Celestial Sanctuary - Insatiable Thirst For Torment

Chronique CD album (40:25)

chronique Celestial Sanctuary - Insatiable Thirst For Torment

Vous aussi elle vous a tapé dans l’œil cette pochette mettant en scène un malheureux touriste qui se fait livrer de l’Imodium par drones Amazon dans l'objectif vain de contrer une courante choppée dans un bouiboui sordide de Calcutta ? La grande classe ! Le genre qui donne à la fois envie de se faire vacciner contre le rotavirus et de ressortir ses vieux albums de Death Metal illustrés par Ed. Repka et Andreas Marschall. Ah là, j'avoue : bien joué l’endorsement malin d’Infernal Dysentery … euh, Celestial Sanctuary par Big Pharma !

 

Plus sérieusement Insatiable Thirst For Torment est le 2e album d’un groupe de Cambridge qui nous est présenté comme le fer de lance de la « New Wave of British Death Metal », aux côtés de Mortuary Spawn, Vacuous, Cryptworm, Slimelord ou encore Coffin Mulch. Du coup je me sens un peu penaud, voire carrément con, car en dehors du tout dernier, je n’en connais pas un seul. Vous m’auriez dit Slugdge, Cruciamentum et Grave Miasma encore, j’aurais eu l’impression de ne pas être complètement à la masse. Mais là je me sens un peu comme le marchand de Nokia qui vient d’apprendre la sortie du premier iPhone : et de un, je n’ai rien vu venir, et de deux, je ne suis pas persuadé que la chose va prendre. Mais allez, en attendant de voir ce que l’avenir nous réserve, laissez-moi vous dire le pourquoi de mon petit deux…

 

... Par contre, avant de commencer, soyons clair sur un point : si votre but est avant tout de vous prendre une grosse tartine de Death de tradition, avec de l’hostilité en couches bien épaisses, du grognon fulminant qui bougonne la main sur le manche de la hache, des mélodies lugubres et des ambiances glacées – le tout sans oublier une bonne dose de groove –, vous êtes à la bonne adresse ! Car c’est une variante « moderne » (…. Mais sans djenteries ni Synthwave dedans, hein !) de ce bon vieux Death floridien des 90s que Celestial Sanctuary nous propose ici. Avec son lot de menaces occultes et de riffs grimaçants à la Morbid Angel. Mais aussi de la nuque qui patauge dans le gras et le fessu, façon Bo[l]bituary Thrower. De belles leads également. Voire de la grosse boucherie-charcuterie qui tache la blouse (le début de « Biomineralization » a de faux airs de Cannibal Corpse dernière mouture). Pas d'excès de blasts par contre, non, parce qu’on vous le répète : c’est de la bidoche tradi’ qu’on vous sert ici. Et si on a osé un « moderne » quelques lignes plus haut, c’est que les jeunots s’inscrivent dans la mode « rétro » de ces dernières années... Mais sans sombrer dans le fétichisme de la vieille prod’ souffreteuse – non, ici on a beau sentir l’humidité sur les murs du caveau, on constate aussi que la lumière est joliment travaillée, que les oreilles y voient clair comme en plein jour, que tout ça sent l’équilibre, le souci du détail audible et la console amoureusement bichonnée.

 

En revanche, il y a un « Mais » (et vice-versa). Car si la chose est joliment ouvragée, elle est également un peu redondante. Et quelque peu monotone, aussi, à la longue. Oh, on acquiesce de la nuque, quasi inconsciemment, pendant les quarante minutes que dure cette soif inextinguible. Mais c’est rare qu’on se fasse vraiment chopper par les rognons jusqu’à laisser échapper un « Putain, là, ça déchire vraiment ! ». Cela arrive, oui, mais à petites doses. Par exemple quand des twins impériales vous font sentir toute leur supériorité, à 0:41, sur « Trapped Within The Rank Membrane ». Ou à l’autre bout de la tracklist quand, avant de nous quitter (ah les rusés renards !), une minute avant la fin de « Gutted with a Blunt Blade », les Britons enclenchent le mode « balancier à groove » – le mouvement créé pour l’occasion ne pouvant laisser personne indifférent, même pas votre vieille grand-tatie décatie qui ne gémit que sur Tino Rossi. Mais on avait ouvert ce paragraphe pour se plaindre, alors finissons le boulot. Car il est une autre caractéristique qui nous fait ici arborer une moue lippue : la difficulté qu’a parfois le groupe à terminer proprement ses morceaux. Le problème ? Celui-ci parachute souvent une conclusion pas franchement raccord avec tout ce qui a été tricoté précédemment. C’est le cas sur les deux premiers morceaux, mais aussi sur « The Lurid Glow of a Dead, Burning Body », par exemple. Or il faut bien avouer qu'on n’est pas trop fan de se voir proposer un kouglof en dessert après s’être envoyé un festin vietnamien des plus raffinés…

 

Mais trêve de scrogneugneuteries. Parce que je vous connais : tout ce que vous demandez, au fond, c’est une bonne raison de vous décrasser tympans et cervicales, d’invoquer Lucie Fer et sa sœur Mortie, et de boire de la cervoise dans le crâne du voisin du dessus. Or, pour ceux qui souhaitent se cantonner à ce genre d’activités hautement ludiques, Insatiable Thirst For Torment fait carrément le taf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Insatiable Thirst For Torment ce sont les griffes fourchues de Morbid Angel, le groove fessu d’un Obituary conduisant le panzer de Bolt Thrower, des moyens techniques modernes, des accointances avec la sphère rétrophile… Et qu’on y voit les ferments d’une « New Wave of British Death Metal » ou non (… non), cela suffit largement à fournir un pain quotidien de qualité au death freak moyen.

 

photo de Cglaume
le 08/12/2023

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/12/2023 à 16:06:09

Du OSDM sympa surfant sur la nouvelle vague ricaine.

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