Tenue - Anabasis

Chronique CD album (33:36)

chronique Tenue - Anabasis

Tenue est un combo Espagnol dont l’abrasif Néo-Crust devrait davantage accompagner les atmosphères émeutières et insurrectionnelles qui nous attendent dans les mois à venir. Marre des insurrections mentales !! Marre de la sono de la CGT et de sa compil Alter-mondialo frileuse et surannée ; nous on veut des ambiances qui nourrissent nos velléités offensives sans neutraliser au passage nos envies de passer à l’acte.

Au minimum, on posera dorénavant pleine balle un bon vieux Tragedy dans la sono. Une ambiance qui aurait au moins musicalement le mérite de susciter l’effroi dans les rangs des peines à jouir en uniforme. Pour une fois, l’Art au-delà de la séparation culturelle et du maintien de l’ordre social dominant qu’il implique, pourrait minimalement avoir cette fonction subversive dont beaucoup illusoirement se réclament. Enfin bref pour comprendre les mécanismes de domination qui sous-tendent le champ culturel et « artistique », je vous renvoie à This Is Dead Art; This Is Dead Time; But We May Still Live Yet de Cassus. L’émo-violence qui déconstruit tout… Mais surtout toutes nos certitudes en matière d’Art et de ses soi-disant vertus.

 

Et voilà que j’m’enflamme, je vous l’avais bien dit, Tenue fait un drôle d’effet. La radicalité de son Emo-Crust vous met la tête à l’envers. En l’écoutant on brule d’envie de dégoupiller et de foutre le feu un peu partout, et pas que dans les consciences hein !! Ça ne suffira pas, la situation dans le monde est bien trop catastrophique et alarmante. Du désarroi, de l’horreur, du mal être et de l’urgence sont au menu d'Anabasis, des sentiments que l'on ressent très bien et de bout en bout sur cet Ep coup-d'poing. Les textes sont profonds mais tombent souvent sous le sens « Silencio ». Un titre qui renvoie à cette fadaise justicière comme quoi le mode de vie privilégié des uns n’existe que par l’exploitation, la misère et l’exclusion des autres. Politiquement et esthétiquement, l’Anarcho-Punk de Tenue est bouleversant d’éloquence.

 

Pour faire le point sur quelques magistraux moments du Skeud, on peut citer entre autres le break mastodonte sur « Cisma » qui s’écrase soudainement et fracasse absolument tout sur son passage. A savourer le poing serré avec cette petite moue patibulaire sur les lèvres que les fans de Metôl aiment ostensiblement arborer. Le couple basse/batterie hyper groovy, et les palm-muting sur la fin de « Silencio » rappellent dans un autre style ceux de « Landmind Spring » de Quicksand ; peut-être la séquence et le morceau le plus catchy « d’Anabasis ». Pour le reste, on alterne entre des moments de pure désolations émotionnelles accompagnés par tout un ensemble de riffs mélodiques et sombres. De la vitesse d’exécution quand les membres de Tenue enjambent dans un mouvement offensif une barricade en feu, et puis des accalmies poignantes lorsque l’horreur des constats et de la réalité reprend le dessus. Emotionnellement et à l’écoute « d’Anabasis » on est partagé entre le désespoir et l’envie de conquêtes affectives et politiques. Des conquêtes et des aspirations émancipatrices qui n’arriveront malheureusement pas à surmonter l’écueil de la violence.

 

Avec leurs camarades de Drei Affen, Tenue joue dans la cour des formations Anarcho-Punk les plus retentissantes du moment. La scène Emo-Crust Ibérique continue à perpétuer le souvenir des « pionniers » et les idées noires révolutionnaires qu’ils transposaient en riffs. Des riffs qui malgré le désespoir qu’ils traduisent, s’écouteront toujours le poing fermé.

 

Tenue en un mot c’est du feu ! Un feu vital et révolutionnaire pour déjouer les dessins sombres et morbides d’un monde aux abois.

photo de Freaks
le 12/05/2020

2 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 12/05/2020 à 09:07:49

Si c'est aussi bon que Drei Affen je vais immédiatement y jeter une oreille.

Freaks

Freaks le 12/05/2020 à 15:11:16

Si t'as accroché à Drei Affen, il n'y a pas de raisons que Tenue ne t'émoustille pas un peu ;)

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