Storm Of Sedition - S/T

Il existe des paradoxes dans le monde musicale. Car si le Crust semble est un genre hyper-codifié pour les béotiens, trouver des combos ayant les bonnes proportions pour que leur recette soit vraiment crédible est plus complexe qu'il n'y paraît. Il faut connaître les codes si on veut les respecter.

Parfois trop noisy, trop lent, trop lourd, trop emo, mais surtout trop metal dans la majeur partie des cas, beaucoup de formations n'ont de Crust que de vagues sonorités. A croire que le terme est devenu une espèce d'estampille, gage d'une musique anti-commerciale pour les nases. Commerciale/anti-commerciale, un débat ridicule au niveau des fans pitoyables de Dieudo qui croient encore que le comique pas drôle est un dissident éclairé et non pas un capitaliste avisé.

Storm Of Sedition vient de Colombie Britannique et malgré son jeune âge ne trompe aucunement sur la marchandise. Ce sera la dissidence enragée et pas le capitaliste à viser.

La pochette rappelle en effet le meilleur du D-Crust 90's en évoquant le logo de Battle Of Disarm.

L’engagement du groupe ne trompe pas non plus : haine de la civilisation, aversion envers la domestication et toutes forme de contrôle, résistance forcenée envers le capitalisme, les outrances de la technologie et de l’industrialisation. Un combat perdu d’avance.

Voilà pour le fond rapidement présenté, libre à vous de le creuser. Quoiqu'il en soit, l'anarcho-primitivisme dont se réclament les Canadiens, rassemble les thèses les plus extrémistes du mouvement anarchiste.

Concernant la forme, il n'y aucune maldonne également. L'abrasion de l'âge d'or de la scène ressuscite dans le cas où elle aurait disparu, un quart de seconde. "Moutains Of Waste", rassemble, en effet, pas mal de codes du baiser amouraché... à la pelle. Les deux chanteurs sont parfaitement complémentaires, conjuguant les vocaux hurlés et ceux plus graves du Death. Le chant clair ou plutôt le « parlé » clair a droit au chapitre également. Pour déclamer ses convictions anarcho-punk, il n'y a pas mieux. Avec de courtes tirades au timbre épisodiquement féminin comme sur le furieux "Dead Of Night".

Il y a d'ailleurs de forte chance qu'un des chanteurs soit en réalité de sexe féminin mais étant dans l'impossiblité de contacter le groupe, je n'ai pas eu confirmation.

Dès le second titre, le rythme D-Beat prend le dessus. Il régnera désormais en maître quasi absolu.

L'énergie des Canadiens devient alors assez bluffante. Loin d'être redondants malgré une sauvagerie omniprésente, les morceaux constituant cette démo tendent même vers le Grind sur des breaks blastés du plus bel effet. L'antique Stench est aussi invoqué sur l'intro pesante et métallique du dernier morceau.

Livrer une musique dotée d'une férocité permanente, respecter ses aînés tout en tant imposant sa patte, ces trois critères, nécessaires à une bonne plaque de Crust sont loin d'être faciles à rassembler. Storm Of Sedition y arrive haut la main.

Chapeau messieurs (dame ?).

Crom-Cruach

le 23/07/2014