Tele.s.therion - In Umbra Malitiae Ambulabo In Aeternum In Triumpho Tenebrarum

Dans l'Underground, et malgré une discographie des plus modestes, les suédois d'Abruptum jouissent du statut de formation culte, souvent citée comme influence, et ses membres se sont également illustrés au sein de groupes tout aussi cultes : Vondur, Ophthalamia, War, Marduk... Pourquoi vous en parler aujourd'hui ? Parce que le disque que je vous propose de découvrir maintenant est une reprise / interprétation / relecture de son premier grimoire de 1994 In Umbra Malitiae Ambulabo, in Aeternum in Triumpho Tenebraum, qui ne comprend qu'une piste improvisée, par Tele.s.therion. Cette nouvelle version de cette pièce permet au projet italien, dans un premier temps, de corriger une faute d’orthographe, en Latin correct, il aurait fallu écrire « tenebrarum » et non « tenebraum ». Le temps a fait son office destructrice, impossible de savoir si cette erreur était intentionnelle ou pas. In Umbra Malitiae Ambulabo, in Aeternum in Triumpho Tenebrarum fait donc suite aux 6h30 de Nekromantische Hexentvm [Ta Megala Mysteria], que j'avais eu le plaisir de chroniquer il y a de ça quelques mois. Cette fois-ci, l'expérience est d'une longueur moins importante puisqu'on a à peu près les mêmes durées pour les deux oeuvres.

Depuis mes quelques modestes mots sur le travail colossal de l'artiste visuel Sandro Gronchi, qui est également le patron de Radical Matters (un label / une maison d'édition que je ne peux que vous conseiller, surtout si vous aimez les beaux objets artisanaux), nous avons assez longuement échangé par mail sur des sujets variés, comme la création musicale, les dérives sectaires, le music business, mon amusie... Des échanges très interessants, nous amener aujourd'hui à aborder ce IUMAIAITT d'une manière un peu plus approfondie. J'ai à l'occasion appris qu'il s'était inspiré des travaux de Karlheinz Stockhausen, ou de George Maciunas et du mouvement Fluxus. C'est certainement pour ces raisons que l'on retrouve ces diagrammes

Hormis le court prélude, composé pour l’occasion, qui le seul passage de musique « traditionnelle », et interprété par le pianiste Dimpemekug, la totalité de cette nouvelle version de IUMAIAITT a été conçu, joué et enregistré lors de différentes sessions par Sandro Gronchi, qui affirme ne pas être du tout un musicien. Pour cela, il a travaillé sur la "partition graphique", un peu à la manière des story-boards utilisés dans le domaine du cinéma.

Tele.s.therion est toujours tenant d'un Black Metal acousmatique fait de déconstruction et reconstructions des repères musicaux qui nous sont familiers. Une fois de plus, l'album est proposé dans un master audiophile dont les fichiers pèsent plusieurs gigaoctets. Mais rassurez-vous, de l'aveu même du musicien, il n'est pas nécessaire de posséder matériel de reproduction sonore pro ou hors de prix qui est en fait une sorte de Graal subjectif inatteignable. La profondeur du son et son ressenti sot les plus important pour goûter à sa pleine mesure la musique du projet.

L'oeuvre originelle d'Abruptum était et reste un maître étalon en matière de musique malsaine et dérangeante, me donnant systématiquement l'impression de surprendre mon père en train d'enterrer le cadavre de ma mère dans la cave de la maison familiale. L'italien parvient à réaliser l’exploit de proposer une relecture à la fois fidèle dans sa capacité à restituer ces ambiances glaçantes et perturbantes tout en livrant une version personnelle pour laquelle le style de TST est immédiatement reconnaissable.

Une fois de plus, comme l'était celle d'In Umbra Malitiae Ambulabo, in Aeternum in Triumpho Tenebraum, l'écoute de ce nouvel album de Tele.s.therion se révèle être un défi qu'il est plaisant de relever si on est à la recherche d'une musique exigeante.

Xuaterc

le 20/06/2023