Strigoi (Chili) - Black Magic Fumes
Chronique CD album (35:00)
- Style
Brouet Heavy'n'Evil Speed / Black old school - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
24 October 2024 - Lieu d'enregistrement Mammoth Circle Studios
- écouter via bandcamp
NON, « Strigoi », n’est pas l’anagramme de Troisgros.
>>>> il lui manque facile 2 lettres. Et puis sa cuisine est nettement moins raffinée (explication). Si vous voulez tout savoir, dans le folklore roumain le strigoi est censé être un cousin plus ou moins germain du vampire (explication, bis).
NON, ce Strigoi-ci n’a pas été fondé par Gregor « Paradis Lost » Mackintosh, et le Abandon All Faith chroniqué à même pas deux clics d’ici par mon Cromy de collègue n’est pas le fruit de sa muse.
>>>> Le « (Chili) » maladroitement inséré dans son patronyme pour satisfaire aux critères d’unicité édictés par le boss et webmaster de ces lieux vous l’indique : il y a bien plus que la Manche à traverser pour se rendre dans son fief.
NON, ‘y a pas de honte à conserver le logo qu’on avait conçu au fond de la classe, pendant le cours de sciences nat’ de Mme Bêchu.
>>>> Death lui-même a longuement procédé ainsi. Et je ne crois pas savoir qu’on lui ait lancé des boules puantes ni fait des croche-pattes en représailles pour ce genre d’excès de naïveté !
NON, la chronique ne va pas se cantonner à une liste de dénégations jusqu’à son terme ultime.
>>>> Moi aussi ça finirait par me gonfler.
Strigoi, donc, est l’une de ces nombreuses formations à la fois hirsute et sexy, sauvage et qualitative, que le Chili exporte en quantités non homéopathiques depuis quelques petites poignées d’années. Mais cette fois il n’est pas question de Thrash virtuosement teigneux, mais d’un gros ragoût proto-Metal extrême dans lequel baigne autant de Black mélodique que d'evil Heavy, de Thrash’n’Roll que de Punk craspouille – la teinte dominante du biniou demeurant le Metal rétro-occulte typique de cette époque où l’on ne craignait pas de sombrer dans le ridicule le plus crasse tant qu’il y avait une chance de faire peur à la ménagère de plus de 40 ans – et idéalement à ses propres parents. La pochette l’indique judicieusement : ici, on est autant dans les premiers Emperor que chez King Diamond. Voire pas loin des Sunlight Studios, par moments, aux alentours des débuts punky de Madame HM-2. Ça sent le cuir clouté, les pierres tombales en carton noyées dans la brume, et les pseudonymes plus-Metôl-que-moi-tu-diiiie (un tonnerre d’applaudissements pour Horrorhammer à la batterie, Thunderbolt à la guitare, et Volcanic au micro).
Vous pourriez deviner tous seuls les ingrédients de cette recette ancestrale, mais je vais vous mâcher un brin le travail. Oui :
- l’intro « Karpatennacht » semble extraite d’une bande-annonce conçue par la Hammer
- de cette marmite de décibels bouillonnants jaillissent à intervalles réguliers des cris de castras ayant mangé de la chauve-souris au petit-déjeuner
- la prod’ restitue à merveille l’ambiance glaciale et humide de ces caveaux où sont cultivés amoureusement champignons et malédictions
- ceux qui réchapperont de cet escape game organisé par Nosferatu himself se laisseront aller à la mélancolie électro-acoustique de l’outro au-coin-du-feu « Wallachian Mist »
Vous connaissez déjà les lieux : cela vous permettra de vous sentir d’autant plus en confiance, comme à la maison. Ces riffs cavalant follement, ces coups de sang rustauds, ces mélodies qui hésitent entre le Black/Death de Dissection et le Heavy/Speed maléfique, ces trémolos vintage certifiés Contes de la Crypte : vous aussi, ça vous fait d’agréables gouzis, pas vrai ? Et qu’il est bon de ne pas avoir à choisir entre ces différents styles, comme en cette époque chérie où les chapelles extrêmes n’étaient pas aussi cloisonnées. D’autant que fleurissent également ici quelques langueurs doomy, et quelques rondeurs Rock’n’Roll…
Vous n’avez le temps que d’admirer deux ou trois toiles de cette galerie ? Alors commencez par le large panorama « Over The Funeral Drapes », refaites le plein à la pompe du plus in-your-face « Excoriated by the Sulphur's Night », puis terminez sur les horizons Black/Death de « Sarcophagus Vapours », qui a l’avantage d’être aussi catchy que vigoureux. M’enfin, conseil d’ami : vous feriez mieux de prendre le temps de visiter les lieux de A à Z. Et ne soyez pas étonnés si, une fois sortis de ce délicieux train fantôme, vous vous retrouvez avec une succube tatouée sur le poitrail et un slip en cuir clouté pour toute tenue !
La chronique, version courte : les Chiliens de Strigoi sont nostalgiques de cette période où l’on ne distinguait pas vraiment le Heavy/Speed occulte du Punk’n’Roll crasseux, ni du proto-Metal extrême vociférant. Ils ont donc rassemblé leurs plus grands kiffs musicaux (du moins ceux ayant une épaisse patine vintage) au sein de la marmite Black Magic Fumes, un peu comme d’autres, dans leur coin, se font des rétrospectives Louis de Funès ou des relectures des Pieds Nickelés : comme un trip un peu égoïste. Sauf qu’eux laissent la porte ouverte aux autres vieux patchés de la même espèce qui passeraient aux environs. Et pour le coup, une fois acceptée leur hospitalité, on réalise à quel point leur nostalgie est contagieuse !
1 COMMENTAIRE
Aldorus Berthier le 09/01/2025 à 11:05:53
J'allais rétorquer que roh quand même il est pas dégueu ce logo.
... Pis j'ai zoomé sur mon navigateur.
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