Unkind - Pelon Juuret

Chronique CD album (33:26)

chronique Unkind - Pelon Juuret

Le retour des Finlandais, deux ans après leur très bon Harhakuvat, est l'assurance d'un moment à part dans la scène Crustcore scandinave.

Car loin de cloner les efforts de leur frères d'armes, Unkind pratique un Crust en marge des poncifs. Bercé par une mer d'amertume où on peut croiser le vaisseau fantôme de Fall Of Efrafa, Unkind navigue déjà depuis quelques années dans des eaux troubles et inquiétantes où la rage la plus primaire le dispute à la mélancolie.

Mais on ne trouve point ici de traces emo/screamo qu'affectionnent parfois le Crust moderne, celui que je fustige à longueur de chroniques mais qui parvient toutefois à renouveler un genre particulièrement intransigeant, voire figé pour certains.

Pourtant le début de l'album est on ne peut plus classique et particulièrement intense. Une production compacte sert les intentions belliqueuses des Finlandais. Le chant double, brut, facteur important dans le groupe, est en mode berserk pour ravager les oreilles des imprudents : pas mieux pour éviter de filer votre pognon à un psy.

C'est très abrasif, sombre et guerrier comme j'aime. Et quel taf abat le batteur ! Avec un petit côté rock'nroll sur les solos, à la mode du moment. Un peu pénible cette mode d'ailleurs à la longue. A croire que cela devient le signe distinctif du Crust actuel. Va vite me lasser cette affaire en fait.

L'intensité se dégageant des deux premiers titres est terrassante. Les Finlandais arrivent même à ratisser le jardin de Wolfbrigade période Progression/Regression, pour leur rage désespérée prenant à la gorge.

 

Après cette entrée en matière ne laissant que quelques morceaux fibreux épars, "Valtakunta" entonne une intro pesante pour un morceau impressionnant de noirceur et de désespoir.

L'ambiance que parvient à développer régulièrement Unkind prend enfin place et se poursuit sur le quatrième morceau rappelant les heures de gloire, désormais bien lointaines, du monstre Neurosis.

Mais Unkind évite les rares écueils de leur précédent effort, où la lourdeur faisait parfois vaciller certaines plages sous leur propre poids, en aérant des compos comme "Olemisen Peko" par des passages mélodiques assez surprenants.

Pourtant la menace n'est jamais loin et le finnois scandé par le combo apporte la nécessaire fureur d'une langue gutturale sentant l'aube de l’humanité.

Sombre est le monde, sombre est l'avenir et si une énergie de tout les instants ne se dégageait pas des compos de cette musique de fous furieux inspirés, ce serait une vague de suicides collectifs chez les Crusties. Celui qui osera dire « dommage que ce ne soit pas le cas» se prendra la première canette, dans la joue gauche, avant de tendre la droite.

Parfois proche de la folie contagieuse de leurs congénères suédois de M:40, Unkind surprend encore par le morceau acoustique baigné de nappes de clavier que constitue "Saattokoti", une sorte d’épitaphe au douloureux voyage que nous venons d'entreprendre tout au long de cet album granitique, fait de vent, de glace et de larmes.

 

Délaissant les vagues touches progressives de Harhakuvat et nanti d'un son particulièrement redoutable, Pelon Juuret (Les racines de la Peur) consacre enfin Unkind comme un grand de la scène Crust internationale. Ne cédant jamais à la facilité ni à la compromission, les Finlandais ont pondu un indispensable de l'année.

photo de Crom-Cruach
le 01/08/2013

2 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 01/08/2013 à 10:34:58

Excellent disque, je n'étais pas parvenu à entrer totalement dans leur disque précédent, mais là, c'est du tout bon !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/08/2013 à 14:34:57

Yes mais des boulettes à corriger dans la chro, une fois de retour à la maison

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