Sarcasm - Mourninghoul
Chronique CD album (42:33)

- Style
Black/Death mélodique - Label(s)
Hammerheart Records - Date de sortie
12 April 2024 - Lieu d'enregistrement HSH Studios
- écouter via bandcamp
Mourninghoul est, comme Within the Sphere of Ethereal Minds et Stellar Stream Obscured avant lui (je sais, désolé, j’ai loupé l’épisode de 2019), un album délicieusement typé, imprégné d’une nostalgie sans borne pour l’œuvre de Dissection et de ses acolytes de chez No Fashion Records.
Mourninghoul est par ailleurs de ces N+1e albums qui, loin d’être désagréables, représentent cependant une véritable gageure pour le chroniqueur consciencieux : comment, en effet, réussir à en parler sans brasser à nouveau les mêmes propos déjà couchés sur le parchemin HTML des articles précédents ?
Car Mourninghoul – lui aussi – nous emmène pendant plus de quarante minutes à travers des paysages à la fois magnifiques et dévastés, tantôt cavalant sur un destrier infernal, tantôt décrivant des cercles majestueux dans le ciel de quelque archipel nordique exposé à de cruels blizzards, tantôt portant le deuil de pairs emportés dans des conditions effroyables, tantôt murmurant des incantations inaudibles au fond de grottes anciennes où eurent lieu des cultes rendus en l’honneur de divinités oubliées…
Oui je sais, ces cartes postales vieillies et ces clichés éculés ont dû être mille fois utilisés dans de précédentes chroniques. Je préfère d’ailleurs ne pas me replonger dans les autres papiers du même type accessibles en ces pages, de peur de devoir me diagnostiquer un Alzheimer qu’on peut de moins en moins qualifier de précoce au vu du sel qui vient nuancer le jaune poivre autrefois vif de mon pelage…
Bref : Mourninghoul propose un Black/Death mélodique délicieusement troussé, que Jon Nödtveidt aurait sans doute adoubé sans la moindre arrière-pensée. Ce bouillonnant flot décibélique est à nouveau classique dans sa facture, mais loin d’être basique dans ses structures, les Suédois aimant bifurquer souvent afin de contourner les attentes des fans les moins regardants. Cette constance ne s’explique toutefois pas par la stabilité du line-up sarcastique, étant donné que les futs sont dorénavant confiés à Jesper Ojala, petit jeunot dont la pertinence technique n’a pas attendu le nombre des années. Non, décidément le turnover ne l’est pas franchement, « over », vu que depuis l’enregistrement de ce 5e album, Jonas Söder a abandonné sa basse à Philip Borg, qui a joué avec lui au sein d’autres formations…
En dehors des habituelles indications quant aux meilleurs morceaux (« As Northern Gates Open » fonce et défonce, tandis qu'un « Withered Memories of Souls We Mourn » hypnotique nous transforme en dévots transis ânonnant « Mourn, We mourn » tel une prière au Grands Anciens), y a-t-il des indications qui mériteraient d’être données sur cette cuvée 2024 ? Ou bien on arrête là sur un conclusif « Vous aimez les précédents albums de Sarcasm ? Vous aimez le bon Black/Death à la Dissection ? En cas de réponse affirmative à au moins l’une de deux questions précédentes, foncez sur Mourninghoul » ?
Il y a bien une info, encore. Pas la plus douce. Celle qui explique une note inférieure à celles attribuées aux autres albums chroniqués en ces pages. Bon alors, quelle info, tu vas cracher le morceau, oui ? Celle-ci : Sarcasm passe un temps de plus en plus conséquent à se morfondre et à rester englué dans des allures pesamment doomophiles. Ce sera sans doute un plus pour certains. Et cela n’empêche pas votre interlocuteur de craquer pour « Withered Memories of Souls We Mourn » (je le disais quelques lignes plus haut). Mais cela plombe trop souvent l’ambiance. Et plus particulièrement celle d’« A Lucid Dream in the Paradigm Stream », morceau aux épaules affaissées et au moral dans les chaussettes, dont même le refrain rebute (sans compter une intervention de chant féminin dont on se demande bien pourquoi, m’enfin, hein, pourquoi ??). Ainsi que « No Solace From Above », compo dont la durée ne trahit pas des prétentions progressives mais des tendances suicidaires, dont la pesanteur désabusée donne envie de verser un mélange de Javel et de Destop dans son bol de Frosties avant de le finir d’un trait, et de s’endormir à jamais…
Malgré la moue arborée lors du paragraphe précédent, on ne peut qu’affirmer que Mourninghoul maintient Sarcasm dans son statut de force vive du Black/Death mélo de ces deux dernières décennies. L’album est fini à l’or fin et au givre le plus délicat, toutes les cases du genre sont cochées... et même coloriées d’un bleu glacé ! Alors enfilez votre caghoul et votre casque afin de vivre pleinement cette expédition grisante au pays des draugar et des huldras…
La chronique, version courte : Vous aimez les précédents albums de Sarcasm ? Vous aimez le bon Black/Death à la Dissection ? En cas de réponse affirmative à au moins l’une de deux questions précédentes, foncez sur Mourninghoul ! Soyez prévenus, toutefois : les doomophobes auraient tout intérêt à lui préférer plutôt Within the Sphere of Ethereal Minds ou Stellar Stream Obscured, ce millésime 2024 trempant en effet assez souvent sa cuillère dans la gelée tiède de tempos et de mélodies parfois particulièrement plombés…
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