Municipal Waste - Electrified Brain
Chronique CD album (33:52)

- Style
Crossover Thrash - Label(s)
Nuclear Blast - Date de sortie
1 juillet 2022 - écouter via bandcamp
Ce n’est pas un hasard si le 7e album de Municipal Waste sort le 1er juillet, alors que l’autoroute A6 vomit sa première gerbe de bobs Ricard vers le sud. Parce qu’hormis le Glam peroxydé et le Funk Metal en bermuda, quel genre est à ce point associé aux merguez au feu de bois, aux trajets camping-plage toutes fenêtres ouvertes, et – surtout, surtout – aux circle pits approximatifs, sandales aux pieds et corne à bière à la main ? Le Crossover Thrash bien sûr ! Qui n’a jamais pogoté sur « Terror Shark » devant une Main Stage survoltée n’a pas plus fait de festival Metal que celui-ci qui n’a jamais bu sa Kro à même un pichet en plastique poussiéreux, ou que celui qui n’a jamais piqué un roupillon en bordure de tente, entre un mollet velu et de vieilles odeurs de pissotières.
Fidèles à une formule élaborée par Nuclear Assaut, D.R.I., Anthrax, S.O.D. & co, sur Electrified Brain les employés de la Décharge Municipale continuent leur course joyeusement excessive à la même allure que lors de leurs débuts, il y a maintenant plus de 20 ans de celà ! Au menu riffs impatients, solos qui éclaboussent, morceaux ne durant guère plus longtemps qu’un coït de levraut pubère, éructations de pochtron ulcéré, chœurs d’australo-moshpitèques, appels incessants à se jeter les uns contre les autres en agitant fort sa tignasse (… ou à défaut ses air hair), sourires mauvais en coin… Vous connaissez la musique et le décorum : c’est toujours pareil, et en même temps ça n’est jamais assez !
14 titres, une grosse demi-heure, l’impression d’être comme à la maison… Ce genre de séquelle pourrait se décrire avec n’importe quelle chronique un tant soit peu générique (… z’avez qu’à relire les deux paragraphes précédents : ils fonctionnent pour la plupart des autres albums du genre). C’est donc dans les détails qu’il faut descendre pour vous dire pourquoi celui-ci et pas celui-là, quel titre déchire, quel titre soupire, où sont les éventuelles couleurs nouvelles et où la bière s’avère moins tiède. Alors ajustez votre lampe frontale, décapsulez une canette : on y va !
Peu de raisons de râler au moment de faire l’inventaire de ce millésime 2022. On aurait certes pu se passer du lourdingue, routinier et relativement mollasson « Grave Digger » (mais quelle idée d’en faire le premier single ??!!), et on s’accordera à trouver la fin de « Thermonuclear Protection » terriblement convenue et inintéressante (dès 1:24 ça débraie vers une mosherie aussi terne que bateau)… Mais finalement rien de rédhibitoire ! On remarquera que, le groupe usant des contrastes pour maintenir l’intérêt et tenter de surprendre son monde, une bonne poignée de morceaux succombent à une violente schizophrénie qui les voit passer d’un monde à l’autre sans retour arrière possible. C’est par exemple le cas de la bombe « Blood Vessel – Boat Jail », qui commence mid-tempo comme un matelot anthraxien s'affairant sur le pont d'un sombre navire, puis qui pète une durite à 1:17 à l’occasion d’une violente bourrasque riffée. C’est aussi le cas de « Paranormal Janitor », qui démarre sur les chapeaux de roux (les bonnets de bruns c’est à la piscine !), Crossover jusqu’au bout des baskets, avant de rétrograder à 1:06 vers une bagarre mid-tempo plus renfrognée.
On notera également un petit supplément de mélodie, souvent hérité du Heavy. Sur « Demoralizer » par exemple, dont la basse semble parfois tenue par Steve Harris lui-même. Sur « Barreled Rage », qui voit certains de ses assauts soutenus par de fiers cavaliers riffant comme à la Cour du roi Arthur. Et plus encore sur « High Speed Steel », qui semble presque avoir été composé en Allemagne – la fin atteignant d’ailleurs de tels sommets en matière de clichés qu’on a du mal à défendre tout ce qui se passe après 1:45 (chœurs de braves, rythmiques A-dada sur mon bidet, et j’en passe). Mais là où le groupe s'avère le meilleur c’est quand il lâche les chiens, montre les dents, et chique juste au niveau du nerf, avec une science affolante de l’à-propos, ainsi que le prouvent « The Bite », « Crank The Heat » et surtout l’ébouriffant « Putting On Errors » qui se déchaîne à un point tel qu’il finit purement et simplement dans le Grind le plus bordélique. On n’oubliera pas non plus ces quelques clins d’œil complices, tantôt lors d'un riff conclusif signé Dave Mustaine (… qui a reconnu « Hangar 18 » à la toute fin de « The Bite » ?), tantôt via un retour chez les Scorpions en cloture de « Ten Cent Beer Night » (… « Here I am, Rock You Like a Hurricane »).
Maintenant on est en droit de se poser la question suivante : est-il vraiment besoin de posséder les 7 albums de Municipal Waste ? A priori non : vous pouvez vous passer de Massive Aggressive par exemple. Après, s’il fallait en extraire un trio "best of", une fois coché l’indispensable Hazardous Mutation il vous resterait deux choix. Et Electrified Brain pourrait tout à fait prétendre à être l’un de ceux-ci. Car crénom, la pochette ne ment pas : on pourrait bien risquer le coup de cœur si l'on ne faisait pas attention (… vous aviez remarqué que cette gratte est la flèche d’un Cupidon métalleux venant se planter dans une tête en forme de cœur ?)
La chronique, version courte : en guise de 7e album, Municipal Waste nous livre un échantillon archétypal du savoir-faire Crossover Thrash. Furieux, bagarreur, un poil rigolard également, le groupe ne s’essouffle que peu sur cette grosse demi-heure. Et si Electrified Brain ne questionne nullement les limites du genre, ni ne voit le talent du groupe culminer à l’occasion d’un incontestable Himalaya discographique, il devrait quand même pouvoir se placer sans trop mal dans le top 3 de certains fans du groupe.
4 COMMENTAIRES
Pingouins le 04/07/2022 à 14:15:23
Boup, retour d'expériences vécues en pleine face dès le premier paragraphe.
Crom-Cruach le 04/07/2022 à 17:54:59
"Qui n’a jamais pogoté sur « Terror Shark » devant une Main Stage survoltée n’a pas plus fait de festival Metal que celui-ci qui n’a jamais bu sa Kro à même un pichet en plastique poussiéreux, ou que celui qui n’a jamais piqué un roupillon en bordure de tente, entre un mollet velu et de vieilles odeurs de pissotières." Ben moi.
cglaume le 04/07/2022 à 20:42:28
Zyva comment j’ai trop clashé la metalosphere avec mon intro clivante ! 😁
Si on ne peut mène plus débiter des vérités douteuses au lance-pierres hein… 😉
Crom-Cruach le 06/07/2022 à 18:10:21
Sinon, le skeud est bien. Avec le Alestorm, un bon duo ensoleillé.
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