Isgherurd Morth - Hellrduk

La Sibérie, terre extrême et d’extrêmes. Il est donc assez logique qu’elle donne naissance à des formations musicales de la trempe de Isgherurd Morth. On retrouve aux commandes de ce power trio deux musiciens russes soutenus par un batteur français, Romain Goulon, qui leur permet de bénéficier de l’expérience qu’il a acquis au sein de formations telles que Necrophagist, Agressor ou encore Sadist (son CV est long comme un jour sans bière, jugez sur pièces). Les trois musiciens ont pris l'habitude de s'amuser au sein de Stench Price (un nom qui ne doit pas être inconnu de Crom, puisque c'est l'un des innombrables Rogga bands...). Trente minutes pour cinq titres, on est plus proche du format EP que du LP mais le groupe considère Hellrduk comme son premier album.

Isgherurd Morth propose un Black Metal primitif, qui m’a énormément rappelé, dans ses intentions, dans son sentiment d’urgence, les premiers DarkThrone. Il y a longtemps que je n’avais pas écouté un album dans ce style dégageant une telle sensation de malaise, en grande partie liée au mix, très particulier qui laisse une place importante à la basse. Les guitares sonnent plus éthérées que massives, raccrochant le groupe de la scène Blackgaze. De ce fait, cela lui apporte une certaine modernité lui permettant de ne pas sonner comme une foule de plus en plus dense de formations qui se réclament de la seconde vague. Le tout s’enrobe d’un côté guerrier propre au Frost d’Enslaved.

Les blast beats, les riffs en trémolo, les cris surhumains contribuent à jeter un voile neigeux et glacial sur les paysages désolés évoqués par le Black des russes. Malgré sa courte durée, l’album est dense, le groupe y propose de nombreuses idées, saupoudrées parfois d’un soupçon, qui n’est pas pour me déplaire, d’avant-gardisme, celui qui faisait partie de l’ADN même de cette scène norvégienne naissante.

Xuaterc

le 04/05/2021