Rage - Wings Of Rage

Chronique CD album (54:41)

chronique Rage - Wings Of Rage

Inamovible, inaltérable, indéboulonnable: Rage est tout autant l’incarnation de la constance que du mouvement perpétuel appliqué au Metal. 24 albums en l’espace de 35 ans, et le groupe sonne toujours aussi robuste, aussi prêt à en découdre. La Deutsche Qualität, c’est Miele pour l’électro-ménager, Audi pour l’automobile, et Rage pour la sidérurgie artistique. Pourtant, après avoir un temps suivi fidèlement le groupe, j‘avoue avoir fait une pause. Une looooooooongue pause. Parce que dans les 90s le Metal extrême me semblait bien plus sexy. Et puis un tel rythme de sorties: pas facile à suivre quand on n’a que peu d’argent de poche, pas d'internet (je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans...) et plein de bière à acheter! Ainsi, si l’on excepte l’atypique Lingua Mortis, le dernier vrai album (« vrai » = en formation resserrée, sans les fanfreluches symphoniques) que j’aie vraiment écouté est Black in Mind. Il y a 25 ans de cela. Arf, on se fait vieux dans cet EHPAD…

 

Dès le premier passage de Wings of Rage dans le casque, VoooooooM (je fais trop bien le bruit du flashback non?): retour un quart de siècle en arrière! Alors c’est sûr, les toutes premières impressions qui émergent grognent des « déjà entendu! », « caricatural! », « repli sur soi! »… Termes peu mélioratifs qui se transforment au fur et à mesure des écoutes en « classique! », « bien troussé! », « accrocheur! » pour finir en « YeaaaaaAAAh! ». Car si l’on connait par cœur ce mélange de Heavy / Speed / Power / Thrash, cette voix rocailleuse, ces solos systématiques, ces mâles assauts, ces fières et poignantes mélodies, il faut reconnaître que Mr Wagner (accompagné depuis 5 ans de Vassilios Maniatopoulos à la batterie, ainsi que de 2 guitaristes tout neufs arrivés après l’enregistrement) réussit à sans cesse trouver de nouvelles accroches et à composer de nouveaux hymnes. Sur ce nouvel opus, les frissons viennent à nouveau sur l’ultra-calibré-ultra-efficace « Tomorrow » (démarrage a capella, chevauchée fringante, refrain fiérot poing levé) puis sur le fougueux mais profond « Wings of Rage » qui cavale non loin du domaine d’Annihilator.

 

Evidemment, avec autant de titres dans son répertoire, proposer près d’une heure de musique sans manifester aucun signe de faiblesse, c’est quasiment mission impossible. Et c’est donc au sein de la deuxième moitié de l’album que se concentrent la plupart des moments de grosse fatigue. Notamment sur ces titres qui tentent de faire de l’œil aux fans de l’époque où le Lingua Mortis Orchestra avait apporté un second souffle au groupe. Ainsi « A Nameless Grave » est-il trop empathique, trop lent, trop lourd, trop englué dans la figure imposée et le pathos symphonique. Encore plus pleurnichard et dilué, « Shine A Light » finit de nous convaincre que l’addition de violons peut conduire à une soustraction d’énergie. Mais il ne faut pas uniquement blâmer les pauvres musiciens classiques pour les pannes du père Peavy, car nulle dentelle orchestrale n’habille « HTTS 2.0 », et pourtant ce titre est franchement superflu, gentiment caricatural, et doté d’un refrain limite risible (« Higher… than the sky-sky-sky »! Vrai-vrai-vraiment? Cela valait-il la peine de déterrer ce vieux titre?). Mais ces morceaux demeurent minoritaires face à la liste des titres qui assurent, parmi lesquels on citera encore « Let Them Rest In Peace », « Chasing The Twilight Zone » (bien Rock’n’Roll), « Blame It On The Truth » (et son refrain aux guitares rappelant Helloween) ou encore « For Those Who Wish To Die » (qui ajoute un peu d’acoustique méridionale dans ses mélodies).

 

Rien de neuf, donc, sur Wings of Rage. Calibré pour les fans, rien que les fans, ce nouvel album plaira autant aux amateurs de Heavy Speed / Thrash’n’Roll qu’à ceux qui avaient craqué sur Lingua Mortis (enfin un peu plus aux premiers quand même… et c’est tant mieux!). Pour ceux qui ont besoin d’un bain régulier dans une fontaine de jouvence comme pour ceux qui avaient oublié à la fois leurs 20 ans et Black in Mind, ce 24e album propose un revigorant rafraîchissement auriculaire. Une vraie bonne alternative à votre cure thermale à Evian-les-Bains!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Rage incarne le Heavy / Speed / Thrash de tradition germanique, et ce n’est pas au bout de 35 ans et 24 albums que cela va changer!

 

 

 

photo de Cglaume
le 23/09/2020

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