Gama Bomb - Sea Savage

Chronique CD album (03:57)

chronique Gama Bomb - Sea Savage

« Haha non mais cette pochette: ‘y a clairement bataille avec celle du El Insomne de Sleep Terror là! »

 

Oui, forcément: le choix d’un tel visuel ne peut que conditionner un auditeur qui – s’il réussit à franchir cette première barrière flanquée en travers d’une certaine conception du bon goût pour appuyer sur la touche >Play – va donc aborder Sea Savage en ayant au fond du cerveau une petite voix qui lui susurrera « N’oublie pas que tout ce boucan est effectué par une bonne grosse bande de marioles qui ne se prend clairement pas au sérieux ».

 

... Et pourquoi pas d’abord? D’autant que ce n’est pas comme si c’était la première fois que le groupe procédait de la sorte! Et puis après tout: c’est vraiment une sacrée bande de zigotos, non? Alors autant assumer.

 

D’autant que cela n’empêche pas les loustics de nous administrer un mélange de Crossover Thrash mordant et de Heavy Speed’n’Roll qui fait très mal. Mais ça je vous en reparle quelques lignes plus bas. Commençons plutôt par vous rassurer: le nouveau trip des bombardiers nord-irlandais ce n’est ni le ragoût de carte au trésor arrosé de rhum façon Alestorm, ni le Kouign-amann Folk Metal confectionné lors des festnoz de Ploumanac'h. C’est juste que pour booster un peu sa libido métallique, le groupe a décidé que son 7e album (putain déjà?) déclinerait le bon vieux Thrash vintage des familles sous forme d’une pseudo-pièce victorienne narrant des histoires de marins sur 2 actes correspondant respectivement à la face A et la face B. Alors retirez donc ce couteau d'entre vos dents, car la forme ne change en rien le fond: ni pont qui craque, ni vigie qui crie, ni mouette qui rit ne viennent perturber les 40 minutes que dure l’album.

 

Mais en dehors des décors, y a-t-il du neuf sur le galion de Vasco de Gama Bomb? Eh bien oui petit: c’est désormais James Stewart (Vader, Decapitated) qui indique la cadence à suivre à tous les galériens du bord. Alors certes je n’ai pas suffisamment vogué avec le groupe pour vous livrer une comparaison extrêmement affûtée, mais on peut raisonnablement affirmer que ce changement ne propulse pas nos bonhommes dans une dimension rythmique révolutionnairement nouvelle. La nouveauté la plus marquante sera plutôt à trouver du côté d’une orientation plus [Hard] Rock’n’Roll que jamais. Car si le Thrash urbain du groupe carbure toujours au super et va régulièrement faire des tours du côté d’Anthrax, Sacred Reich, voire Suicidal Tendencies (ça sent le vieux skate sur « She’s Not My Mother, Todd »!), en parallèle les zigs remontent régulièrement se vautrer plus loin qu’à l’accoutumée dans le passé, du côté du Heavy Speed, de la NWOBHM, voire du bon vieux Hard Rock qui sent le cuir et le pot d’échappement. « Sheer Khan » – qui commence certes sur un riff semblant sorti de Kill’em All – est un bon exemple de ce virage Hells Angels-friendly. Et le grand écart se fait d’autant plus facilement que, au milieu des gang vocals purement Crossover, le chant peut passer en un rien de temps d’une bonne vieille voix de buveur de Jack Daniel’s goguenard à des coups de ponceuse aigus évoquant tour à tour Udo Dirkschneider (Accept), David Wayne (Metal Church) ou le Bobby Ellsworth (Overkill) des 80s.

 

Sea Savage, ce sont donc 12 titres pleins de vie, de riffs, d’énergie et de coups de pied au cul. Les décors y sont bien connus, les couleurs vives, la vitesse majoritairement élevée, et le sourire franc. Les titres mémorables sont nombreux (on citera « Monsterizer », la tuerie « Lords of the Hellfire Club », « Iron Blood » ou encore le morceau-titre) et courts, ceci afin de ne pas épuiser le chaland. D’ailleurs, bien que les registres pratiqués n'aient rien à voir l'un avec l'autre, l’approche est ici comparable à celle en vigueur sur le dernier Lik: en effet, comme les Suédois Gama Bomb rend fiévreusement hommage à des références qu’il vénère en sachant rester aussi authentique qu’intéressant, sans que ces influences ne viennent envahir des morceaux denses, efficaces, et pour une bonne quantité mémorables. Et l’auditeur de se laisser donc happer par cette puissante et sympathique tornade de Thrash’n’Roll jovial et fulminant qui – écoutée à la fraîche, quand la paupière colle encore et que le chapiteau matinal est toujours partiellement dressé – permet de se vitaminer efficacement la biscotte et d’envisager la journée à venir avec la confiance et l’appétit du Nadal débarquant sur la terre battue du Court Central.

 

Vous lui demandez quoi de plus à votre galette de Thrash, vous ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: mi-Anthrax mi-Accept, pêchu, convainquant, enthousiaste, vif et contagieux, le 7e album de Gama Bomb fait le même effet qu’une ligne de coke + une fraise Tagada tout en n’abîmant rien d’autre que vos oreilles, lui.

photo de Cglaume
le 19/11/2020

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/11/2020 à 19:17:53

Chouette pochette, chouette zic, chant insupportable

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