Manowar - Sign Of The Hammer

Chronique CD album (40:33)

chronique Manowar - Sign Of The Hammer

Il est un monde où les hommes – les vrais, les poilus, ceux qui chiquent et qui arborent des pectoraux saillants – fêtent la victoire entre frères de sang en buvant le jus de houblon à même le crâne de leurs ennemis. Un monde où la femme n’est qu’un animal de compagnie aux courbes girondes, à la lèvre gourmande, à la muqueuse accueillante et aux profondeurs moites. Un monde où, l’œil vif, le front haut, le poing ganté de cuir, la botte sur l’accélérateur, le mâle avale les kilomètres en visant l’horizon. Un monde où la guitare est arme, où la testostérone est inspiration divine, et où le « Trve Metal » est religion.

 

Non non, ce monde n’est ni la caserne du 6e RIMA de Berk-en-Moselle, ni les Terres du Milieu, ni la grotte des Pierrafeu, ni même la France fantasmée par Jean-Marie de Villiers (…quoique), mais un royaume où Scott Columbus, Eric Adams, Ross the Boss et Joey DeMaio sont rois. Ce monde, c’est Manowar. Le plus over-the-top, le plus caricatural, le plus puissant, le plus machismo, le plus ridicule, le plus enthousiasmant des groupes de Heavy avec des baloches de rhino dans le short en peau de yack. Ecouter un (bon) album de Manowar, c’est laisser le Ça flanquer une sévère branlée au Surmoi, attraper son marteau de Thor Playskool, oublier que d’habitude on verrait plutôt d'un bon œil les luttes des Femen, et partir à l’assaut du champ de bataille aux côtés de ses Brothers of Steel.

 

… Ça fait peur, hein? Même que, après coup, quand le dernier titre de l’un de leurs albums phares s’achève, torse-poil dans la salle de bain, à cheval sur les toilettes, on se sent effectivement un peu honteux. Mais c’est tellement bon putain! Du coup – même pas peur, même pas mal: il faut que je vous raconte. Et pour ce faire, on va commencer avec un album qui, s'il n’est pas leur meilleur, est néanmoins très bon: Sign Of The Hammer.

 

Back in 1984…

 

Quand Sign of The Hammer sort, le précédent – Hail To England – n’a que 10 mois d’ancienneté. Le groupe vient alors de quitter Music For Nations, mais n’a pas encore atterri chez Atlantic. Sa notoriété ne cesse de monter, et il a déjà donné de grosses pelletées de concerts, entre autres en compagnie de Ted Nugent et  Mercyful Fate. Bref: les cuves sont remplies à ras bord d’ambition, de testostérone et d’adrénaline.

Mais expliquons plutôt aux curieux de passage ce qui les attend sur ce 4e opus: de puissantes chevauchées à la rythmique tagada-tagada mid tempo et à la fougue conquérante (« All Men Play On 10 », « Sign of The Hammer »… Une bonne moitié des titres en fait), de petits brulots speedés pour Hell’s Angels (« Animals », « The Oath »), ainsi qu’une longue épopée tout en recueillement et slow tempos (« Mountains »)... Auxquels il faut encore ajouter l’instrumental « Eruption »-wannabe / « Ma ‘stouquette est plus grosse que la tienne » en piste 7: « Thunderpick » (…moins sympa que le « Sting of the Bumblebee » de Kings of Metal, m’enfin bon). Tout ceci est rehaussé d’une indéniable touche Rock’n’Roll, et agrémenté de la voix d’un chanteur impressionnant réussissant à ne pas avoir l’air trop ridicule dans les aigus: Eric Adams.

 

Le problème de la présente galette, c’est que le groupe ne réussit pas tout à fait à y accomplir un véritable sans-faute. Car à côté des 5 réussites que sont la fière ode au gros son « All Men Play On 10 » (lors de la tournée suivant cet album, nos preux chevaliers rentreront dans le Guiness en tant que « Groupe le plus bruyant du Monde sur scène »), le très Moto, Sex & Rock’n’Roll « Animals », le morceau-titre,  la speederie poignée-en-coin « The Oath » et le grandiose « Guyana » final, on trouve également des morceaux moins Power-of-The-True-Gods-Of-Steel. Comme « Thunderpick », donc, qui se branle un peu la nouille à sec. Comme « Thor (The Powerhead) » qui, bien que sympa dans l’absolu, est à la fois trop lourdement ampoulé et pas assez enlevé. Et comme « Mountains » qui, du haut de ses 7 minutes 40 et de son tempo de vieil hippo’ au glucose, parait bien longuet…

 

N’empêche: Sign of The Hammer fait partie – avec Fighting The World, Kings of Metal et quelques autres – de ces skeuds qui font que, même si le groupe est à présent au fond du trou, même si leurs textes sont ridicules et leur imagerie méga-ringarde, les américains auront toujours une place particulière dans le cœur des métalleux ayant découvert les gros décibels dans les 80s / 90s. Alors comme aurait pu le dire Nanowar : Hail to the Almighty-Bloody-Unmatched-Stronger-Than-Hell-Great-Gods-of-True-Heavy-Metal-of-Steel!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Iron Maiden? Trop guindé. Judas Priest? Trop Fuckin’ Blue Boy. Blind Guardian? Trop symphonicorchestral. Helloween? Trop fun. Le vrai King of the Mighty Heavy Metal of Steel s'appelle Manowar. Et Sign of The Hammer, sans être son tout meilleur album, est tout de même proche du point culminant de leur art.

photo de Cglaume
le 04/10/2015

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/10/2015 à 12:06:28

Je préfère "Kings Of Metal" (oups merde, me suis trahi)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/10/2015 à 12:17:36

"Till the blood of your sword is a blood of a king" : en plus je connais les paroles par cœur. Je suis HONTE.

Xuaterc

Xuaterc le 04/10/2015 à 12:43:20

J'ai le sentiment d'avoir ouvert la boîte de Pandore...

cglaume

cglaume le 04/10/2015 à 13:01:40

Moi aussi je préfère "Kings of Metal", mais "Sign..." figurait dans ma ToDo list du fait d'un rachat de l'original il y a qq années de cela.... :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/10/2015 à 17:07:15

C'est pas la boîte de Pandore que tu as ouvert Xuartec, c'est bien pire ! C'est celle des Cénobites !!!!!!!!!!!!

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