Touché Amoré - Spiral In A Straight Line

Chronique CD album (31:55)

chronique Touché Amoré - Spiral In A Straight Line

L'essence fondamentale de certains groupes est de parvenir à décrire et incarner des instants de réalité, des tranches de vie « objectives », dans le sens où elles concernent très probablement tout le monde, bien que nous n'en fassions forcément l'expérience que subjectivement, et à les regrouper, à faire en sorte que ces vécus subjectifs deviennent des émotions partagées collectivement et par là-même 'légitimées', avec un logique soulagement qui s'ensuit, de cette impression parfois que merde, oui, d'autres gens sentent les mêmes choses d'une façon similaire.... mais comment les atteindre ?

 

Touché Amoré font partie de ces groupes. Plus d'un morceau, d'une ligne de chant, d'une phrase dévastatrice de sincérité, d'une émotion collective littéralement palpable en live, auront fait se dresser les poils de pas mal de monde au cours de la quinzaine d'années d'existence du groupe californien.

 

Spiral in a Straight Line intervient quatre ans après un excellent Lament. Qui faisait suite à un incroyable Stage Four. Qui venait se superposer à un Is Survived By... particulièrement marquant. Qui... j'arrête là.

 

Mais je ne suis pas sûr qu'il soit très pertinent de décrire ce qu'on trouve dans ces 11 pistes, tant il me semble – et peut-être que je me trompe – que le rapport à chacun de ces disques est profondément personnel, selon ce qu'on y projettera subjectivement.

 

Donnons malgré tout quelques grandes lignes : comme sur Lament, le départ du disque aura un petit côté uplift, tirant plutôt vers le positif, et dans la logique des enchaînements des morceaux de Touché Amoré depuis le début de leur carrière, le suivant sera plus rapide, et agrémenté d'un très beau break mélo comme on leur connaît.

A noter également un usage plus important qu'auparavant de la reverb je trouve, donnant quelques ambiances un peu The Cure-like (y'a pas une petite vibe Disintegration sur « Force of Habit »?) et des contours vaguement post-punk à l'ensemble de ce disque, accolé à leur formule de hxc mélo teinté d'indie rock.

L'influence punk rock californienne est toujours là, on ne se refait pas (« This Routine »), et on trouve toujours des 'tubes' catchy parce que oui, ils savent y faire (« Finalist » par exemple).

 

Mais tout cela étant dit et posé, j'ai personnellement trouvé ce nouvel album chouette, mais pas exceptionnel. En-dessous des précédents si vous voulez. Mais là encore, il s'agit probablement de mon rapport personnel et de ma façon de fonctionner vis-à-vis de ce groupe : je fonctionne beaucoup au live et aux paroles, avec Touché Amoré. Et forcément, qui dit nouveau disque dit que ça n'est pas encore disponible (d'autant que les paroles n'étaient pas fournies avec le stream du promo). Et je n'ai donc, malgré les multiples écoutes, pas eu ces déchirements, ces hameçonnages, ces perditions totales au détour d'un mot ou d'une phrase, que j'ai pu avoir avec leurs disques précédents.

Mais encore plus que d'habitude, cette chronique est profondément subjective, et cette note en tête de page (que je suis du coup vraiment bien emmerdé à poser) est très probablement évolutive, et n'engage en rien la qualité du disque.

 

Parce que j'aurais autre chose à en dire : on ne trouve pas forcément ce qu'on pouvait découvrir sur les albums antérieurs, mais c'est normal. On n'écrit pas de la même façon en venant se balader autour des 40 berges et quand on explosait à peine la barre des 25, on n'a pas forcément envie de dire les mêmes choses à mesure que l'on évolue et que l'on prend des années dans la gueule, ou en tout cas pas toujours sous la même forme.

Mon sentiment donc, sur Spiral In A Straigth Line, est que Touché Amoré ont muri, évolué. Vieilli. Mais qu'ils l'assument. Et je respecte ça.

 

En bref, je trouve cet album plus compact et cohérent (parfois répétitif?) dans son ensemble, sans gros tube à la « ~ », « Flowers and You » ou « Is Survived By », mais toujours profondément sincère dans son engagement et dans son expression. Je pense – en attendant une révélation – qu'il tournera moins que les autres chez moi. Mais ça ne m'empêchera pas d'aller voir le groupe n'importe où en France la prochaine fois qu'ils feront un détour par chez nous.

 

A écouter en n'hésitant surtout pas à ne pas être d'accord avec moi et à l'exprimer ci-dessous, il me semble que c'est le cœur de Touché Amoré que de ne pas se laisser conter par d'autres quelles émotions on ressent et ce qui les déclenche. En espérant vous voir au concert et partager tout ça.

photo de Pingouins
le 18/10/2024

6 COMMENTAIRES

Ludwigretsch

Ludwigretsch le 18/10/2024 à 13:45:49

Je l'écoute une fois par jour et il se bonifie pour ma part ; dans la (bonne) continuité de Lament mais sans égaler le magistral Stage Four, on s'en douter un peu... Personnellement j'aime beaucoup Altitude, son refrain Catchy et aérien avec ses chœurs féminins, le vrai moment fort de l'album !

Thedukilla

Thedukilla le 19/10/2024 à 01:59:48

Lament m’avait pas mal chamboulé, mais sans que j’y revienne autant que Stage Four…
Celui-ci me travaille un peu plus les tripes en profondeur, ne serait-ce que pour la triplette « Force of Habit », « Mezzanine », « Altitude ».
Ça fait du bien là où ça fait mal.

Pingouins

Pingouins le 19/10/2024 à 11:14:31

Merci à vous deux d'avoir donné vos sentiments sur le disque, je pense sincèrement qu'avoir plusieurs avis est ce qui lui rendra le plus justice, parce que mon impression personnelle est clairement insuffisante dans ce genre de cas !
Mais bon, je pense que je le précise suffisamment dans la chronique elle même, alors juste merci à vous :)

Tookie

Tookie le 19/10/2024 à 11:32:20

On se rejoint sur l'impression personnelle, car comme je le disais également dans ma précédente chro de Touché Amoré, le groupe fait partie de ceux avec lesquels on entretient un rapport extrêmement personnel dans lequel se noie l'objectivité.

J'ai beaucoup aimé celui-ci. Il connait des très hauts (je te rejoins Thedukilla !) et un petit bas mais sa courte durée joue en sa faveur. Un très bon cru pour ma part !

Freaks

Freaks le 22/10/2024 à 16:45:49

Plus je l'écoute et plus je l'apprécie aussi...

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 29/10/2024 à 01:50:22

Allons, Stage Four demeure incomparable au-delà du sentiment personnel... Y a de ces albums qui ne marquent guère qu'une personne sur sept milliards

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