Ominous Ruin - Amidst Voices that Echo in Stone

Chronique CD album (45:21)

chronique Ominous Ruin - Amidst Voices that Echo in Stone

Tiens, Willowtip Records ! Ça faisait un sacré bail que je n’avais pas écouté les sorties de ce label aux goûts très sûrs – du moins ceci était-il vrai en cette lointaine époque où le label américain nous livrait A Celebration of Guilt d’Arsis, Cryptic Implosion d’Odious Mortem, Big Fat Box of Shit de Crotchduster (hein ? C’est quoi le rapport ? ‘s’en fout : c’est bonnard !) et surtout les tout premiers albums de Gorod !

 

« Tu débloques le vioque : l’écurie américaine n’a cessé de te balancer du bon son depuis. Tu crois qu’il vient d’où le Esoteric Malacology de Slugdge – qui t’a pourtant rendu aussi moite qu'une jeune soubrette câlinant son jack rabbit ? Et Only Time Will Tell de Contrarian, que tu chroniquais pas plus tard qu’en août dernier: tu l'as déjà oublié, hé, banane ?! »

 

Arf oui, c’est vrai : la mémoire ça va, ça vient… Quoi qu’il en soit, avec le premier album d’Ominous Ruin, la pépinière de talents nichée à Harmony (comme quoi…), Pennsylvanie, continue de se tenir bien droit dans ses bottes Tech Death-qui-mitraille-les-fesses. Parce que whouawh les copains, qu’est-ce qu’on se prend sur Amidst Voices that Echo in Stone ! Trois quarts d’heure durant il y souffle ce genre de violentes bourrasques qui ravissent autant les fans de Spawn of Possession et Odious Mortem que les amateurs de technique plus mélodiquement démonstrative, à la Necrophagist. La formation de San Francisco se situe en effet quelque-part entre ces deux univers, à la fois véhémente et difficile d'approche comme les premiers, mais également soucieuse de baliser ses compos de points de repère séduisants à l’instar des Allemands – le tout en jouant sur les ambiances sombres plus fréquemment que ces illustres références. Un beau travail d’équilibriste, donc, qui demande à l’auditeur un vrai effort d’implication afin de pouvoir profiter pleinement des structures alambiquées proposées, mais qui offre en même temps suffisamment de prises pour que l’ascension ne soit pas exagérément ardue.

 

Du coup il est content lapin : la plupart du temps il comprend ce qui se passe. Et il trouve ça pas mal du tout !

 

Mais qui dit nouveau groupe dit présentations… Sauf que ces musiciens sont pour la plupart de moi inconnus. Tout juste pourra-t-on identifier Andrew Baird, batteur de Fallujah, qui est venu filer un coup de main le temps de l’enregistrement. On se contentera donc, en guise de bio, de rappeler que le groupe a une grosse dizaine d’années d’existence, pendant lesquelles il aura pris le temps de bien faire mûrir sa musique, ce laps de temps n'ayant servi à sortir que deux démos et un EP avant ce premier pavé longue durée.

 

Décortiquer un skeud aussi dense qu'Amidst Voices that Echo in Stone est un exercice relativement fastidieux. Je m’en abstiendrai donc, d’autant que je ne suis pas équipé du bagage nécessaire pour compter les BPM ni décrire les techniques avancées permettant d’obtenir de si subtiles vomissements guitaristiques. On se contentera donc de dire que l’album est très homogène, quoique peut-être un peu plus « atmosphérique » (GROS guillemets) sur sa face B (… sur laquelle la plupart des morceaux démarrent par de sombres accords déchirant le voile de la nuit). De dire également que le chant growlé est certes plein d'épais grumeaux mais néanmoins compréhensible (enfin : disons que les propos sont discernables), parfois secondé de shrieks, et que la diction d’Adam se rapproche par moments de celle d’Oliver Rae Aleron (Archspire) – écoutez voir « Simulacra » : sur la superbe attaque qui démarre à 4:07, après le lead de basse, c’est assez manifeste. On ajoutera que ladite basse est régulièrement mise en avant, sur « Simulacra » donc, mais pas seulement : en effet, entre autres moments de gloire celle-ci ouvre « Deception » toute seule comme une grande, et plus tard vient seconder ostensiblement les guitares, à 2:32 sur « Chrysalis of Flesh » (l’exercice est d’ailleurs un peu maladroit pour être honnête, sans doute à cause du mix). Et puisqu’on a commencé à mettre quelques coups de stabilo sur certains morceaux en particulier, laissez-moi donner quelques petits coups de projo supplémentaires. Sur l’un des tous meilleurs morceaux, « Deception » (encore lui), qui culmine sur une fulgurance proprement archspirienne, à 4:00. Sur « A Feast for Shadows » qui abandonne vite ses tourments initiaux pour de superbes circonvolutions mélodiques dignes de Gorod. Mais également sur les cassures nettes et pourtant groovy ponctuant « Consumed ».

 

Mais il est temps de balancer un peu d'eau tiède sur ce feu de joie : parce que les morceaux ont beau être ébouriffants, retors et magistraux, l'album manque un peu de singularité, voire de personnalité. Car les pérégrinations du groupe sur ces terrains accidentés déjà parcourus par de nombreux pairs ne nous donnent que peu d’éléments concrets pour être à même de reconnaître à l’aveugle les nouvelles compos qu’Ominous Ruin ne manquera pas de sortir dans le futur. Et puis au moment de mettre un album de Brutal Tech Death sur la platine, on ne va pas se mentir Monsieur d'Arvor: on n’aura que peu de raisons de préférer Amidst Voices that Echo in Stone à certains de ses confrères plus en vue. Pour autant on parle ici de musique extrêmement bien faite, variée, exigeante, et qui n’oublie pas de placer tantôt quelques passages plus particulièrement grandioses, tantôt quelques lignes plus particulièrement catchy (« Simulation ! Simulation ! Simulation ! » sur « Labyrinthine Torment »pour n’en citer qu’un). Alors les fines gueules qui apprécient un bon meulage de tympans au marteau-piqueur laser ne devraient pas tergiverser plus longtemps et prêter l’oreille à ces voix qui – le col serait-il à ce point dilaté ? – surgissent des profondeurs de Sharon Stone (… c’est pas le sens du titre ?).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Amidst Voices that Echo in Stone renferme trois quarts d’heure d'un Brutal Death technique aussi bouillonnant et accidenté que soucieux de disséminer des repères mélodiques et quelques accroches bien senties. Il s'agit là d'un album qui s’adresse aux amateurs de Spawn of Possession, Odious Mortem, mais aussi de Necrophagist et Archspire (… c’pas pour les mickeys, quoi).

photo de Cglaume
le 15/12/2021

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements