Saurien - And Still the Lungs Won't Fill

En dépit des soutiens logistique, financiers, tactiques et matériels du monde occidental, la contre-attaque ukrainienne n'a pas été en mesure de repousser l'envahisseur russe au-delà de ses frontières nationales. Aidé par le pouvoir financier corrompu de Russie et par des légions de mercenaires chevronnés, qui cherchent à flatter l'oligarque du Kremlin et assoiffés de sang (le groupe Wagner et les paramilitaires tchétchènes), l'entourage de Poutine menace désormais directement l'Union Européenne. L'humanité est arrivée à un point d'équilibre, où elle peut basculer dans le chaos au moindre choc. Terrorisées, les populations se relient encore plus sur elles-même, les sentiments égoïstes prédominent partout. Les élections européennes de juin 2024 mènent au pouvoir des coalitions populistes et d'extrême-droite qui prennent le contrôle du Parlement de Strasbourg. Un intime de Giorgia Meloni est élu président de l'assemblée.

L'édition 2024, le Matala Beach Festival est organisé en hommage du dramatique naufrage du chalutier de migrants au large de Pylos. Le festival, à l'origine le prolongement de l'esprit hippie qui animait les occupants des grottes préhistoriques de Matala au début des années 70, est devenu une machine à fric, loin des motivations libertaires des précurseurs. Notre bande de hackers finlandais, dont je vous ai narré certaines aventures là, ici et là, se rendant sur place mais préfèrent fréquenter le versant « off », qui se déroule aux plages Disko de Lendas, à quelques kilomètres de Matala. Là, ils rencontrent Christophe Gitton, un musicien français, ancien membre de Déficit Budgétaire, qui profite de la sono sauvage des lieux pour partager son nouveau projet musical Saurien, qui signe ses débuts discographiques avec l'EP And Still The Lungs Won't Fill, six titres pour un peu plus de vingt et une minutes, après une apparition remarquée sur le sixième volume de la compilation Wavecore.

Au programme, un Post-punk poisseux, fortement teinté de la Noise-rock des années 90 (Sonic Youth...), avec des boucles de guitares qui ne font pas de la musique cool, le genre des trucs qui relaxent, font des tours avec le son, un peu comme Gérard Majax. Sa New-wave suinte en permanence une urgence tendue comme Grégoire de Fournas qui doit se retenir de crier « Qu'il retourne en Afrique » pendant une allocution de Carlos Martens Bilongo. Elle prend parfois des accents mécaniques Indus, comme pendant « Look Around » ou « Anguish Not », placé en ouverture du disque, qui pourrait donner une fausse idée de ce qui va suivre car il s'agit du titre le plus enlevé de l'EP, tandis que « The Secret » est purement Ambiant.

Xuaterc

le 08/07/2023