Sleep Paralysis - Sleep Paralysis
Chronique CD album (45:49)

- Style
Cauchemar nocturne - Label(s)
I, Voidhanger Records - Date de sortie
28 février 2025 - écouter via bandcamp
Sleep Paralysis… Un phénomène terrifiant pour ceux qui en sont victimes, une source d’inspiration pour d’autres. Ce terme évoque cet état étrange entre le sommeil et l’éveil, où le corps reste figé tandis que l’esprit lutte contre d’inquiétantes hallucinations. C’est précisément ce monde de visions oppressantes et de terreurs nocturnes que le projet Sleep Paralysis cherche à retranscrire en musique. Si son nom ne vous dit rien, c’est normal : il s’agit d’une entité récente, un projet solo mené par Stephen Knapp, musicien déjà actif dans Cerulean, et signé par I, Voidhanger Records. Fidèle à sa réputation d’explorateur infatigable des terres les plus obscures et avant-gardistes du Metal underground, le label italien ajoute une nouvelle anomalie sonore à son bestiaire déjà bien fourni.
Pour mettre en musique ces nombreux troubles du sommeil qui constituent les thématiques abordées par Sleep Paralysis, le musicien, en laissant tomber les éléments Death Metal de son groupe principal, a choisi de privilégier un Black Metal décadent, qui n’hésite pas à piocher dans le Jazz (« You Can Never Run Fast Enough »), la Synthwave et la musique de jeux vidéo rétro (« Fever Dream II - Paranoia »), renforçant ainsi les ambiances oniriques, ou encore le Drone (le début de « Lost in a Prison of Mirrors »), qui étire la sensation d’oppression d’un poids invisible sur la poitrine empêchant de respirer. Il ne suffit pas de glisser quelques notes de saxo pour se revendiquer du style musical de prédilection de Blue Note Records ; c’est aussi une question de rythmique et d’orchestration. Nombreux sont ceux qui s’y sont essayés depuis le milieu des années 1980 (citons par exemple Imperial Triumphant ou Ex Eye).
La mise en son est à la hauteur de l’ambition du projet : claire sans être aseptisée, elle laisse chaque élément s’exprimer, permettant aux dissonances, aux textures étranges et aux montées de tension de prendre toute leur ampleur. Dans un style qui pourrait facilement sombrer dans le chaos indistinct, Sleep Paralysis parvient à équilibrer saturation et lisibilité, ce qui renforce l’impact des nombreuses couches instrumentales et des détails disséminés dans les compositions.
La boîte à rythmes, élément souvent rédhibitoire dans ce type de projet, est ici programmée avec soin : loin de sonner rigide ou artificielle, elle s’intègre parfaitement aux atmosphères anxiogènes et mouvantes de l’album, sauf peut-être la double avant le solo de guitare à la fin de « Helplessness ». D’ailleurs, Lorenzo Kemp, de Temblad, est invité sur « Nostalgia » pour en placer un, venant renforcer l’atmosphère inquiétante.
La peinture de la Brésilienne Luciana Lupe Vasconcelos illustre parfaitement l'agitation de la musique nocturne de Sleep Paralysis. Le malheureux se fera dévorer par ses propres démons, en particulier à l’écoute du dernier titre. Le groupe propose une musique tout à fait apte à provoquer une paralysie du sommeil chez les auditeurs peu habitués au Metal dissonant et jazzy, fortement inspiré de la musique classique ; associée à des hallucinations visuelles et auditives. Vous serez prévenus : l’expérience pourrait bien hanter vos nuits ! Vous pouvez vous pincer, tout ceci n’était pas qu’un rêve.
4 COMMENTAIRES
el gep le 27/03/2025 à 08:46:28
Ouh ça a l'air funky ! Ça m'intéresse !
J'ai vécu une fois la paralysie du sommeil. Je ne connaissais rien à ce phénomène donc c'est encore pire. Tu crois vraiment que tu vas crever (ou que t'es en enfer, ou les deux en même temps).
Crom-Cruach le 27/03/2025 à 14:01:04
Excellente conclusion de chro !
Pingouins le 27/03/2025 à 15:24:13
'tain c'est vraiment hyper bien, merci beaucoup !
Xuaterc le 28/03/2025 à 10:23:30
Merci à toi. depuis le temps que je vous le dit que ce label est de très haute tenue...
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