Nightwish - Endless Forms Most Beautiful

Chronique CD album (78:57)

chronique Nightwish - Endless Forms Most Beautiful

Tout autour de nous tourne sur le principe d'évolution. Prenez votre très cher Core And Co. Il est là, avec son enveloppe, son contenu et son staff. Staff dont les têtes tournent. Certains restent, non sans gagner quelques centimètres de cheveux de plus ou de moins avec les années, la blancheur et les rides. D'autres partent. Pour être remplacés par des nouveaux. Ce que les conservateurs détesteront au plus haut point car chaque nouvelle tête amène avec elle sa plume et surtout son bagage de goûts. Et c'est justement ce qu'il se passe aujourd'hui : une chronique de Nightwish pointe le bout de son nez au milieu de tous ces trucs de bourrins souvent plus testostéronés qu'autre chose. C'est qu'il faut bien une première à tout après tout.

 

Evolution... Terme fort ironique quant à la réaction qui entoure l'appréhension de leur huitième bébé tout frais qu'est Endless Forms Most Beautiful. Fort d'un nouveau changement de chanteuse, le géant finlandais continue son bonhomme de chemin, évolue... Mais en la personne qu'est Floor Jansen (ReVamp / ex-After Forever), se préparer à mettre pour la première fois cette nouvelle galette dans son lecteur révèle des sensations fortes étranges. Car tenir Endless Forms Most Beautiful, c'est un peu comme passer à la machine à remonter le temps pour revenir en ces périodes sombres où la bande à Tuomas Holopainen annonçait l'éviction de sa chanteuse originelle et tant appréciée des fans. Une Tarja Turunen actuellement affairée à sa carrière solo et à son nouveau boulot de jury pour le The Voice finlandais pour l'anecdote. Et qu'évidemment, les rumeurs allaient bon train de même que les langues de vipère quant à un futur dont les traits s'avéraient troubles. Et parmi les petites histoires fantasmagoriques les plus insistantes quant à la personne qui reprendrait le flambeau, Floor Jansen était déjà en ligne de mire. Ce qui ne s'est pas fait puisque chacun a pu assister à l'histoire : Anette Olzon, au registre pourtant pop et tout sauf classique/lyrique, est choisie et a prêté sa voix à deux albums avant de repartir dans des circonstances encore assez mystérieuses qui intéresseront sans doute plus des fervents lecteurs de notre alter ego à scandales imaginaire, Closer And Co, plutôt que les autres. Ce que je trouve fort heureux car il en serait allé autrement, Floor Jansen n'aurait pas forcément pu enregistrer l'ultime opus éponyme d'After Forever que je considère encore comme l'un des meilleurs albums du genre, de même qu'il faut reconnaître que la collaboration Nightwish/Anette a vraiment su apporter des choses intéressantes dans la musique du combo, notamment au travers du précédent album, Imaginaerum balayant sans mal d'un revers de main un Dark Passion Play honnête mais pas forcément folichon. Alors voir, la configuration actuelle, c'est un peu faire pareil : balayer d'un revers de main la période Anette, comme si Endless Forms Most Beautiful représentait une sorte de Dark Passion Play de Floor Jansen. Ou plutôt ce qu'il aurait dû être.

 

Ce que beaucoup de fans nostalgiques et allergiques à Anette Olzon doivent se complaire à penser. Et pourtant non. Comme si la tête pensante de Nightwish attendait ce genre de remarque au tournant, il prend quelque peu à contre-pied : Endless Forms Most Beautiful montre toutes les facettes d'évolution qu'a pu connaître le groupe. Par contre, là où le bât blesse, c'est que cette nouvelle galette n'en rajoute pas forcément plus. Elle se présente bien plus une synthèse entre le point d'orgue atteint avec Tarja, à savoir Once, avec beaucoup de Dark Passion Play et un petit soupçon d'Imaginaerum.

 

Once pour ce retour à quelques cavalcades de vélocité et d'agressivité de cette époque qui avaient disparu dans les deux albums suivants. Et sans aller dire que la direction plus doucerette prise dans les deux précédents albums était à chier, loin de là, voilà un petit retour qui fait plaisir à entendre. Et ce, même si la contrepartie à payer est de voir traîner des spectres de « Dark Chest Of Wonders » planer sur un « Shudder Before The Beautiful », de « The Siren » sur le début d'un « Weak Fantasy » ou d'un « Romanticide » sur un « Yours Is An Empty Hope ». Parfois troublant et accusant de tics d'écriture flagrants mais pas non plus désagréables, se posant même comme des moments de bravoure purement nostalgiques d'une essence originelle Nightwish retrouvée. Et où les plus vieux fans se laissent aller à un fantasme enfin devenu réalité. Car entendre l'association Jansen/Hietala niveau vocal, quelle putain de claque qu'on n'osait imaginer à l'époque où l'actuelle chanteuse officiait chez la « concurrence hollandaise », bien que cette dernière a déjà prouvé que leurs deux voix s'accordaient comme des charmes (« Face Your Demons » dans la version présente dans la compilation Mea Culpa d'After Forever).

 

Mais frasques vocales mis à part, c'est surtout un retour aux source dans une grandiloquence symphonique foisonnante de détails et de subtilités qui clouent. Riche, Endless Forms Most Beautiful l'est assurément, complexe car superposant pistes sur pistes au sein d'un album rempli à ras la gueule pour une durée totale de 78 minutes. Et pourtant pas si difficile à apprivoiser car passé ces moments Onceien, les aspects mélodiques et plus poppy baignant dans les sonorités celtiques, prenant d'autant plus d'importance et d'aboutissement aujourd'hui au détriment d'autres types d'ambiance, remportent la palme et sont certainement les plus représentés de ce nouvel album. Un retour à un Dark Passion Play comme pour rappeler qu'il n'est pas qu'une simple parenthèse à oublier. Pour des moments plus ou moins convaincants, du moins bon via le single « Élan » très moyen et indigne d'être une vitrine au meilleur avec un « My Walden » celte et sautillant ou l'émouvante semi-balade « Our Decades In The Sun ». En passant par la perplexité comme le refrain de « Alpenglow » qui retombe comme un soufflet après un pre-chorus véritablement énorme. Et voilà peut-être où le bât blesse et conduit à une légère amertume : Floor Jansen, formidable chanteuse au registre très large et puissant, se voit sous-exploitée, devant usiter de ses facettes les plus softs alors qu'on la sait pourtant capable de bien plus (on l'entendait notamment pousser des grunts forts convaincants dans Wild Card, le dernier album en date de son autre groupe ReVamp). Alors sans aller dire que Nightwish devrait se recycler dans le death metal, utiliser tout ce talent et potentiel aurait pu amener sa musique à un autre niveau chargé de nouvelles couleurs et composantes.

 

Une véritable évolution en somme. Mais ce Endless Forms Most Beautiful montre tout ce que j'ai toujours reproché à la bande finlandaise malgré toute mon estime et respect que je lui voue : avoir de vraies couilles. Celles d'y aller franco dans ses évolutions et changements et non dans cette optique digne d'une mijaurée d'amener son truc en trois ou quatre albums alors qu'il pourrait le faire en un. Fait ironique que l'évolution – si j'en parle depuis le début, c'est qu'il y a une raison – représente la principale thématique de ce huitième opus. Et qu'on retrouve pleinement dans son final véritablement gargantuesque dépassant les 24 minutes, « The Greatest Show On Earth ». Bien nommé et surtout vecteur non pas forcément d'évolution mais d'aboutissement. Un climax explosif, tout en progression, d'une théâtralité très Imaginaerum. En voulant dresser à sa sauce l'histoire de la musique, il pose là l'histoire de sa propre carrière, une synthèse magnifique où l'on commence enfin à percevoir le potentiel d'avoir Floor Jansen dans ses rangs pour le futur. Le bon mot de la fin, se posant en même temps comme la meilleure chose que Nightwish ait pu écrire à ce jour, un aboutissement à ce que le groupe a entrepris depuis sa création. Qui donne les larmes aux yeux pour sa beauté et qualité et qui alarme. Mais qu'adviendra-t-il du géant finlandais après être arrivé à un tel niveau de maîtrise ? Comment y palliera-t-il dans le futur ? Car si l'on en suit l'évolution, le pic amène à une régression jusqu'à l'extinction pure et simple. Alors, chers Finlandais, peut-être que le temps est venu de se la faire greffer cette paire de couilles car il serait dommage d'en arriver là alors qu'une simple mue suffirait. Et mon petit doigt me dit que les outils sont présents pour ça, encore faut-il prendre son courage à deux mains et tourner la page franchement afin de pouvoir écrire un nouveau chapitre sur ces pages vierges.

photo de Margoth
le 19/05/2015

6 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 19/05/2015 à 12:22:37

Floor dans Nightwish ? 'tain faut vraiment que je m'abonne à Closer And Co: j'étais pô au courant du tout !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/05/2015 à 12:59:38

"... au milieu de tous ces trucs de bourrins souvent plus testostéronés qu'autre chose" : un peu réducteur. En effet, perso, j'écoute plein de trucs de bourrins avec au moins une fille dedans (et non l’inverse).

sepulturastaman

sepulturastaman le 19/05/2015 à 14:19:23

D'la musique de gonzesse quoi

sepulturastaman

sepulturastaman le 19/05/2015 à 14:19:51

;-)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 19/05/2015 à 19:16:52

Cromie.... rhoooo
Belle chronique, groupe pénible et à première écoute.... heu non, je dis rien

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/05/2015 à 21:30:59

Clair que la Margoth, elle sait tenir une plume euh... un clavier quoi.

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