Moe - THE CRONE

Chronique CD album (26:23)

chronique Moe - THE CRONE

La dernière fois que le duo norvégiens MoE a été chroniqué, c’était en 2017, par Pidji, MoE, était signé chez Conrad Sound et faisait du punk noisy (si j’en crois la prose de notre maître à tous). Depuis, bien des choses ont changé, Pidji n’écrit plus de chroniques aussi souvent, MoE est devenu un trio qui fait dans le sludge "avant-gardiste" (notez bien les guillemets) et est passé chez Vinter Records. Je n’ai pas eu la curiosité de fouiller dans leur discographie (bouh c’est pas bien!) qui est un bordel sans nom d’EP, d’albums, de splits, de featuring et de…styles. Petite bizarrerie, bien que le groupe semble plus ou moins mené par Guro Skumsnes Moe, joueuse de contrebasse, danseuse, chanteuse et bassiste, sa production pléthorique au sein de MoE n’est pas mentionnée sur sa page Wikipedia, une page bien succincte alors qu'il semblerait qu'il y ait beaucoup de choses à dire. Bref, MoE, c’est un bordel tentaculaire, avec un côté un poil mystérieux et The Crone est mon premier pas dans leur monde tarabiscoté.

 

7 titres, 42 minutes, la galette est conséquente et la digestion ne sera pas de tout repos car MoE, c’est indéniablement perché. Côte musique, c’est solide, pas d’une originalité fantastique mais cela fonctionne. "When The Levee Breaks" est très bon même si j’ai l’impression d’écouter du Neurosis. Idem pour "The Obscure" qui sonne très melviniens. Mais ce côté très classique dans le sludge de MoE permet à l’auditeur de mieux s’installer pour découvrir les parties chantées, véritable marque d’originalité de cet album. Car sur cette base musicale sludge/noisy reposant sur les guitares de Håvard Skaset et la batterie de Joakim Heibø, Guro Skumsnes Moe nous gratifie de parties chantées très personnelles; parfois aiguë, toujours perchée, parfois grave, toujours éthérée. Il n’est pas aisé de s’habituer à ce style hyper théâtrale qui se perd, parfois avec nous, dans des méandres chamaniques et du "spoken words" très arty. Parfois cela fonctionne ("When The Levee Breaks"), parfois cela tombe à côté ("Beautiful Stranger"). Parfois, c’est très beau ("The Crone" qui ouvre parfaitement l’album), parfois c’est particulièrement malsain ("Silver Lining").

 

Le mixage est très caverneux pour du sludge, ça ne dégouline pas de basse (et c’est dommage) pour laisser de la place, beaucoup, à la voix très mise en avant et traitée de toutes les façons possibles. Filtres, reverb poussée à l’extrême, elle est ici la soliste accompagnée par ses pistoleros. On ne sait pas si cela convient parfaitement ou si cela contribue parfaitement à l’ambiance de l’album mais dans tous les cas, ça fonctionne sans peine: le mixage a du grain, son grain, en accord avec celui de la musique joué.

 

Il est bien possible que ma méconnaissance de MoE entâche mon jugement de The Crone. Mais je crois pouvoir écrire malgré tout que ce n’est pas un album que l’on écoute d’une oreille et dont on s’imprègne aisément. On devine sans peine qu’il a été composé comme une oeuvre forte, complète, immédiate et presque sans filtre, la bande son d’une espèce de rite, une sculpture musicale qui ne relève d’aucune école. Sans être totalement avant-gardiste (bon, pour moi, l’avant-garde, c’est Naked City donc là, on y est clairement pas), il contient malgré tout une bonne grosse de chépertiturde. On sent que rien n’y est feint mais il y a un côté un peu "Yoko Hono", un peu performance dans l’album qui m’a un peu freiné pour pouvoir l’apprécier pleinement mais pour les curieux qui ont un peu de temps de cerveau disponible, l’expérience est à essayer.

 

 

On aime bien: un album unique, le côté ethéré/perché

On aime moins: pas évident de prime abord, des interprétations un peu too much parfois

photo de 8oris
le 09/03/2022

1 COMMENTAIRE

rototo

rototo le 12/03/2022 à 16:18:20

Yoko Ono goddammit ^^

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