Membrane - Beyond Your Beliefs
Chronique CD album (50:54)

- Style
Post hardcore, post-metal sludgesque à tendance cultofluneurosienne - Label(s)
Source Atone Records - Date de sortie
4 mars 2022 - écouter via bandcamp
Au rayon des rejetons de Neurosis, les papes ultimes d’un genre créé au début des 90’s et ayant ouvert les portes de la perception à moult héritiers de renom comme Cult of Luna, Amenra, Isis ou même Mastodon, je pioche, dans nos contrées hexagonales, Membrane. Fort de plusieurs albums et d’un split, le groupe existe depuis une vingtaine d’années, mais s’il a su se forger une identité remarquable, ses influences restent bien présentes et identifiables et celles-ci se puisent allègrement dans l’ADN de la musique de Neurosis, l’un des 5 meilleurs groupes de toute l’histoire de la génétique. Jugez plutôt : le riff d’ouverture de Heart ressemble à s’y méprendre à celui de The Doorway d’un des meilleurs albums de Neurosis : Times of Grace. De même, The Height of a life comporte des moments de répit qui s’apparentent à ceux d’un des joyaux de la bande à Scott Kelly : Stones from the sky. Ces petits instants de suspension que le titre accorde au milieu de la transe dans laquelle il a déjà emporté l’auditeur, apportent un supplément d’élan émotionnel qui exacerbe le sentiment de déréliction, avant de relancer la machine à vagues de lave en fusion dans une dynamique presque épique. La recette s’avère bien appliquée.
Vous me direz : y a pire, comme références. En outre, on pourrait reprocher au trio de manquer de charisme, et on lui pardonnerait difficilement ces résonances plus qu’évidentes avec l’œuvre de leurs aînés californiens, au vu de leur carrière déjà conséquente. Fort heureusement, passés les 2 échos mentionnés ci-dessus, Beyond your beliefs s’affranchit de ses racines, lâche le livre de recettes neurosiennes, pour fouiner ailleurs dans des ambiances qui invoqueront d’autres groupes comme, tiens, tiens, Cult of Luna, notamment par le truchement de l’apport d’arrangements au clavier, mais aussi, dans un registre davantage noisy post-hardcore, à des formations comme Unsane, Portobello Bones ou encore Kruger. La belle affaire, surenchéririez-vous, mais à quel moment cet opus de Membrane trouve-t-il ses marques pour éventuellement imposer son propre style ? Eh bien, précisément quand il s’affranchit du name dropping de catin de luxe pour construire ses longs morceaux à partir de plusieurs parties se succédant imperceptiblement dans des explosions successives de rage introspective. Peut-être que l’album trouve également sa singularité dans le travail apporté aux parties vocales, fort variées. On en évoquait la rage sourde, mais elles s’enrichissent aussi de mélodies plaintives et traînantes, proportionnellement acérées à la lourdeur des riffs et aux instants de grâce, comme on en rencontre sur Heart, par exemple, quand la voix féminine intervient tout naturellement pour faire oublier le riff du début trop neurosien pour être honnête. Ou sur toute la durée du titre le plus court et le plus calme : Eyes wide open.
Pour le reste, avec la règle des 3L (lent, long, lourd) bien respectée, les amateurs du genre y trouveront leur compte et passeront un bon moment en compagnie de cet opus qui exige plusieurs écoutes pour se rendre compte que ses richesses, sur le plan des fioritures et des nuances dans le développement de chaque chanson, méritent toute notre attention, nonobstant leurs filiations, assumées ou non, avec les illustres modèles.
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