Uulliata Digir - Uulliata Digir

Chronique CD album (38:37)

chronique Uulliata Digir - Uulliata Digir

Vous là. Oui, vous. Vous avez apprécié Muuntautuja, le dernier album d'Oranssi Pazuzu, et il me semble même qu'il a fini dans quelques tops de fin d'année, si je me souviens bien. 2024 est loin déjà.

Et bien pour essayer d'entamer 2025 du bon pied, en slalomant entre les dingueries qui se passent jour après jour, vous devriez vous intéresser à ce premier album des Polonais.es de Uulliata Digir.

 

Avec un nom abscons que l'on imaginerait tout à fait figurer sur une de ces affiches du Roadburn où on ne connaît presque rien (et où on n'arrive pas spécialement à prononcer grand chose non plus), la musique pratiquée par le combo n'y ferait pas non plus pâle figure, proche de celle des Finlandais cités en tête de chronique sans pour autant n'en être qu'une pale copie ou de simples suiveurs.

 

Prenez le premier titre, tiens. « Myrthys » de son patronyme, quinze minutes au compteur. Premier point donc : on ne peut d'entrée pas reprocher à Uulliata Digir de rechercher le catchy ou la facilité d'accroche. Je veux dire, regardons la structure d'ensemble : trois morceaux longs (plus de dix minutes, séparés par deux interludes très courtes, pour un format donc relativement peu radio friendly et assez éloignés des standards de la pop culture.

Et si l'ombre de Oranssi Pazuzu plane effectivement au dessus de leur créativité, on pourra également assez facilement retrouver des évocations black/death psychédélique que ne renieraient pas nos petits chouchous d'Epiphanic Truth (dont on espère un nouvel album après l'excellent Dark Triad), une incursion de cuivres hallucinés prenant forme de trompette pour saluer de plus ou moins près Imperial Triumphant (en moins jazzy-indus-urbain que les New Yorkais cependant) ou encore un entrecroisement de voix bien différentes (l'une 'extrême' et l'autre claire mais assez perchée) et qui prendra presque la forme de mantra sur la seconde partie du morceau (chose que l'on retrouvera plus tard sur le disque).

Bref : dès le premier morceau, les raisons de s'intéresser à cet album sont déjà foultitude.

 

Le second (« Omni Dirga ») ne fera pas mentir cette impression non plus, allant là encore chercher du côté de chez Imperial Triumphant mais aussi peut-être chez Ashenspire après une intro plus bruitiste. Et arrêtons là pour le moment en ce qui concerne l'approche descriptive de cette chronique.

 

Il se passe tellement de choses tout au long de cet album qu'il peut paraître un peu fouilli, notamment si on en fait une écoute un peu distraite. Pour que tout 'prenne sens', en quelque sorte, pour que sa logique se révèle et que ses éléments s'emboîtent, il faudra probablement lui accorder un certain nombre de rotations et une belle attention. Ce qui peut également s'avérer fatigant.

Mais le jeu en vaut sacrément la chandelle si vous faites partie des gens qui ont apprécié les productions des groupes dont j'ai nonchalamment balancé les noms plus haut.

 

Une approche résolument avant-gardiste et expérimentale du black/death, avec une touche de post aussi peut-être, qui fait qu'on pourrait même peiner à les catégoriser encore au sein de cette école, laissera probablement sur le côté celles et ceux qui ne jureraient que par un rapport plus strict aux genres.

On trouve ici tellement de détails et de sonorités inattendues (pour ne prendre que deux exemples, ces expirations à partir de la barre des 5 minutes sur « Myrthys », ou ce râle Rinuwat-ien accompagné de slides faussement maladroits et chuitants tôt dans le dernier morceau « Eldrvari ») que le potentiel de réécoute est vraiment important (pour peu que ce soit ça qu'on recherche parfois dans la musique.

Pour le dire de façon très directe : cet album devrait être écouté par le public dont j'ai fait mention, et finir assez logiquement dans des tops. Ouais, c'est sorti le 10 janvier. Et ça se pose déjà là.

 

Bref, inutile donc de s'éterniser plus longtemps. A ce moment-là de la chronique, vous devriez savoir si vous faites partie dudit public. Si c'est le cas, n'hésitez pas. Et sinon, tentez quand même ! Ce premier album de Uulliata Digir pourrait vous surprendre.

 

A écouter pour se donner un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler la prise de trip vraiment bizarre tout en roulant au beau milieu d'une tornade, tandis qu'un pote joue de la trompette sur le siège arrière.

photo de Pingouins
le 17/04/2025

5 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 17/04/2025 à 11:12:29

Ah ouais, impressionnant ! C'est ultra dense, va me falloir plusieurs écoutes 

Black Comedon

Black Comedon le 17/04/2025 à 15:14:07

Eh bien un grand merci, c'est trop bien ce truc, je rentré dedans dés les premières secondes ce qui n'a jamais été le cas pour Oranssi Pazuzu, pourquoi ? Je ne sais pas, mais vaut il mieux le savoir ou pas comme dirait Katerine ?
En tout cas la Pologne c'est tout plat mais ils ont quand même des groupes incroyables qui méritent comme Indukti ou Entropia dans le genre ont fait pas comme les autres et c'est pour votre plaisir !

Pingouins

Pingouins le 17/04/2025 à 17:53:16

A vot'service !
Bon par contre on vient de voir Oranssi Pazuzu au Roadburn et c'était une dinguerie.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 22/04/2025 à 14:22:29

Ton goût pour l'euphémisme ne rend pas assez honneur à la place number one qu'a décroché Oranssi Pazuzu dans le top 2024 de la team, j'oserais dire.

Moland Fengkov

Moland Fengkov le 22/04/2025 à 15:17:21

Hehehe cette chronique me parle !

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