Morbid Saint - Swallowed by Hell

Chronique CD album (47:00)

chronique Morbid Saint - Swallowed by Hell

Pas franchement fin, mais clairement – que dis-je : délicieusement – furieux.

Un brin too much, limite ridicule... Mais en même temps carrément chant-mé, pour peu qu'on l'approche au bon moment, et selon le bon angle.

 

Ce sont typiquement les réflexions que l'on se fait non seulement tout au début, quand on tombe sur la pochette de Swallowed by Hell, mais également un poil plus tard, quand on s'est enfin envoyé son contenu dans les feuilles. Car Morbid Saint pratique un Thrash véhément, qui tabasse sans relâche, façon politique de la terre brûlée. Un véritable concentré de riffs saignants et de chant ulcéré combinant – je vous la fait grosso-merdo – la bile de Kreator et les coups de surin de Slayer. Le genre de démarche et d'allure qui vous font hésiter, au moment d’accoler une étiquette sur la chronique, entre « Take no prisoners Thrash », « No mercy Thrash », « Thrash furax » – avant d'opter finalement pour « Vénère Thrash ». Bref, les Américains n'ont nullement la prétention de questionner la place de l'Humain dans l'univers, ni de nous expliquer les mystères des interactions subatomiques : ils sont juste là pour vider leur chargeur et nettoyer le pâté de maisons au bulldozer.

 

Mais interrompons un instant nos programmes pour une coupure non pas publicitaire, mais historique, afin que vous ne ressortiez pas de cette chronique en confondant ce gang du Wisconsin avec la créature de Trey Azagthoth et David Vincent. Morbid Saint – donc, et non pas Angel – est un autre de ces groupes de vétérans effectuant un come-back looooongtemps après avoir sorti un premier album, Spectrum of Death, référentiel pour une poignée de croulants, à une époque lointaine que les moins de vingt ans ne peuveuh pas connaîtreuh (... en 1990). Actif sur l'entre-décennie 1984-1994, la formation avait également prévu une 2e fournée, Destruction System, prête à sortir en 1992... Mais qui, ne me demandez pas pourquoi, ne visitera les bacs des disquaires qu'en 2015, cinq après après que la sainte machine ait redémarré. Je vous fais confiance, vous savez compter : vous avez compris que Swallowed by Hell est donc un numéro #3, sorti quarante ans après la formation de la morbide academy.

 

« Ce sont donc des vieux de la vieille qui bourrinent ainsi ? Joli ! Bravo les papys ! J'aurais perdu s'il y avait eu pari ! »

 

Bon alors, rectifions avant qu'il ne soit trop tard : j'ai eu des mots un peu durs en début de chronique. Car si le qualificatif « ridicule » peut s'appliquer à l'artwork d'Ed Repka si on l'aborde avec le monocle du commissaire de l'expo Delacroix : Prémices de l’Impressionnisme, il n'a que peu sa place dans la description du flot rageur qui nous inonde les tympans pendant les trois bons quarts d'heure que dure l'assaut lancé par nos hardis Papy. Alors c'est vrai, Morbid Saint n'invente rien, il ne propose que très peu de ces exploits bluffants méritant une mention au Tech-Thrash Hall of Fame (malgré de nombreux solos joliment fulminants), et il tire parfois sur les grosses cordes rugueuses des chœurs de babouins et des mid tempos lourdauds – du coup, ok, on garde le « pas fin » introductif. Mais « ridicule », ah ça, non !

 

D'autant qu'on ne regarde que très rarement sa montre pendant que défilent les 10 titres. On est bien trop occupé à se prendre les coups de bambou de « Rise from the Ashes » et à se faire piqueter l'épiderme par l'essaim furieux qu'il lance à nos trousses. On a trop à faire avec le vortex guitaristique œuvrant sur un morceau-titre aussi tendu que virulent. On se fait happer l'oreille bien trop intensément par le riff principal de « Bloody Floors » (qu'on a peut-être bien déjà entendu chez Dew-Scented, remarquez), par un « Pine Tuxedo » aux élytres hyper-actives, et par cette basse, au rendu certes mat, mais qui ne se laisse jamais enterrer complètement à l'arrière-plan. L'intensité est telle qu'on aurait même parfois envie de suffixer leur « Thrash » par un « /Death » un poil exagéré, peut-être, mais un poil seulement.

 

Alors non, Swallowed by Hell ne mérite sans doute pas de monter sur le podium Thrash 2024. Mais si vous avez besoin de vous prendre quelques bonnes grosses baffes bien vives pour vous réveiller après une réunion / un cours / un speech anesthésiant, ou pour renforcer l'effet du café avant de reprendre la route, ce skeud sera plus qu'approprié, et vous fera ressentir de ces décharges d'adrénaline que seules les sorties en extérieur en période de tempête peuvent habituellement procurer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : à moins d'être agrégé en histoire du Metal, quand on est exposé aux furieuses bourrasques Thrash de Swallowed by Hell, pas facile d'imaginer que c'est un groupe formé il y a 40 ans qui balance de telles torgnoles. Car sur son 3e album, Morbid Saint a le riff véhément, la frappe dure, et le propos ulcéré. Il n'innove pas, ne surenchérit pas sur le terrain de la technique, se laisse même parfois aller à quelques réflexes un peu lourdauds, mais globalement ne lâche rien : c'est le genre de molosse qui repart avec un bout de chair auriculaire dans la gueule quand vous réussissez enfin à lui faire lâcher prise !

photo de Cglaume
le 14/01/2025

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/01/2025 à 12:07:26

Ce ne serait pas un rerevival thrash en ce moment ou bien ?

cglaume

cglaume le 14/01/2025 à 13:02:57

Je sais pas mais il est content lapin 😁😁

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