Soul Grinder - Lifeless Obsession

Chronique Maxi-cd / EP (21:19)

chronique Soul Grinder - Lifeless Obsession

Si la chaleur n’a pas été si insupportable que ça sous les parasols de juillet 2020, c’est en partie parce qu’on y a senti souffler le vent vif et frais de Chronicles of Decay, premier album de Soul Grinder. Tel un planteur agrémenté d’une vraie gousse de vanille, l’album s’était avéré à la fois classique et capable de nous surprendre, plus varié que la moyenne, inspiré, tout en maintenant la pression via une combinaison habile de blasteries sans concession et de fraîcheur scandinave.

 

Mais le temps passe vite quand on le passe à crachoter derrière des masques et à dégainer des QR-codes. Et l’on se retrouve en un rien de temps à arpenter les plages de l’année suivante, loin au-delà des limites de l’actualité brûlante. Situation insupportable s’il en est pour nos amis brêmois qui ne peuvent concevoir de finir oubliés sous les sorties Deathcore et Post-Black 2021. Alors hop, coup de fil au label MDD, passage éclair en studio, et bam : sortie de Lifeless Obsession, EP apéricubes & ‘cahuètes qui devrait permettre de rester dans le game en faisant patienter les spotyfiers impatients jusqu’à la prochaine bourrasque longue durée.

 

Garant de la tradition allemande du You-Get-What-You-Want (ou plutôt du Du-Bekommst-Was-Du’Willst), Soul Grinder réapplique à nouveau la même recette que sur son précédent opus… Et nous gâte donc une fois de plus, même si l’effet de surprise est forcément un peu atténué. Ratatinage dans les règles de l’art, « Night's Bane (Nyktophobia) » fait pleuvoir les coups comme un bataillon de soudards polonais à l’assaut d’une distillerie de vodka passée sous contrôle de l'ennemi, ceci tout en se parant des sombres mélodies d’un Necrophobic (l’acidité du propos pouvant également s’expliquer par la présence du vocaliste des BeuhMeuh de Negator). Le groupe mettant un point d’honneur à ne pas passer deux pistes de suite sur le même chemin, il met un grand coup de volant dès « Mercyful Fate ». Alors non, bien que le titre puisse induire en erreur, il ne se met pas à pousser des cris de harpies en grimaçant un Heavy occulte, mais plutôt à pratiquer un Death’n’Roll groovy et un peu facile (incluant de ces Hey ! Hey ! Hey ! pour pit bovin) qui devrait parler aux fans de Six Feet Under. Notez qu'une bonne vieille poussée D-Beatesque en fin de première mi-temps permet à la chose de couler tout seul dans le gosier.

 

Ne vous attendez pas à moins de variation sur les 3 autres morceaux. Car « Terradeformer » adopte la démarche du guerrier vaillant que l’enthousiasme guide vers le front, son avancée étant ponctuellement  boostée par des poussées de furie Death/Black. Sur sa route, il s'offre par ailleurs pour la 2e fois d’affilée (c’était déjà le cas sur « Night's Bane ». Aurais-je omis de vous le dire ?) une pause nostalgie prenant la forme de chœurs féminins nimbés de synthé discret. Mais si, rappelez-vous: comme en cette époque lointaine où les groupes de « Death Atmosphérique » suggéraient l’arrivée de la sorcière des bois / de la poétesse maudite / de la défunte fiancée entre deux riffs noirs et velus. Plus ramassé, plus binaire, plus défensif aussi, « A Worm’s Repast » mord les curieux qui s’approchent trop près, mais aère la pièce d'un brin d’air frais lors de ralentissements plus Rock’n’Roll et – surtout – à l’occasion d’un solo généreux. Dernier à franchir la ligne d’arrivée, le morceau-titre appose un point final à coups de mélodies électro-acoustiques, d’assauts héroïques et de classicisme de bon goût – on n’est pas loin de brandir l’épée à l'unisson avec les loustics.

 

Rien de vraiment neuf Outre-Rhin, donc. Sauf que cette fois encore, la volonté affichée par Soul Grinder de varier les plaisirs old school crée un véritable sentiment de satisfaction chez l’auditeur qui a un peu l’impression de se retrouver face à une véritable sortie des 90s – pleine de rebondissements et de pistes dont on se rappelle naturellement les titres – et non à l’un de ces hommages pleins de bonne volonté et de maladresse mêlées sortis avec 20 ans de retard. On encourage donc vivement cette obsession tout sauf malsaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: les 5 titres de Lifeless Obsession décline à nouveau la formule gagnante mise au point l’an dernier sur Chronicles of Decay. Préparez-vous donc à un Death Metal à la brutale ossature polonaise, au noir duvet scandinave, mais également piqueté de diverses épices old school, tous ces ingrédients permettant la confection d’un ragoût nourrissant mais pas dénué de subtilités.

photo de Cglaume
le 27/10/2021

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements