Parity Boot - Fast Forward
Chronique CD album (41:18)

- Style
Cyber Metal / SYL worship - Label(s)
Black Sunset - Date de sortie
12 mai 2023 - écouter via bandcamp
« Oui, on sait : tu as beaucoup aimé Lightwork, le dernier Devin… Mais désolé : rien ne peut égaler SYL et les premiers albums solo du Canadien ! »
Le débat est sans fin. Quoique non, il n’y a pas vraiment débat : c’est une question de goûts, voilà tout. Perso, j’ai de la chance : je kiffe les débuts du gugusse tout autant que pas mal des albums plus récents. Mais admettons : vous faites partie de la team C’était-mieux-avant. Se présentent alors à vous deux possibilités. La première : vous vous contentez de la demi-douzaine d’albums qui trouvent grâce à vos yeux – d’ailleurs c'est peut-être l'approche la plus judicieuse vu qu’il n’y a pas beaucoup de place pour les CD dans votre grotte. Option deux, dite du « rétrograde qui se soigne » : vous cherchez dans la jungle des sorties récentes s’il n’y aurait pas de quoi faire revivre le bon-vieux-temps-du-Devin-chevelu. En optant pour cette quête fétichiste, vous tomberez sans doute sur The Omega Experiment (qui fait surtout une fixette sur le sieur Townsend en solo) et Dejadeath (qui brasse ensemble les deux univers). Mais si vous maintenez votre boussole exclusivement en direction de la période post-COVID, le seul moment où votre townsendomètre va vibrer, c’est à proximité du dernier album de Parity Boot.
On (je !) ne sait pas grand-chose de ces Allemands de Basse-Saxe, si ce n’est qu’ils jouent de la musique sous ce nom depuis 26 ans (!!), mais que cela n’a abouti – en dehors de Fast Forward, le petit dernier – qu’à la sortie de deux démos et un album, Into Nothing, en 2009. Si l’on gratte un peu leur bio, on découvre que, cette même année (2009, donc), ils ont également contribué à la musique du trailer du Wacken. On apprend enfin que leur créneau n'est autre qu'un Indus Thrash Metal… fortement influencé par SYL, Devin Townsend, Fear Factory et Static X.
Tu m’étonnes…
C’est qu’il n’était pas vraiment besoin de lire le mode d’emploi pour deviner ce que les zozos ont sous le capot. Car à peine a-t-on passé « Dear All » – intro grandiloquente relativement classique, convenue même, qu’on zappera si l’on veut aller à l’essentiel – que le morceau-titre nous met les points sur les i : mur de son cyclopéen, légère déshumanisation de l’approche, chant habité évoluant en plein dans les clous du maître (sans toutefois atteindre son niveau), saturation über alles, énergie débordante où affleure une certaine forme de folie, refrains over the top qui font méchamment mouche… Ce n’est rien d’autre qu’un putain de tube SYLien qui nous est servi dès la deuxième piste ! Et dans son immédiate proximité, évoluant sous le couvert de la mécanique implacable rythmant la marche de « Mirrors », qu’entend-on ? Eh oui : un chant apaisé, des nappes de synthé arrondissant les angles, des émotions puisées à même les tripes… Pas d'erreur possible : c’est Devin qui se tient là, nous montrant le chemin. Du moins c'est tout comme.
Et puis ces titres de morceaux épurés à l'extrême : « Rain », « Horizon », « Lost », « Too Late »... ça ne vous rappelle rien ? Dans le même esprit, ces phrases presque naïves, ponctuant des passages à fleur de peau – « You can sleep now. It’s OK… » par exemple, sur « Nightmares »… On n'y retrouverait pas un peu la trace du lutin de Vancouver ? Si, en effet. On est à la limite du papier calque.
Néanmoins il se dégage de ces dix titres quelques rares parfums autres. Du Pain sur « Mirrors ». Du Sybreed sur « Virus ». Du Fear Factory, en effet, sur « Horizon ». Mais ce n’est pas forcément là que Parity Boot gagne ses galons. C’est plutôt sur sa capacité à aller plus loin que simplement singer le maître, pour carrément le suppléer. En proposant de nouvelles tueries, qu’on ne pourra pas forcément rapprocher de tel ou tel titre existant. C’est le cas pour un grand nombre des 10 compos proposées ici – l’intro exclue. Même l’interlude acoustique « Into The Night », qu’on pourrait un peu rapidement qualifier d’« annexe », est emprunt de cette dignité typique de notre Devin bien aimé. Mais si l'on préfère se concentrer sur les plus évidentes réussites, outre le morceau-titre et le « Mirrors » précédemment évoqués, on mettra plus particulièrement en avant un « Too Late » à la fébrilité joyeusement massive, ainsi qu'un « Nightmares » tragiquement divin.
Tout compte fait, seules l’intro – pas vraiment gênante, mais sans intérêt – et quelques mélodies de clavier aux sonorités un peu clinquantes (dès le début de « Virus », par exemple) impactent négativement notre perception de l’album. Mais en dehors de ces relatifs faux pas, la branche la plus conservatrice des fans du maestro trouvera ici largement de quoi se goinfrer. Tout comme les moins obtus des fans, d’ailleurs. Alors certes, il aurait été plus honnête d’intituler cet album Rewind, afin de garder la notion de vitesse tout en soulignant le fait que Parity Boot regarde plus vers le passé que vers le futur. Sauf que, lorsqu'on réalise que c’est quasiment le seul reproche qu’on ait à adresser au groupe, on se dit qu’on ne serait pas contre une vague de Revival Old School Devin Metal, tout compte fait.
La chronique, version courte : « Retrouverais-je un jour le temps béni des premiers Devin Townsend et des débuts de SYL ? » est une question que vous vous posez parfois, vieux/vieille rétrograde éploré(e) que vous êtes… Eh bien Parity Boot a décidé d'apporter une réponse positive à vos interrogations angoissées. Avec Fast Forward, son second album, celui-ci vous emmène à toute blinde non pas vers l’avant, mais vers ce passé glorieux où s'enracinent vos fantasmes, en direction du pays merveilleux des tubes qu’écrivait le génie canadien quand il lui restait encore trois poils sur le caillou.
17 COMMENTAIRES
Xuaterc le 09/07/2024 à 12:19:11
J’en connais un qui est le cœur de cible parfait…
cglaume le 09/07/2024 à 13:55:44
Alors, il adhère ? 🙂
Xuaterc le 09/07/2024 à 18:13:43
Je ne sais pas, il faut lui demander
cglaume le 09/07/2024 à 19:16:00
Que de mystères : on dirait le fin d’un épisode de Scooby-Doo !!!
Aldorus Berthier le 10/07/2024 à 09:35:58
Aucune idée de qui vous parlez mais en tant que fada de SF vous pouvez m'ajouter dans le roaster, et yep cet album dépote 👌
Xuaterc le 10/07/2024 à 09:39:26
J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas construire la rédaction de CoreAndCo sur un vieux cimetière indien
Je suis prêt à mettre mon billet sur le fait que Seisach’ va apprécier
Aldorus Berthier le 10/07/2024 à 14:53:41
J'ai plus qu'à poster des chroniques de harsh noise wall, jsuis sûr que Pidji va aimer
el gep le 10/07/2024 à 14:55:48
J'avais un peu commencé:
https://www.coreandco.fr/chroniques/lordxgonzo-pregnant-spore-split-cd-r-3076.html
(pas Harsh Noise Wall mais Harsh Noise quand-même...)
Que L'Oeuvre soit perpétuée !!!
Aldorus Berthier le 11/07/2024 à 10:10:15
Bon bah ça y est j'ai des idées... Tu te plaindras pas hein x)
korbendallas le 11/07/2024 à 17:35:57
Non mais ils ont craqué les mecs ... c'est plus du worship là ... "Mirrors" c'est carrémént pompé sur Afterm
korbendallas le 11/07/2024 à 17:35:57
Non mais ils ont craqué les mecs ... c'est plus du worship là ... "Mirrors" c'est carrémént pompé sur Afterm
korbendallas le 11/07/2024 à 17:36:23
pompé sur Aftermath de SYL !
cglaume le 11/07/2024 à 19:13:14
Bon, « Mirros », ok. Mais sinon, ça ´nous offre pas plein de bons petits inédits - ou presque - que Devin n’aurait jamais pris la peine de composer ? 🙂
korbendallas le 12/07/2024 à 09:59:38
Alors perso non, j'ai pas réussi à aller plus loin, trop pompé. Je préfère dans 'e style un groupe comme Raunchy, surtout les 2 premiers albums, où tu sens clairement l'influ Fear Factory/SYL/Pain mais avec leur patte et pas du pompage ... Même l'intro du Parity Boot c'est abusé ! 😁
cglaume le 12/07/2024 à 10:12:45
Tant pis pour toi 😝😉😉
Xuaterc le 12/07/2024 à 11:50:46
J’ai enfin pris le temps d’écouter, on est clairement dans le cosplaying que dans la simple adoration. Un bon album de chutes de studio de City
Xuaterc le 12/07/2024 à 11:51:55
N’est pas Gene Hoglan qui veut
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