Sleep Terror - Above Snakes

Chronique CD album (27:28)

chronique Sleep Terror - Above Snakes

Vous avez aimé la saison 1, « Sleep Terror et la Croisière s’amusent » (cf El Insomne en 2018)?

Vous avez aimé la saison 2, « Sleep Terror en pleine apnée du sommeil » (cf Abreaction en 2019)?

Vous aimerez donc la saison 3: « Sleep Terror, The Lone Ranger ».

 

Car avec Above Snakes c’est une trilogie qui se clôt, les derniers rebondissements de l'aventure se déroulant cette fois sur le plancher des vaches. En accord avec ce changement de décor, on trouve au menu de ce 5e album moins de poissons, moins de chemises hawaïennes et moins de Funk. Pour garnir le paysage de cactus et libérer des odeurs de vieille selle en cuir, il est par contre question de plus de Surf Rock, plus de Country, et – ouvrons plus larges les frontières entre les genres – plus d’Americana. Comme Robert Zemeckis avec Marty et Doc, Luke Jaeger décide donc de finir son épopée dans un désert de western tout ce qu’il y a de plus archétypal. Les cordes chevrotantes indissociables des styles ici mis à l’honneur suggèrent la chaleur écrasante à l’ouest du Pecos. Les serpents à sonnettes frémissent de loin en loin de l’extension caudale. Quant à la proximité de la frontière avec le Mexique, elle est suggérée par quelques castagnettes et une trompette Mariachi solitaire (sur « Trail of Fears », pour cette dernière). Mais si la pochette combine les imageries de Zorro, du Ghost Rider (à la cylindrée équestre) et de Mon Curé chez les Apaches, les 8 morceaux nouveaux emmènent plutôt nos ‘tiags et nos oreilles traîner dans les décors de Tarantino (notamment Kill Bill, cf. la flûte asiatique sur « Hindsight First ») et de son pote Robert Rodriguez (remember El Mariachi?).

 

Même s’il est vrai qu’aux abords du saloon la basse claque moins insolemment que jadis, elle n’a pas non plus mis un terme définitif à ses séances de trampoline. Et derrière la planche de surf et le Stetson, on trouve toujours d’autres de ces éléments incongrus qui font la patte Sleep Terror: de grosses tranches de Blues la clope au bec, un nuage léger de sonorités Electro/Indus (à la fin de « Hindsight First »), voire un pur riff typé Slayer (à 0:24 sur « No Rest For The Moral »). Et pour rester sur cette dernière couleur, rappelons que la fête du Sleep demeure en bonne partie une fiesta métallique constituée principalement d’un mix moderno-technico-brutal entre Beneath The Massacre et Meshuggah, mais également d’un bon vieux Groove Metal teinté de Stoner’n’Roll – le contexte contribuant ici à ce qu'on ait envie d’évoquer la chose comme une version instrumentale de The Great Southern Trendkill.

 

Si l’on réévalue les reproches précédemment formulés à l’encontre du groupe, on constatera que la fusion entre les divers éléments qui constituent sa musique continue de se faire de plus en plus naturellement, l’impression de juxtaposition ayant presque totalement disparue. On ne trouve par contre toujours pas de vrai tube ultime sur ce nouvel opus, juste de très bons morceaux. Comme « Above Snakes », qui met du temps à arrêter de chouiner mais qui décline ensuite avec brio toute la palette de ce qui fait que Sleep Terror est Sleep Terror. Comme « No Rest For The Moral » qui séduit entre autre par la facilité avec laquelle il impose un long solo Blues plein de feeling entre 2 bourrasques véhémentes. Ou comme « Blatherskite» sur lequel le mariage Tech-Death du tur’fu / Cowboys From Hell fait également des merveilles, notamment à 2:06, quand sont dégainées de ces saccades irrésistiblement lourdes qui donnent envie de s’agiter bovinement l’encolure. Il est juste un peu dommage qu’un album aussi court nous laisse sur un « At Wit’s End » un peu trop classique pour nous impressionner durablement les muqueuses auriculaires.

 

Les lugubres hurlement des chacals du désert et le vol silencieux des vautours nocturnes offrent donc la matière à une sympathique cinquième séance de Terreur Nocturne lors de laquelle le style du groupe continue tout à la fois de s’affiner et de s’affirmer. Et même si l’on préfère quand Luke tire plus fort sur la corde Funk, et si l'on espérait pouvoir enfin propager la bonne parole à l’aide d’un hit imparable qui tarde à venir, on ne peut qu’affirmer une fois de plus notre attachement à ce diable de groupe n’ayant – a priori – aucun équivalent.

 

Alors cesssssez de sssuccer votre pouccce, et offrez-vous cet étonnant vol au-dessus d’un nid de couleuvres!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: pour clôturer la trilogie en cours, Sleep Terror propose un Above Snakes aux faux airs de Retour Vers le Futur 3 dans lequel il emmène son Tech-Modern Death instrumental taquiner le Groove Metal du désert. Alors évidemment, la thématique étant ce qu'elle est, le groupe met un peu le pédale douce sur le Funk et les chemises hawaïennes au profit de ses penchants pour le Surf Rock et l'Americana. Pour autant, si le goût change donc légèrement, le résultat est comme d’habitude à la hauteur de nos attentes.

photo de Cglaume
le 11/05/2021

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/05/2021 à 13:24:47

"Surf Rock instrumental" ? C'est comme "Crust Agressif" non ?

cglaume

cglaume le 11/05/2021 à 13:29:20

C'est généralement le cas oui. Mais si tu élargis le genre aux Beach Boyseries, c'est moins systématique

cglaume

cglaume le 11/05/2021 à 13:32:29

Et puis "Surfin' Bird" quoi !!!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/05/2021 à 18:13:19

Certes, certes...

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