Solace Of Requiem - Casting Ruin

Chronique CD album (44:38)

chronique Solace Of Requiem - Casting Ruin

Le métalleux est extrémiste, élitiste et vicieux. Si si, inutile de m’agiter AC/DC, Steel Panther et autres Tankard sous le nez pour tenter de me faire prendre vos vessies houblonnées pour des lanternes millésimées… Parce que ça ne lui suffit pas, au métalleux, de faire peur au petit Jésus et aux ménagères de 7 à 77 ans avec ses T-shirts affichant boucs pervers, diablotins lubriques et serial Guy Georges débitant de la barbaque à la scie sauteuse. Ça ne ghettoïse pas assez le gravity blast sur tapis de quadruple pédale. Ça n’écrème pas assez la plèbe les refrains boostés aux suppliques porcines et aux shrieks transylvaniens… Non, il faut encore faire le tri parmi les rares mutants dont les terminaisons nerveuses supportent sans mal cette première série d’obstacles. Et pour ce faire, rien de plus simple: il suffit de casser la structure des morceaux, de déformer toute ébauche de mélodie, et de cacher tout semblant d’accroche sous un déluge dissonant de feu, de riffs et de sang.

 

Et dans le genre, les américains de Solace of Requiem devraient ravir les amateurs de metal extrême à la mode « Je me retourne les ongles en les faisant crisser sur un tableau noir ». Parce que leur 4e album – Casting Ruin – n’est quasiment que breaks impromptus, blasteries orageuses, soli rebrousse-poil, harmoniques sifflées crispantes, torrents métalliques indomptés et naufrages nauséeux dans des marécages malsains.

 

Ça fait envie hein, bande de grands malades!?

 

Bon, j’exagère un petit poil parce que sinon ça ne serait pas drôle, mais n’empêche: il faut être bien armé pour se balader en sifflotant quand on a sur les oreilles cette alternance d’assauts chaotiques et véhéments à la Angel Corpse, de tempêtes riffées aux arabesques aussi "limpides" que les plus vicelards des plans de Spawn of Possession, et de ralentissements maladifs dans de sombres dissonances à la Morbid Angel / Immolation. D’autant que le tout est énergiquement animé par un Janus shriek’n’growleur passablement énervé, et que la trame sonore est pesamment densifiée à grands renforts de nappes de synthé lugubres qui restent sagement mais lourdement en fond d’espace sonore. Inutile de vous dire que sur les 9 titres de l’opus, peu de morceaux proposent une structure couplet / refrain / couplet / break / solo / refrain sur le confortable matelas duquel on pourrait se reposer: ici les claques peuvent pleuvoir à n’importe quel moment. Seules les quasi-systématiques introductions – qui brassent joyeusement cambouis de vieux hangar et ambiances de forges infernales – assurent quelques rares instants de calme-avant-la-tempête.

 

M’enfin une fois qu’on a chaussé ses lunettes de protection et sa tenue en kevlar, il devient possible de profiter de passes d’armes dévastatrices qui, régulièrement, laissent pantois. Rien que le boulot à la batterie tiens, et la qualité du son qui empaquette la chose… Et puis 2 de ces 9 titres s’avèrent presque « catchy », en comparaison de leurs congénères. « Casting Ruin » tout d’abord, qui déploie une mélodie tourbillonnante au groove difforme mais séduisant. D'autant que le morceau finit sur une petite trouvaille toute bête mais hyper efficace en la présence d’interruptions de la trame mélodique par des plages de friture type « Pas de station de radio sur cette fréquence chérie ». Fallait oser, mais ça marche au poil! De son côté « Pools of Ablation » est plus lisible et accrocheur encore, les chevauchées black/death à fond de train et les soli bouillonnants ménageant également de la place à des traversées rythmiques tripantes, incluant d’audacieux « levers de crayons » hyper efficaces. De la vraie came de 1e qualité quoi. Comme quoi toutes ces contorsions retorses qui déforment le gros des autres titres sont bien le fruit d'une démarche maligne et systématique visant à séparer ceux qui ont un bon grain de l'ivraie des métalleux easy-listeners…

 

A mi-chemin d’un vieux Decrepit Birth corpse-painté et d’un Gorguts tout tordu de la colonne, Solace of Requiem offre donc une sorte de Death/black technique et inconfortable (… et – surtout – manquant de feeling « humain ») qui pourra peut-être parler aux fans de Stargazer ou de Mutant. M’enfin mieux vaudra ne pas être effrayé par le metal hermétique, tourmenté et fulgurant… Parce que dans ce cas, au terme de l'écoute de Casting Ruin, vous ne saurez plus si c'est de la tête que vous souffrez le plus, à cause des migraines, ou de la mâchoire, à cause des bâillements…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: tempêtes de blasts, polyphonies de shrieks et de growls, tourbillons de guitares hystériques… Mais aussi solos dissonants, errements nauséeux sur des tempos maladivement caoutchouteux, et déstructuration à tous les étages: Solace of Requiem n’est peut-être pas le plus technique ni le plus hermétique des groupes de death/black tourmenté (… quoique), mais il faudra de nombreuses écoutes pour s'extraire du brouillard qui stagne autour des compos de son 4e album afin d'en discerner les contours. Et cela ne sera même pas forcément suffisant pour réussir à ne pas s’emmerder...

photo de Cglaume
le 24/06/2015

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