The Third Project - The Rise and Fall of the Ninja Squids
Chronique CD album (21:10)

- Style
post-metal - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
17 février 2023 - écouter via bandcamp
Avec sa pochette chamarrée et comico-cartoonesque digne d’un épisode de Rick & Morty et son titre à rallonge qui fleure bon le calembour trololo-potache élaboré pendant une fin de soirée plus arrosée prévue, le premier album de The Third Project a tout de l’induction en erreur…Un vrai cas d’école pour le chroniqueur fouineur comme pour l’auditeur curieux car rien de tout ça n’est raccord avec le contenu de The Rise and Fall of the Ninja Squids.
Six pistes, 21 minutes, le format est bien vu pour découvrir ce trio qui vient d’un je-ne-sais-où situé du côté de chez nous et qui propose un métal que je me risquerai à qualifier d'alternatif dans la mesure où il balade sa petite barque entre post et modern. Une musique qui n’a en tout cas rien - mais alors pas une once - de rigolo ou de potache, trop occupée qu’elle est à se bâfrer allègrement à tous les râteliers stylistiques du style en M.
Mais les 3 zozos font ça proprement: point de dégoulinade de plagiat sur la serviette, pas de miettes de plans vus et revus laissés la nappe. Du coup, vous trouverez du bien lourd comme dans "Cassandra" (que les amateurs de Junon ou de General Lee devraient bien apprécier), un peu plus - notez le nombre de guillemets - """"hardcore"""" comme dans "Teraflop", groovy comme le puissant morceau d’ouverture "Pandemic Dishwasher" (sérieux, ce titre mériterait un award. Quand est-ce qu’on fait une rubrique "le meilleur titre de titre du mois" sur CoreAndCo?) ou le gojiresque "Quantic Dog Bagg", et enfin, aussi, un peu post-metal comme le superbe "Constant Noise".
On est donc bel et bien dans des plates-bandes où plus d’un jardinier est venu faire ses semis. Mais quand bien même que l’on soit en terrain connu, les titres sont hyper solides, empreints d’un mélange de force et de vigueur qui les rendent aussi crédibles que satisfaisants.
On regrette que la présence du titre "The Future" et ses 130 secondes de bruits blancs, inconfortable matelas bruitiste d’un discours anglo-politico-lofi. Dommage car même si l’on imagine que le groupe, au delà de son imagerie rigolote, a un message (loin d’être inintéressant ou risible ceci étant), la piste est un peu trop longue, mal située, elle casse la dynamique d’un album qui proposerait sinon une progression très bien pensée. Heureusement, le très lourd et poignant “Constant Noise” qui suit fait vite oublier ce petit passage à vide.
La prestation des musiciens est réelle, impliquée et passionnée. On sent que les mecs non seulement en ont sous le capot (techniquement) mais on sent surtout qu’ils en veulent, et pardon mais c’est beau, ça ne joue pas mou du zizou et ça fait zizir. Je sais bien qu’il faut noter le résultat et pas l’intention mais force est de mettre en exergue la qualité de cette dernière et comme l’a dit si bien le philosophe grecquo-paien Cromisthète : "Je fais comme je veux, la porte pour toi, c’est là-bas, sinon ma godasse, pour ta tronche, c’est juste ici!".
Le mixage est lui aussi plein d’effort, satisfaisant, un peu raw, un peu old-school. Est-ce volontaire ? Je ne sais pas. Est-ce gênant ? Non en cela qu’il donne ainsi une touche un peu sombre, un peu "underground" et évite à l'album de devenir trop lisse. C’est un peu dégueu mais c’est du dégueu qui fonctionne parfaitement avec le style. Dommage malgré tout que les guitares soient parfois très muddy et difficile à distinguer du combo basse-batterie quand celui est en mode bastonnade.
Si The Third Project a un style clairement identifiable, sa patte n’est pas encore totalement identifiée. Le plus gros défaut de The Third Project sera sûrement d’être ombragé par tant d’autres groupes proposant le même genre de musique mais de façon bien moins efficace et/ou bien plus lisse. Plutôt que seulement mettre une note positive qui leur permettra un peu plus de visibilité, j’aurais bien aimé avoir l’intelligence, l’expérience et la crédibilité suffisante pour leur donner un bon conseil pour la suite….Zut, j’ai oublié de vous préciser que le chant est assuré par le guitariste et le batteur et que…Ah bah, voilà sur quoi The Third Project pourrait peut-être miser pour se démarquer : ce chant bicéphale qui aujourd’hui n’est peut-être pas encore assez marqué. A creuser donc…
En attendant les coups de pelles, avec The Rise and Fall of the Ninja Squids, The Third Project propose un premier effort qui fonctionne parfaitement et sans effort, une gageure plus que notable vu le style pratiqué. A suivre donc…
On aime bien : des titres efficaces, un post-métal-moderno-alternatif vraiment quali...
On aime moins : un style qu’il faudra défendre bec et ongle et porter encore plus loin pour pouvoir complètement se démarquer des autres groupes.
6 COMMENTAIRES
cglaume le 24/05/2023 à 08:18:17
“ le philosophe grecquo-paien Cromisthète”
🤣🤣
Al le 24/05/2023 à 12:58:26
Salut, alors c'est ptetre mon coté fragilislamowokiss de la police de la bien pensance, mais le mot ratonnade bof (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Ratonnade), je pense qu'on peut celebrer le joyeux deboitage de molaires autrement.
Sinon merci pour le reste, continuez bien.
8oris le 24/05/2023 à 21:54:27
C'est vrai que je pensais au sens plus general du mot mais c'est vrai aussi que ce n'est pas le meilleur symbole qui soit. Je vais changer ça! Merci de cette vigilance que je trouve lexicale plus que politique.
el gep le 25/05/2023 à 06:54:15
Oui mais non, ça veut dire quelque chose et c'est pas cool. On en avait déjà parlé ici, je sais plus qui se gourait aussi là-dessus.
C'est beaucoup trop connoté, quelqu'un va mal te comprendre et je parle pas d'offense mal sentie ou de bienpensance ou je ne sais quoi, juste du SENS des mots. C'est important.
Zoubis.
Vincent Bouvier le 25/05/2023 à 08:22:13
C'est moi, sur la chro de LLNN...
La connotation est quand même très politique...
8oris le 25/05/2023 à 09:26:37
De toute façon, ça a été modifié sans tergiverser ! :)
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