Sarcasm - Stellar Stream Obscured

Chronique CD album (41:00)

chronique Sarcasm - Stellar Stream Obscured

On en connait tous des champions du déséquilibre, qui passent sans transition du glacé au bouillant.

Comme Joanna, qui réussit à s’astreindre à un régime drastique pendant 2 mois avant de se taper un plein pot de Nutella pour célébrer la conclusion de cette période ascétique.

Comme Jasmine, qui persiste à se nécroser quotidiennement le cerveau devant Hanouna alors que son mémoire « L'angoisse chez Kierkegaard et Heidegger » doit être rendu dans 10 jours, et qu’il lui reste encore 20 bonnes pages à noircir et une conclusion à rédiger.

Ou comme Jean-Eustache, qui n’a jamais manqué au devoir de célibat que lui impose le port de la soutane, mais qui a pris la température d’une bonne vingtaine d’enfants de chœur avec son propre thermomètre turgescent.

 

Eh bien avec Sarcasm, c’est un peu pareil. Créé en 1990 à Uppsala (non non, rien à voir avec l’acte de naissance de Ludwig Von 88), les Suédois attendent 2016 pour sortir leur premier album… C’est ce qu’on appelle prendre son élan ! Par contre, depuis lors : Tac, Tac, Tac, Tac... 4 full length en à peine 6 ans. Maintenant que le robinet est ouvert, nom de dieu, il faut que ça sorte !

 

On vous avait dit combien on avait apprécié Within the Sphere of Ethereal Minds, le 2e de ce chapelet de skeuds. Alors certes, il s’agissait plus d’un beau diamant noir homogène que d’une série de tubes qui butent, mais on avait goûté avec plaisir à ces bourrasques de sucre glace dont la recette a été mise au point au siècle dernier par le Maître pâtissier Dissection. L’abondance de la production musicale mondiale ainsi que le côté « générique » de ce Black/Death pourtant délectable nous avaient poussés à zapper la saison 3, Esoteric Tales of the Unserene – il faut bien reconnaître qu’en plus la pochette ne donnait pas vraiment envie. Stellar Stream Obscured est donc l’occasion pour nous de raccrocher les wagons, et de déterminer si une telle générosité discographique n’a pas fini par RoggaJohanssoniser le groupe.

 

Bilan des courses : nom d’un p’tit bonhomme, ce 4e album déboite ! Dès « Through The Crystal Portal » les Suédois clament haut et fort qu’ils ne sont plus de simples lieutenants chevauchant loin à l'arrière, dans les traces de Jon Nödtveidt. Fort d’un riffing alambiqué qui apporte une touche aristocratiquement vicieuse, le morceau tente une approche légèrement décalée, au subtil arrière-goût de Disharmonic Orchestra, qui titille la curiosité. Mais plutôt que de trop jouer les originaux, le groupe assure ses arrières et comble son public en maintenant un train furieux et en dressant haut l’étendard d’un refrain franchement accrocheur.

 

Crénom, quel démarrage !

 

Sauf qu’au lieu de pérenniser l’approche empruntée sur ce premier titre, Sarcasm décide d'arc-en-cielliser un brin la suite de la tracklist, afin que ces 40 minutes ne soit pas qu’un massif et imposant glacier – comme c’était le cas par le passé – mais plutôt une succession de paysages variés. C'est pourquoi tantôt les assauts s’avèrent fougueux, relativement classiques mais savoureux, comme sur « We Only Saw The Shadows Of Life ». Tantôt – et là on va devoir arborer une moue dubitative – les guerriers se lancent dans des complaintes Doom glacées à la longueur engourdissante (cf. « Ancient Visitors »). Tantôt le groupe freine légèrement les destriers « BM des neiges » afin de laisser les autres composantes de sa personnalité s’exprimer – on entend par exemple un peu de Slayer et de Death à la polonaise sur « The Spinning Tomb ». Tantôt il s’autorise des langueurs sublimes qui attestent qu’un cœur tendre bat derrière la sombre toge du Nâzgul (cf. tout le début de « Obsidian Eyes »). Tantôt il tente l’approche narrative, le chant clair et la batterie militaire (« Let Us Descend »)… Bref, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses lors de cette grisante séance de bobsleigh métallique !

 

Si ce relatif éclectisme et les plaisirs ineffables apportés par des twins expertement décalées et des mélodies héritées de Dan Swanö (Rhaaa que ce « Apocalyptic Serenity » est bon !) imposent définitivement Sarcasm comme l’un des boss de la scène Black/Death contemporaine, on ne pourra traduire cette vérité par une augmentation significative de la note qui aurait affirmé la supériorité de ce millésime 2022 sur les précédents. Parce que le débit de Heval Bozarslan s’avère parfois sévèrement monotone. Parce que, malgré ses froids miroitements mélodiques, on finit par se faire gravement suer sur la fin du looong « Ancient Visitors ». Et parce que d’un côté « The Power Of Suffering That Be » s’embourbe dans des plans peu transcendants, et de l’autre « Let Us Descend » – le morceau des adieux – ne tient pas tout à fait les promesses qu’il laissait initialement entrevoir, celui-ci nous abandonnant la queue entre les jambes sur quelques dernières secondes trop abruptes pour qu’on adhère.

 

Et pourtant, haut les cœurs amateurs de Black/Death mélodique à la suédoise ! Car après Victory in Blood, le dernier Unanimated sorti en décembre dernier, et en attendant le nouveau Lord Belial qui arrive normalement tout bientôt, avec Stellar Stream Obscured les Dieux des Engelures et du Nez Qui Coule nous ont accordé un autre de ces albums qui tiennent chaud dans l’igloo et booste nos performances lors de la pêche à la loutre. Alors fini le planter du bâton à la Jean-Claude Dusse : à partir de maintenant c’est Tout Schuss !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec Stellar Stream Obscured, Sarcasm a sans doute sorti son tout meilleur album. Car si son Black/Death mélodique ne crache pas toujours une neige d’un blanc parfaitement immaculé (pourquoi cette éternelle lubie Doom ?), le groupe suédois a enfin réussi à s’extraire d'un formatage convenu pour apporter personnalité et supplément d’accroche à ses folles cavalcades au pays des marmottes démoniaques (...on écrit "marmoths", je crois).

photo de Cglaume
le 18/02/2022

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/02/2022 à 12:53:34

Cette intro de chro: mouah ah ah !!!

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