Miasmes - Répugnance

J’ai eu la chance, grâce à Xuaterc, d’assister au concert de Depeche Mode au cours de leur passage à Bordeaux. Prestation mémorable ! Et pourtant, au cours des heures et des jours qui ont suivi, sans trop pouvoir l’expliquer, j’ai eu une terrible envie de passer à du brutal, de passer à du gras, de salir mes conduits qui avaient été polis par cette grosse prod’ soyeuse et parfaitement incarnée par Dave Gahan et Martin L. Gore.

Ma to do list – Afsky, Ruïm, Räum, Misere Luminis, Austere entre autres – attendra…

... J’ai topé dans une pile de skeuds reçus dernièrement, une plaque malsaine dont tout, absolument TOUT – le naming du groupe et de l’album, la pochette, le layout du CD composé autour de mots injectés d’une misanthropie crasse (et c’est peu de le dire : « vous êtes la lèpre de la Terre ») – indiquait que j’avais fait le bon choix : Répugnance de Miasmes ! Ce groupe de « Raw Pure Black Metal » est tout frais, puisqu’il n’a émergé des ténèbres qu’en 2021 ; on y retrouve G. à la basse et au chant (Antaeus live, ex-Ritualization, ex-Impureza), K. à la gratte (anciennement Como Muertos et Hecatombic) et C. à la batterie. Les deux premiers cités sont également membres d’un autre projet, Mhorn qui a à son actif depuis 2020 un EP 3 titres Odium Hominis.

Se présentant eux-mêmes comme les porteurs maudits d’un « Black Metal à l’ancienne, brut et sale, combinant le Rock’n Roll pour la structure des morceaux et le Punk pour l’agressivité et l’énergie », l’auditeur sait à quoi s’attendre. Tout du moins pour l’ambiance… Quant à la qualité, je ne m’attendais pas, derrière cette tension radicale, sans compromission, qui traverse sans répit ces 9 titres et cette grosse quarantaine de minutes, retrouver des morceaux aussi bien charpentés, alors même que ce Black’n’roll punkisant a été enregistré en live au Not’ile Studio de Vierzon. Des conditions semblables avaient été choisies pour leur   EP 5 titres Vermines (2022), dont le "Pestilence" a été réinjecté en ultime proposition de ce premier long-format de Miasmes. Le travail de mixage et de mastering, confié au Drudenhaus Studio, a été décisif.

Écouter Répugnance, c’est s’immerger dans un processus proactif de violence, implacable et glaireuse. La malveillance domine, le fiel règne. Vomissant ses préceptes haineux, G. se met au diapason de ce Black Metal « cru et authentique », animé par un riffing acéré, une batterie déchaînée ("Répulsion") et une basse omniprésente ("Peste"). Aucune coquille vide à l’horizon ! Au contraire, doté de moments forts (tels l’emballement rythmique bref mais jouissif à la toute fin de "Prophétie", le passage qui sonne le vieux Immortal aux 2^e et 3^e minutes de "Calvaire", le mid-tempo lugubre de "Répulsion" ou l’irrespirable "Aversion"), chaque morceau participe à faire de ce méfait une bestiasse rampante, qui vous plongera dans les abîmes d’une musique ténébreuse, diablement rythmée et carrossée pour les âmes torturées. Si « tout devient froid, tout devient sombre » avec Répugnance, il s’en dégage dans le même temps une violence expiatoire et libératrice, parfaite pour évacuer vos tourments dans ce « putain de monde », apathique et moralisateur.

Je ne sais pas quand est-ce qu’on pourra entendre le prochain album de Miasmes – peu importe, la prolificité ne fait pas la qualité –, mais en attendant ne perdez pas une seule occasion – avec un casque ou lors d’un concert (une mini-tournée est prévue cet automne avec Hyrgal) – pour vous prendre en pleine guoule ce Black Metal « sans pitié ni remords »…

Seisachtheion

le 14/07/2023