Suffering Hour - The Cyclic Reckoning

Chronique CD album (45 mn)

chronique Suffering Hour - The Cyclic Reckoning

Lors de la présentation du top albums 2020 sur notre ‘zine, la mention du très bien placé Stare into Death and Be Still des Néozélandais d’Ulcerate a été l’occasion d’insister à quel point j’étais resté devant cette pure séquence de Death Metal « comme deux ronds de flan », tellement a été proposée avec cette sortie « une musique à l'extrême densité (paie tes riffs tortueux à déchiffrer pierre de Rosette en main) », avec « des titres à la fois techniques, profonds et variés ». À dire vrai, je pensais devoir attendre pas mal de temps avant de poser les oreilles sur un tel riffing, qui emportait tout…

 

…Me voilà à nouveau « comme deux ronds de flan » devant le second long-format des Américains, originaires de Forest Lake dans le Minnesota, Suffering Hour. Ce trio est encore assez peu connu en dépit d’un précédent et déjà très bon In Passing Ascension (2017) et de quelques runs américains (avec Sinmara) et européens (avec Malthusian). Alors que The Cyclic Reckoning (chez Profound Lore Records) approchait, pas mal de personnes ont commencé à frétiller du bulbe et à vibrer du pubis devant les premières minutes proposées à l’écoute. Et j’ai été rapidement l’un de ceux-là.

 

Ma stupéfaction tient à peu de choses, mais en fait à l’essentiel : la complexité et l’originalité des compositions, encore plus discordantes et déstructurées que celles de la récente offrande ulceratienne. En d’autres termes, j’ai rarement entendu une telle offre de riffs comme celle proposée ici. Et cela commence avec la première salve "Strongholds Of Awakening" : après une quarantaine de secondes bien ambiancées et deux minutes de montée en régime, l’auditeur est aspiré dans un tourbillon de feu charpenté par des riffs vitrioliques et assez flippants, comme si nous étions entourés de diablotins menaçant de nous embrocher les miches avec leurs piques. Les grognements de DgS, chanteur et bassiste, ne vous rassureront pas davantage. Cette cascade infernale de rythmes abrasifs et de sons de gratte acides, encore plus typés que chez Devil Master, révèle en creux une réelle agilité technique, qui suinte de chacune des 45 minutes de ce méfait fielleux.

 

Ce travail ébahissant se poursuit avec les huit minutes de "Transcending Antecedent Visions" et de "The Abrasive Black Dusk Part II", qui proposent une musique certes plus lente, plus planante, plus hypnotique mais toujours aussi complexe à vous filer le vertige. Un tel jeu de guitare, surtout pour le second, vous rappellera certainement celui très caractéristique de l’USBM façon Inquisition. De son côté, "Obscuration" repart sur un rythme dantesque avec toute la sauvagerie qu’impose le Black/Death ; l’explosion à la moitié de la 5ème minute fait hérisser le poil… Il en ressort un bouillonnement d’émotions, puissantes mais délétères, portées également par les paroles centrées sur les thèmes de l’obsession, des angoisses et des fragilités mentales. On ne s’y attend pas du tout mais le dernier segment "The Foundations Of Servitude" part sur pas moins de 16mn30s ! On y retrouve un mix délicieusement chaotique et si peu orthodoxe, entre l’intensité démentielle d’un Death dissonant et la densité atmosphérique, presque ésotérique, d’un Black hypnotique. Le temps d’un morceau, d'un énoooooorme morceau, Ulcerate s’acoquine avec Oranssi Pazuzu. C’est sûr, Suffering Hour a dû travailler sur cette poutre obscure sous l’effet de substances psychotropes…     

 

Cinq titres, cinq temps, cinq mouvements qui vont vous consumer, mais également – sans nul doute – vous déstabiliser, vous étourdir. Alors… Prêt(e)s à perdre vos repères ? Prêt(e)s à vous damner devant cette grosse tartine ‘ricaine de Blackened Death, densément ouvragée ? Abandonnez-vous et alors seulement vous comprendrez peut-être que vous tiendrez là un des albums Death de l’année 2021.

photo de Seisachtheion
le 19/03/2021

1 COMMENTAIRE

pidji

pidji le 30/03/2021 à 23:23:30

j'écoute en ce moment, c'est pas mal foutu, pas contre la voix d'outre tombe ne passe pas trop.

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