Naedr - Past is Prologue

Chronique CD album (23:09)

chronique Naedr - Past is Prologue

Et bien là voilà l’ultime et providentielle sensation Screamo de l’année 2020, elle arrive à un moment où comme mes petits camarades, je cherche difficilement à départager l’inséparable à partir d’un frustrant classement. Plus partagé cette année par rapport aux sorties Screamo, j’avais fait le choix de privilégier d’autres sphères musicales pour mon Top 2020. Et pourtant, Past Is Prologue de Naedr ne peut que remettre le Screamo en haut d’une affiche qui reprendra comme les années précédentes une teinte à dominante Punk-hardcore. Un Punk-Hardcore à la Envy, un Screamo forgé dans les larmes et dans les espérances, toutes deux induites par les vicissitudes de l’existence et qui poussent à l’affrontement contre soi-même et contre d’aliénantes institutions. Si tenté que les deux combats ne soient pas intimement liés… ? Si la dialectique peut casser des briques, alors le Screamo en est aussi un des accomplissement et une éloquente traduction.

 

Naedr est un combo issu de la scène Punk-Hardcore Singapourienne, une scène qui se résume par manque de connaissance pour ma part à bien peu de choses. Seul Paris Is The Making avait retenu mon attention, en 2016, avec l’excellente surprise qu’était Solve et Coagula. Quatre ans plus tard, c’est au tour de Naedr de perpétuer le souvenir encore vibrant et tenace de PITM. Pourtant, avec Past is Prologue, Naedr vient asseoir définitivement la notoriété de la scène Singapourienne dans le paysage Hardcore « contemplaintif ». Mouai bon ce jeu de mot vaut ce qu'il vaut… Personnellement, ça fait bien longtemps que je n’ai pas autant été retourné émotionnellement. En somme, pour rester sur les sensations 2020, et à titre de comparaison, Past Is Prologue est à All The Footprints …de Envy ce que Underperformer de Eyes est à Jane Doe de Converge. Deux révolutions musicales et deux points de non-retour hardcore qui, tout deux sortis en 2001, nous emportaient avec ferveur vers un goût pour la radicalité et la violence.

 

Sur Past Is Prologue, le déluge rythmique et les nuées de frappes exacerbées par de poignants élans passionnels sont permanents. Les roulements galvanisants du batteur accompagnent généreusement les montées en puissance de deux guitares en état de grâce. Des envolées musicales qui tiennent l’auditeur à bout de riffs et de mouvements mélodiques intenses et déchirants. Une fois atteint la cime vertigineuse et enivrante de riffs brulants de colère, le fil se rompt pour nous replonger dans l’effroi mélancolique.

On retrouve aussi entre deux climax Screamo des moments plus retenus et où le répit, souvent de courte durée, laisse place à de solennels et intimes Spoken Words. Des introductions arpégées « Asunder », « Stalker » qui raviront les fans de Envy, appréciant les acceptions Post-Rock du groupe. Pour rester sur Envy qui reste l’inspiration majeure de Naedr, le chant supplicié de Naedr est aussi peu varié que celui de Tetsuya. L’intensité des hurlements prime sur tout le reste et vient traduire de la plus belle des manières la tristesse incandescente qui inonde à grosses larmes ce Past Is Prologue.

Si on retient souvent sa respiration sur Past is Prologue, les breaks tranchés et Heavy à la Tenue où à la Drei Affen viennent redonner du caractère et de la force à l’ensemble « The Waltz Of Fate », « The Tyrant » et «The Sorrow ».  Les accords d’autorités sont très largement valorisés par une production qui sait faire dans l’amplitude comme dans la sensibilité. La production est vraiment impeccable, tout ressort comme il le faut. Tous les plans sont mesurés/calibrés à leurs justes valeurs, toujours dans le but d’accroitre le potentiel sonore de chaque riff et l’expérience immersive et sensorielle de l’auditeur. Petit bémol néanmoins, des éléments de batterie qui parfois se noient un peu dans le mix. Mais bref on s’en cogne comme de la mort de Giscard.

 

Si des groupes comme Envy et Naedr n’existaient pas, il y a bien longtemps que j’aurai dégoupillé psychiquement. Tenir devant l’adversité, lutter devant l’horreur de ce monde, de nos faiblesses et les transcender pour se transformer et transformer nos existences. Voilà en somme comment je résumerai Past Is Prologue : un combat permanent, une pierre de plus posée à un édifice toujours en proie à l’effondrement et aux vulnérabilités. Des vulnérabilités qui doivent se partager collectivement et que le Screamo s’est toujours évertué à mettre en lumière, à combattre et à sublimer en riffs.  

 

Le passé est un prologue, et l’avenir de nous autres et de Naedr, un commencement…

 

 

photo de Freaks
le 09/12/2020

2 COMMENTAIRES

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 18/12/2020 à 08:48:56

"Mouai bon ce jeu de mot vaut ce qu'il vaut". 
Je l'avais sorti sur la chro de No Vale Nada. Je l'aime bien, moi 😄

Bonne sortie ce Past is Prologue, malgré quelques redondances screamalo-screamiennes qui m'empêchent d'y adhérer totalement.

Freaks

Freaks le 18/12/2020 à 11:10:06

Quand les grands esprits du jeu de mot se rencontrent Mouaha!
L'adhésion est libre donc c'est cool ;)

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