Sekippu - Vousk²

Chronique CD album (38:47)

chronique Sekippu - Vousk²

 

« Sekippu, cinq garçons dans le vent qui vous mèneront dans un havre de pets… »

 

Voilà. On peut donc tout à fait s’en tenir à la lecture de cette courte présentation, ainsi qu’au coup d’œil concomitamment jeté à la pochette de Vousk². Puis, logiquement, s’en retourner sans regret ni regard en arrière vers de nouvelles aventures, plus sérieuses celles-là, à la recherche de vraie bonne zic, sans Prout, ni Bite, ni Petit bonhomme en mousse.

 

… Ou l’on peut persévérer. Malgré l‘étiquette « Pouet-Gore-Core » (voire « Ska-Grind-Popcore », selon le flyer qui aura atterri entre vos pognes) auto-accolée par ces Strasbourgeois. Malgré le vieux goût de fond de garage-à-Manu qui reste sur la langue après avoir goûté aux passages Metal parsemant les presque 40 minutes que dure ce premier album. Malgré le fourre-tout intitulé « Tütülütü - Freekie $hiti » qui se traîne péniblement sur plus de 4 minutes, singe Slayer depuis le fond des chiottes du lycée, offre un chant semblant tiré tout droit d’un sketch des Inconnus, et emballe le tout avec du gros scotch acheté chez Lidl.

 

Par masochisme ? Par passion jusqu’au-boutiste pour le Nawak Metal ? À cause d’une enfance malheureuse passée entre mère alcoolique, père absent, et sévices sexuels infligés par un curé du village jamais à court de longs cierges bien lubrifiés ?

Peut-être. Mais alors juste au début, le temps que les braises prennent...

 

Parce que ces sacrés loustics finissent par séduire. Ou du moins à provoquer un grand élan de sympathie. Car il y a du Cool Cavemen dans ce premier album – qui est en fait la réactualisation 2012 d’un opus au son encore moins léché, Vousk tout court, sorti en 2000. Du Cool Cavemen un peu fauché, un peu potache, un peu artisanal. Mais manifestant une passion fiévreuse pour les pastiches bien ficelés, les textes pas si grossiers que ça, et les pochettes-surprises débordant de friandises.

On décèle également des traces de Sebkha-Chott à la fin de « Henri Death », quand après trois minutes d’ambiances funestes, de Metal lugubre, de cadavres pleins de vermine (et de menaces semblant proférées par Méchant Man himself, oui oui, celui-là), la compo s’embarque sur le chemin nonchalant d’un Reggae cartoonesquement débonnaire.

On croit même fugacement être tombé chez Hardcore Anal Hydrogen le temps de l’excellentissime « Pyrosis », sorte de crise d’hystérie Scat / Punk / Death s’autorisant de rapides détours chez System of a Down, ainsi qu’un épilogue Ska insulaire tel qu’aurait pu l’imaginer un Pin-Up Went Down sous perfusion de fraise Tagada.

Bref, on a un peu l’impression que tous les copains de la Nawak Mafia à béret basque se sont réunis autour des Alsaciens pour nous offrir un sympathique apéro métallo-rigolo mais pour autant pas crado. Enfin pas trop.

 

Et puis il y a « Pfemel », qui semble reprendre un morceau des Musclés (ou de Patoche Sebastien ?) à la mode Chiptune.

Et puis il y a les Rockabilleries qui font claquer des doigts de « La 7 ».

Et puis il y a « Henri Death » (qui dégaine des orchestrations pleines de cordes inquiétantes), « Hans Grüber » (qui va violer des cadavres de patrons en sifflotant des airs qui swinguent), « Pedro » (qui bricole un méchoui nocturne en pleine pampa), autant de pistes sur lesquelles de vraies ambiances « chiadées » (guillemets quand même) témoignent d’une volonté réelle de faire un peu mieux que les trois petits prouts et puis s’en vont de Gronibard.

 

Certes, rien de tout cela ne réussira à convaincre les « chantres du bon goût ».

Mais ce sont autant de petits sourires en coin soit bien trouvés, soit bien catchy, soit les deux à la fois. Qui donnent envie d’aller passer une soirée en compagnie de ces sacrés loustics. Et de se repasser ces chouettes sketches / titres / blagues. Et même de les fredonner, tiens, ce qui est bon signe.

 

Alors OK, il y a mille fois mieux ici, là-bas, et même ailleurs. Et on peut tout à fait vivre une vie de nawakophile accompli sans croiser le chemin de Vousk². Pour autant vous ne pourrez pas empêcher de vieux lapins de mon espèce de profiter de ce genre de plaisirs simples. Simples, mais mieux branlés qu’il n’y paraît au premier abord (… surtout si on est fan de jeux de mots tarabiscotés à la con). On vous conseille donc de tenter l’expérience. Au moins pour déterminer quel est ce « morceau moins bien » indiqué sur la pochette.

 

 

 

 

PS : « … seules cinq catégories d'hommes sont parvenues à […] entrer [au panthéon des mythes et légendes]. Ceux qui tuent : les grands héros de guerre. Ceux qui suent : les bienfaiteurs universels. Ceux qui huent : les revendicatifs protestataires. Ceux qui muent : les nouveaux pacifistes. Et Sekippu : un groupe de cinq jeunes post-prépubères arrivés là en cherchant un raccourci que jamais ils ne trouvèrent... ».

Là, comme ça le mystère est levé, si toutefois il persistait…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : vous pensiez avoir fait le tour de la planète Nawak francophone ? C’était sans compter sur Sekippu, groupe strasbourgeois qui – jusqu’au début des 10s – combinait les registres des Cool Cavemen, de Pit et Rick, et dans une moindre mesure de Hardcore Anal Hydrogen, Sebkha-Chott et Gronibard. Vousk², son seul et unique album, a tout d’un bricolage farfelu de fond de résidence universitaire. L’opus manifeste l’humour plus ou moins fin du zobophile débridé, et sent fort le bric, le broc, le Thrash et le Bibopeloula… Mais il n’arrive jamais (… enfin : pas si souvent que ça) à être foncièrement mauvais. D’ailleurs croyez-le ou non : on finit par ressentir une profonde sympathie pour les sacrés lascars responsables de ce que beaucoup jugeront comme une offense au bon goût.

 

photo de Cglaume
le 24/11/2024

6 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 24/11/2024 à 12:11:41

Mais cette pochette 😂

cglaume

cglaume le 24/11/2024 à 14:47:17

C'était soit de la K-Pop, soit du Prout-Prout-Goregrind, soit du Nawak, c'est clair ! 😅

Moland

Moland le 24/11/2024 à 22:10:51

On observe 1 certaine surenchère dans les notes 

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 24/11/2024 à 23:28:56

@Moland Pas d'accord ; dans la mesure où "Nimp'" pourrait représenter un 998 001 comme un 4 et qu'au seul grand dieu Nawak (cglaume n'étant que son pape) appartient cette information, la note n'est pas la même si tu fais la racine carrée des deux...

Moland

Moland le 25/11/2024 à 00:30:52

J'ai toujours été nul en maths. Je compte littéralement sur mes doigts, c'est dire...

Vousk

Vousk le 25/11/2024 à 12:41:26

Merci pour cette chronique aussi inattendue que bien ficelée. <3
Pour les plus masochistes d'entre vous qui souhaiteraient approfondir le sujet, sachez que les Sekippu se sont dispersés dans des groupes que je vous conseille chaudement (et de façon totalement impartiale, ça va de soi ^^) tels que Détrusor, Gorezh, BangbangCockcock ou encore Dandy Beatnik.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Planet of Zeus + guests au Petit Bain à Paris le 6 mars 2025