The Chorizo Vibes - Jigoku No Heisei Rhapsody
Chronique CD album (32:24)

- Style
Nawak Metal Kawaï / Punk Thrash Rock - Label(s)
Ailet Records - Date de sortie
6 juin 2018
écouter "Besame Mucho"
L’EP Flying HDD nous avait permis de tremper le bout de nos orteils dans le Nawak Punk Rock Metal de The Chorizo Vibes, afin de vérifier s’il n’était ni trop frais ni trop profond… Parce qu’on est comme ça, arrivé à un certain âge: on prend garde, on se méfie. Mais nom de nom, la température de ce pédiluve discographique était idéale, et on voyait parfaitement le fond à travers 7 titres d’un beau bleu turquoise! Dès lors on n’avait plus eu qu’une seule envie: plonger intégralement dans un album longue durée de la même trempe pour s’y dorer la pilule en faisant la planche et se mettre des couleurs plein les yeux en y faisant du snorkeling musical. Et ça tombe bien: une petite année tout juste après ledit EP, les Japonais ont sorti Jigoku No Heisei Rhapsody (地獄の平成ラプソディー pour les puristes), un premier album au titre signifiant quelque-chose comme « La rhapsodie infernale de l’ère Heisei ». Pour en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie à Wikipedia, votre prof d’histoire japonaise ou votre site préféré de complotisme anti-Nouvel Ordre mondial judéo-maçonnico-5G-satanippon.
Vous vous en doutez: si peu de temps après avoir pondu les magnifiques galipettes foldingues que sont « Veda – ヴェーダ » ou « Kill The Telecaster », il y avait peu de chances que les Japonais se soient mis au Post-Hardcore introspectif. C’est donc avec un plaisir frétillant que l’on a retrouvé ce Punk Rock véloce boosté aux vitamines nipponnes, ces décrochages plus extrêmes entre Thrash[/Death] et grosses coreries moshy, ces cuivres joyeusement joyeux ainsi que ces cabrioles purement Nawak qui nous avaient déjà fait craquer sur l’EP apéro. Par contre d’autres éléments sont venus se taper l’incruste: des chœurs à l’enthousiasme un peu niais, ainsi que des mélodies "High School Rock" aux cartables débordant de nounouilleries a[man]gaçantes… Vous le savez aussi bien que moi: nos amis de l’archipel du soleil levant ne sont pas connus que pour les technologies de pointe, les centrales nucléaires vomissant en bord de mer et le sumo: ils sont aussi le berceau du « kawaï ». Ce qui veut dire qu’ils ont parfois tendance à aimer un peu trop tout ce qui est über gnangnan-trop mignon-rose à vomir. Et malheureusement le côté tout-fou-bondissant des Saucissons qui Riffent vire parfois au trognon-youpi-neuneu que personnellement – je ne juge pas hein, je jauge à l’aune de mes goûts – j’aime moyen (… pour ne pas dire que j’abhorre franchement). Sur l’espace d’un EP on pouvait en faire abstraction, mais sur une grosse demi-heure ça devient plus dur.
D’où, quand « Bakuon High School » s’achève, une fièvre moins intense qu’au terme de Flying HDD…
Alors, c’est grave Docteur?
Pas vraiment non. C’est vrai qu’à la marge ça rend un peu pénible des bouts de morceaux de-ci de-là, dont une grosse partie de « Koshinakasan », d’« A Love Story of a Kappa » et de « Magic i Land ». Ça explique d’ailleurs pourquoi la notation du présent album est un peu frileuse. Pourtant ces sprints déraisonnables, ces injections Ska et ces Nawakeries régulières (cf. le Doo Wop / Cabaret de « Intro », l’affrontement des uniformes sur « Rock Army Vs Jazz Police », ou la Macarena de « Bakuon High School ») continuent de nous mettre en joie. D’autant que tout ça est généralement concentré sur un format court. Voire très court pour « 7roll », dont le début défonce en mode Crust’n’Punk furax, avant de finir plus tranquillou sur du bon vieux Japan Rock. Les excès également très concentrés de « Susume!! Gun Lance!! » sont également assez imparables. Tout comme « Besame Mucho » qui visite l’Espagne là où « Veda » s’était précédemment offert un tour en Inde. Dernier titre qui mérite un grand coup de chapeau, « Creepy Family Plan » démarre aux côtés de Chaplin dans Les Temps Modernes (on croirait un clin d’œil à cette ritournelle, non?) avant de partir ventre à terre comme un Speedy Gonzales tombé dans une marmite de boisson énergisante.
Si Jigoku No Heisei Rhapsody ne permet pas à The Chorizo Vibes de prendre la place d’Ailiph Doepa sur le trône du Nawak Metal japonais, il le met par contre largement au niveau d’un Maximum The Hormone, même s’il boxe dans une catégorie un peu moins velue. On vous conseille vivement de tester le bestiau – à moins d’être 200% allergique aux kawaïeries japaniaiseuses, ici quand même bien compensées par nombre de fonceries joyeusement farfelues.
La chronique, version courte: bien que Jigoku No Heisei Rhapsody puisse partiellement décevoir les réfractaires du fait de quelques épisodes manga/kawaï un peu trop typés, il continue de faire fructifier le potentiel détecté sur Flying HDD. Son mélange de Punk Rock véloce, de Metal velu, de cuivres bondissants et de Nawak dopé à l’enthousiasme japonais devrait sans mal faire de nombreux adeptes.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE