Mind Bomb - Mind Bomb
Chronique CD album (54:43)

- Style
Hair [Funk] Metal barré - Label(s)
Mercury - Sortie
1993
écouter "Prepare Yourself!"
Pulsation 8bits de borne d'arcade des 80s, batterie tout droit sortie du générique de La Bande à Picsou, chant nasal et taquin, refrain vénère, machines joueuses qui viennent taper une mélodie au milieu des guitares, fin de morceau façon disque rayé : quand on débarque sur Mind Bomb via sa porte d'entrée – « Prepare Yourself! » – on a l'impression de découvrir un autre clone inspiré de Waltari (« autre », parce qu'on avait déjà repéré Kyyria et Freaky Fukin Weirdoz). Sauf qu'on revoit son jugement dès qu'arrive « Segue », trois minutes plus tard, étant donné que celui-ci nous transporte en pleine séance digestive post-barbecue chez Mötley Crüe.
… Vu le bordel au bout de seulement deux pistes, on se demande si la « Mind Bomb » en question n'aurait pas quelque-chose à voir avec la schizophrénie aiguë dont souffre le groupe... Pourtant celui-ci, fondé à Chicago en 1989 sous le nom de Daisy Chain, et signé deux ans plus tard chez Mercury (… y en a pour qui ça va vite !), repose sur une seule et unique personnalité : Matt Mercado, chanteur et guitariste de son état. Un peu comme Jeff Waters chez Annihilator, ou Dave Mustaine chez Megadeth. Il faut croire que c'est dans la tête dudit Monsieur que c'est le foutoir, en fait...
Mind Bomb, donc, c'est une tranche de Hair Metal tout ce qu'il y a de plus californien (dans l'esprit), une tranche de Metal tutti frutti avec machines, synthé à la grenadine et bidouilleries fantasques, ainsi qu'une petite tranchounette plus nettement typée Funk Metal, parce qu'après tout l'époque et le pays voulaient ça. Et une fois passée la surprise de ce mélange sucré-salé carrément osé, on kiffe sans retenue ces 54 minutes de musique joliment typée mais toujours aussi fraîche, plus de trente ans après sa sortie. Enfin, « presque » sans retenue, car comme trop des super stars glamouzes de l'époque, la formation ne peut s'empêcher de truffer sa tracklist de compos sucrées et autres slows supposés – on l'imagine en extrapolant un brin – ouvrir les portes des ondes FM et de l'intimité des groupies. Ainsi faut-il se fader les roucoulades et le piano d'« Almost There » (qui, cependant, nous convaincrait presque), la caricature « Daisy Chain » et ses Whou-houuuu sucrés, ainsi que l'insupportable pelote crémeuse « Goodbye Everything » qui semble avoir été écrite pour Disney – pendant une bonne moitié du morceau, on croit à une connerie à la Nanowar, et on attend le moment où la supercherie va enfin éclater au grand jour... en vain.
C'est pour ces trois pistes – les deux dernières surtout – qu'on empêchera Mind Bomb d'accéder à la barre symbolique du 8/10.
Sinon, il faut bien le reconnaître : cet unique album reste assez délectable, quel que soit le visage affiché par les gugusses. Quand Walta rit, on rit avec lui. Sur le joli pétage de câble « It's What I Want », très axé basse et tellement déluré qu'il mérite quasiment l'étiquette « Nawak ». Ainsi que sur la séance de Synth-Hard Rock « Violet Dream », qui bénéficie notamment d'une superbe montée pré-refrain. Quand le groupe sort les chromes et la grosse artillerie Rock'n'Roll, on monte avec plaisir sur son gros bolide, qu'il s'agisse de celui de « I Am », enlevé et ensoleillé, ou celui de « No Reason », pur morceau « de bonhomme » (attention à la fatwa lapin!) qui roule des mécaniques et fait ronfler le moteur. Et le plaisir est tout aussi intense quand on sent pointer la gouaille Funk Metal, discrètement sur « Do You Need Some ? » (qui bénéficie d'un remix en fin d'album, pour bénéficier de la hype Indus cette fois, sans doute), et plus ouvertement sur « 40 Days », qui fait un peu penser à du White Trash sans les cuivres, et s'offre une parenthèse smooth Jazz en 2e mi-temps.
Bien que bénéficiant de la grosse artillerie de la major qui l'avait accueilli – et, ce faisant, de premières parties de Kiss et Rob Halford – le groupe peinera à s'imposer. Et se fera donc lourder sans ménagement de sa prestigieuse écurie. Avant de finir par splitter, sans donner de successeur au présent album. Or ce genre de bombe, quand elle explose, c'est finito-les-amigos. Sans extra ball, ni rebelote. Et c'est bien dommage : une schizophrénie musicale aussi fructueuse aurait sans doute pu faire d'autres merveilles. Mais ça, seul un voyage dans des dimensions parallèles pourrait nous le confirmer...
La chronique, version courte : une couche de grosses guitares Hair Metal à la Mötley Crüe, une couche de folie bigarrée à la Waltari, plus un saupoudrage léger de Funk Metal ensoleillé, c'est la recette gagnante de Mind Bomb, seul album de la formation américaine du même nom. C'est frais, gentiment frappé, et idéal pour éloigner les gros nuages noirs.
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