Many Eyes - The Light Age
Chronique CD album (35:17)
- Style
KeithBuckleyCore - Label(s)
Perseverance Media Group - Date de sortie
06 September 2024 - écouter via bandcamp
Il y a des albums qui s'abordent à tâtons, prudemment, parce qu’il n’y a pas n’importe qui derrière. C’est qu’y a d’la pointure, y’a du contexte, y’a une histoire qui fait que dès le début, tu sens que ça peut être conflictuel. Non seulement dans ton esprit qui va se chamailler avec lui-même mais aussi dans les commentaires qui pourraient décliner des "Oui mais..." et des "Non mais..." en pagaille. Le premier album de Many Eyes est à mon avis de ceux là et pour cause, on y trouve Keith Buckley au micro, ex chanteur de l'irremplaçable et malheureusement disparu Every Time I die, ponte du metalcore de la grande époque, juste avant que ce dernier se fasse chiper la dragée par le deathcore. Keith Buckley donc mais on trouve aussi Charlie et Nick Bellmore de Toxic Holocaust, Kingdom of Sorrow et Jamey Jastas d'Hatebreed à la production et à la signature car l'album est paru sur le label de ce dernier (Perseverance Media Group). Le casting est donc sympathique et, si on ne se pose pas trop de questions, l'album l'est tout autant.
Il déroule avec facilité 35 minutes d'un rock/hard-rock/southern-rock un peu alternatif, très abordable et très bien abordé. Certes, l'écriture est un peu consensuelle, sans surprise mais aussi sans défaut majeur. Les morceaux sont catchys voire hyper catchy ("Amateur"), bien exécutés, on ne s'ennuie pas et les 10 titres s'enchaînent vraiment avec plaisir. Les riffs sont cools, très ricains en mode "formatés pour marcher" mais comme ça marche, on ne va pas trop tirer sur l'ambulance des plans de guitares qu'on nous ressort à toutes les sauces.
Côté voix, on retrouve donc Keith Buckley en forme. Moins énervé peut-être que dans Every Time I die mais il ne manque pas d'énergie et tient vraiment la barre. En plus, la production sur la voix est assez brute, naturelle et sans tricherie. Le mec a quand même du talent, on le savait mais il nous le rappelle quand même. J'ai un peu de mal avec les textes qui sont un peu nunuches et même si personne n'a jamais aussi bien crié "Fuck off, i'm in love", on a l'impression que le pépère passe sur le divan à chaque track pour nous confier ses peines de coeur, sa tristesse inconsolable et autres roudoudous littéraires pour les jeunes WASP oxycodinés et en plein mal être. Pas de mal à ça, pas de mépris de ce public dans mes mots (j’en ai été en des temps désormais lointains) mais on aurait apprécié des textes un peu plus mûrs ou qui proposent d'autres thématiques. Mais ça a toujours été plus ou moins son fond de commerce textuellement parlant donc Keith Buckley fait du Keith Buckley, logique.
De fait, force est de constater qu'on a un peu l'impression d'entendre Keith Buckley & Many Eyes plutôt que Many Eyes, le nouveau groupe de Keith Buckley. Je ne vais pas faire de procès d'intention mais il est en tout cas encore un peu tôt pour parler d'un véritable groupe à part entière car à part la signature vocale, rien confère à cet album le statut de prémisse de l'identité d'un groupe. A l'instar des Better Lovers, Stone Sour et autres side-project-bands en pagaille, on a toujours ce petit doute, cette petite nostalgie, on se fait boomer et on se dit malgré tout "c'était mieux avant quand le chanteur était dans son groupe d'origine".
Mais mieux avant" ne signifie pas forcément "mauvais maintenant" et pris en tant que tel et sans toute cette exégèse, The Light Age est un album de rock musclé, solide et porté par des musiciens qui savent définitivement écrire ce qu'on appelle dans le milieu "un putain de bon album". Comme ça n'est pas "un sacré putain de bon album", on pourra faire sans mais il serait malgré tout dommage de ne pas faire avec au moins pour la curiosité de retrouver Keith Buckley faire du Keith Buckley
On aime bien: Many Eyes, le nouveau groupe d'un Keith Buckley très en forme
On aime moins: Keith Buckley, le nouveau groupe d'un Many Eyes très en forme...
1 COMMENTAIRE
Tookie le 08/01/2025 à 10:56:41
Je suis plutôt d'accord : c'est très convenu au point d'en être parfois un peu ennuyeux. Loin d'être un putain de bon album pour moi, mais plutôt au stade d' album "sympa".
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