mat et qui ne brille pas pour un sou ? Tu te pourliches les babiches en entendant des leads inspirés, mélodiques avec ce délicieux petit côté prog-70's  ? Tu affectionnes les morceaux construits avec 6 accords joués en boucle pendant 666 mesures à un tempo de 66 bpm à la noire ? Tu surkiffes les voix bien rauques, puissantes et qui gueulent grave dans le grave ? Tu te repais de morceaux aux ambiances prophétiques et shamaniques ?  Tu raffoles de ces rythmiques lourdes, matraquées par une batterie qui tape bien dans le fond du temps ? Tu t’amouraches de passages plus ambiants à base de guitare seule mais bizarrement en arrière-plan ? Tu es un fan ultime de Neurosis, Electric Wizard ou Sleep ? Oui? Tout ça? Et ben, c'est bon l'ami(e), Forward Unto Flame est fait pour toi, fonce, tu vas te le gouleyer avec un plaisir moins boudé que le dernier meeting communiste de Levallois-Perret.

Car non seulement, on rentre facilement dans cet album mais on y retourne volontiers  car la dynamique des morceaux et de leurs ambiances est quand même hyper bien gérée, condition sine qua non et ô combien délicate à mettre en oeuvre pour qu’un album de sludge/doom ne bascule pas du monolithe en forme vers le tas de glaise informe. Bref,  voilà de quoi se prendre un bon bain d'argiles pendant  39 minutes. Moins cher qu'une séance thalasso et tellement plus efficace.

En revanche, si tu cherches le groupe qui va créer la sensation dans le style, qui va lui apporter ce petit “plus” que tu attends depuis des années et qui donnerait par la même occasion un bon coup de plumeau dans cette scène musicale, il va falloir revoir tes expectatives à la baisse. Car Mammon's Throne n’est d'après moi clairement pas un game changer et ce n’est malheureusement pas parce que Matthew, Amesh, Sam et Nick font les choses très bien qu’ils le font d'une façon bien à eux. Que ce soit dans le son, dans les morceaux ou même dans l’artwork (le logo du groupe qui me semble un peu trop proche de certains d’Electric Wizard), on est en terre connue, un peu trop parfois. Il y a bien quelques efforts notamment au niveau des lignes de chants qui s'essaient sporadiquement à des interprétations un peu plus surprenantes que chez d'autres groupes du même style mais cela n'est pas flagrant d'autant que le chant manque encore un peu de maturité (notamment sur certaines notes tenues qui partent parfois un peu en coucougnette ("Wither"))

On se plaît malgré tout à penser que lorsque l'on sait si bien prendre la relève de ses aînés pour un premier album, il n’y a qu’un pas avant de pouvoir relever le niveau. A suivre de près donc...

On aime: du vrai bon sludge qui fait plaisir...

On n’aime pas: du vrai bon sludge qui ne surprend pas

8oris

le 31/08/2020