Rosa - I

Chronique Maxi-cd / EP (24:11)

chronique Rosa - I

Il arrive un moment où tellement de sorties de qualité s'offrent à nous que l'on ne sait plus où donner de la tête et du temps, entre les nouveautés, les disques qui prennent du temps à appréhender, et tout ceux que l'on connait déjà depuis longtemps parfois mais vers lesquels on revient volontiers car ils constituent la bande-son de notre quotidien, déjà bien chargé en activités énergivores et chronophages.

 

On a vite fait de se retrouver perdu-e dans cette surabondance d'ondes sonores, de vagues auditives, même lorsque l'on a assez d'exigences vis-à-vis de la musique pour être sélectif, sans trop plus savoir à quel récif s'accrocher, et d'autant plus lorsque l'on écrit de temps en temps quelques bafouilles à propos desdites sorties musicales, comme c'est notre cas ici. C'en est parfois impressionnant. Un peu comme lorsque l'on finit un livre qui nous a plu : personnellement, je ne sais jamais lequel commencer ensuite, avec ce doute persistant de me planter dans mes choix.

 

Et c'est bien heureusement là qu'interviennent les collègues pour parfois faire ressortir des flots quelque chose à côté duquel on était passé. Ce qui est tout à fait le cas cette fois, puisque l'ultime Santa Bagarre de Raton sur Horns Up, couplée à l'interview (découverte en retard donc) faite par Euka sur Metalorgie (je vous invite à aller consulter les deux) m'ont permis de découvrir cet EP des Tourangeaux de Rosa, sobrement intitulé I, et que – sobrement toujours – je qualifierais d'exceptionnel.

 

Sensibilité et poésie, une progression presque théâtrale tout au long de ces 24 minutes, c'est ce qu'on traverse et que l'on ressent dans cet EP sculpté d'un screamo poignant, que l'on sent sincère et entier, agrémenté de plages post-rock de grande qualité parce que classes sans être prétentieuses, donnant beaucoup de texture à la mélancolie hargneuse inhérente au genre.

 

La musique ? Elle est excellente de bout en bout. Si la filiation est évidente avec d'autres groupes de l'Hexagone tels Sed Non Satiata, Aussitôt Mort ou même Daïtro et Birds in Row sur certaines sections, on est aussi assez proche des Catalans d'Ànteros, notamment dans la subtilité des mélodies associées à une batterie bien présente. Une alternance et une imbrication de zones de screamo globalement low à mid tempo et de post-rock, une basse à la présence et au travail mélodique remarquables, une batterie d'une brillante finesse, une guitare superbe qui emporte aux quatre vents... Je ne vous ferai pas l'affront de décrire plus précisément le contenu de cet EP, parce qu'il m'a l'air diablement personnel. Alors chacun et chacune y verra son propre tableau.

 

Le son ? Il est excellent de bout en bout, avec un enregistrement et mix de Guillaume Doussaud et un mastering par – excusez du peu – Magnus Lindberg de chez Cult of Luna.

 

Le chant ? Il est excellent de bout en bout, que ce soit dans ses passages proches du spoken word ou ses acceptions hurlées et déchirées, qui laissent néanmoins souvent clairement percevoir les paroles.

 

Les paroles ? Elles sont, comme on le disait plus haut, sensibles et poétiques, subtiles et politiques, ornées de références et de citations allant d'un sample d'Il était une fois la Révolution ou de la Horde du Contrevent d'Alain Damasio aux Lettres de Rosa Luxembourg, cette dernière se prêtant bien à la mise en mots de la musique de Rosa (le groupe) : « Malgré la neige, le froid et la solitude, nous croyons aux printemps à venir ».

 

Bref. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les sorties screamo en France se suivent et se ressemblent décidément dans la qualité ces dernières années, avec un nombre de productions de grande classe hors du commun. Après les récents EP de Coven, de Tenace, l'excellent album à venir de Yarostan et bien d'autres sorties d'autres groupes que je m'excuse de ne pas citer, les trois membres de Rosa proposent ici un EP indispensable pour celles et ceux qui apprécient le style musical, et dont ne peut qu'impatiemment attendre la suite, ainsi que le bonheur de pouvoir assister à cette pièce en concert. Si les codes du genre ne sont pas chamboulés, le trio sait s'y mouvoir avec une fluidité et une grâce remarquable.

 

Ces vingt-quatre minutes coulent sans que l'on y prenne garde, comme un torrent que l'on ne peut embrasser que dans son ensemble, creusant des paysages marqués par une forme de désespoir, de lassitude, de violence, mais aussi de beauté profonde, bouleversante, porteuse de sens.

Cela faisait un bon moment que je n'avais pas été aussi touché musicalement et Rosa, sans prévenir, posent sur I une petite demi-heure qui, il n'y en a absolument aucun doute, aurait figuré en bonne place dans le très haut de mon top 2021 si j'en avais eu connaissance plus tôt. En tous les cas, cet EP est tout à fait certainement candidat à truster celui de mon #TopTropTard.

 

A écouter sans compter, sans attaches, sans gloire, mais avec cœur et passion, en attendant le printemps, que l'on espère pas trop lointain.

photo de Pingouins
le 21/03/2022

2 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 21/03/2022 à 11:17:53

Le lien d'écoute a l'air de ne pas fonctionner, donc j'essaye ici :
<iframe style="border: 0; width: 100%; height: 42px;" src="https://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/track=2501248868/size=small/bgcol=ffffff/linkcol=0687f5/transparent=true/" seamless>I by ROSA</iframe>

Si ça ne marche pas, alors c'est par ici : https://rosapostrock.bandcamp.com/releases

Freaks

Freaks le 21/03/2022 à 16:46:16

Très belle trouvaille ! Un archétype screamo.. Merci pour la découverte ;) 

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anonyme


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