Vorbid - A Swan by the Edge of Mandala

Chronique CD album (58:54)

chronique Vorbid - A Swan by the Edge of Mandala

… Comment ? « Un cygne sur le rebord du mandala » ? Fais voir la pochette ! C’est quoi cette débauche de rougeurs douteuses… ? C’est pas plutôt « Tu saignes sur le hors-bord de Mandela » le titre, t’es sûr ?

 

Vous êtes d’accord : ces volutes colorés, ce titre suggérant la prise de substances non homologuées par l’OMS… On est clairement en présence d’un groupe de Metal psychédélique, tendance je-fais-pousser-ma-beuh-moi-même-Truffaut-est-mon-dealer ! Ça sent à plein nez le dialogue en direct avec Vishnou par narguilé interposé, l’ouverture de chakra à la tisane de psylo… Bref : ça risque de bâiller à s’en déclipser les maxillaires dans le terrier du lapin !

 

Bah oui mais en fait non. Car non seulement Vorbid a fumé ses premiers pétards en pédalant à la vitesse du Thrash au galop (cf. son début de discographie), mais même à présent qu’il a troqué sa veste en jean et sa tignasse crasseuse pour une tunique de yogi et une calvitie de bonze, il continue de diffuser ses progueries en milieu relativement extrême. Tantôt posés, en chant clair, entourés de bougies et de guitares bienveillantes, c’est vrai : les Norvégiens évoquent Haken, voire Moon Tooth. Tantôt grinçant des cordes vocales, tortillonnant de la 6-cordes et tonnant des toms, les mêmes zigs semblent alors tenter de faire jaillir de leur imprimante 3D musicale un opus honorant Atheist, le Death de The Sound of Perseverance, voire Cynic. Ils savent donc montrer les crocs, nos toutous.

« Tantôt / tantôt » écrivais-je par contre à l’instant, plutôt que « à la fois / à la fois ». Car bien que la plupart des morceaux de ce 2e album adoptent chacun de ces deux visages distincts, on est en général plus dans la juxtaposition que dans la fusion, et sans l’art de la coexistence heureuse dont faisait preuve le Opeth du temps béni de Deliverance

 

Attention hein, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit : A Swan by the Edge of Mandala est délectable, si si. Et même plus riche que ce que suggère cette présentation sommaire, celle-ci éludant quelques épisodes plus clairement Djent (cf. « Swansong »), les pointes des pieds jazzy de « Derealization » (à partir de 4:31), une camaraderie twin qui flirte parfois avec le registre de Gorod (à partir de 5:54 sur « Paradigm », par exemple), ou encore cette carte blanche accordée au saxo sur « Self ». Tout cela est pointu, mélodieux, joliment alambiqué, tantôt léger, tantôt brûlant, entre Thrash/Death technique, Prog metal moderne, Techno-thrash et Death mélo-progressif. Et oui, en effet : les gens aux commandes ayant 10 bonnes années de savoir-faire, ils réussissent régulièrement à atteindre des sommets : lors du fastueux grand final de « Ecotone » (placez le curseur à 6:21) par exemple, ou encore sur la montée mélodique embellissant par deux fois le morceau-titre (première occurrence à 1:30).

 

On se permettra tout de même de jouer les auditeurs difficiles en regrettant un peu :

1) des pistes parfois trop longues par rapport à la capacité du groupe à nous garder focalisés (sur les 10 minutes de « Ex Ante », on finit par décrocher)

2) un morceau-titre assez revêche, pas avare en échardes techniques

3) une certaine incapacité à aller jusqu’au bout de la démarche différenciante, tout ce beau déballage ne permettant pas de placer Vorbid dans une place à part au sein de notre mappemonde musicale mentale – celui-ci atterrissant au final dans la foule anonyme des élèves de la ProgTech Academy qui, s'ils sont appliqués, n’ont toutefois pas totalement réussi à s’émanciper.

 

A Swan by the Edge of Mandala s’adresse donc aux fans de Metal technique molletonné qui n’espèrent nullement une nouvelle révélation musicale, mais souhaitent juste ajouter à leur playlist un gros supplément d’arabesques riffées tricotées serrées. Ce type de public peut donc sans peur s’en aller du côté de chez Swan en fredonnant ce « Mandala Day » plus sophistiqué que celui des Simple Minds (...Ouch, tu parles d'une conclusion tirée par les cheveux ! À ce niveau-là ça frise même l'arrachage de scalps en masse !).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : un peu d’Opeth, d’Atheist, de Haken, de Death de fin de règne, mais aussi de Moon Tooth. Plus de la dentelle, des coussins, ainsi que des traces de Djent et de saxo. C’est le programme joliment sophistiqué de A Swan by the Edge of Mandala, un 2e album raffiné auquel il ne manque qu’un petit rien indicible (un indice ? Une vraie personnalité) pour convaincre pleinement.

photo de Cglaume
le 27/12/2023

2 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 29/12/2023 à 10:48:20

Ca m'a vraiment fait penser à Gorod au niveau des instrus. En tout cas, tout à fait d'accord avec ton analyse: très sympa mais des morceaux parfois un peu longuets qui font perdre en concentration d'écoute....Peut-être la caractéristique d'un album qui aura une belle durée de vie.

cglaume

cglaume le 29/12/2023 à 11:11:55

Je l’ai fait bcp tourné… mais il n'a jamais réussi à vraiment décoller.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements