Wargasm (UK) - Venom
Chronique CD album (40:46)
- Style
Neo Electro/Indus Teen Metal - Label(s)
Republic Records - Date de sortie
27 octobre 2023 - écouter via bandcamp
Quelque-part il est logique que ce soit le premier album d’un groupe comme Wargasm qui me pousse à écrire ma première chronique macronienne. Pas macroniste hein, vous ne trouverez ici nul prosélytisme pour le PDG de le startup nation… Oh non ! Et pas non plus macronienne au sens de « jeuniste », quoique cela aurait été assez approprié tant cette formation anglaise est encore très fraîche (2019 est l’année apparaissant sur son acte de naissance) et manifeste tout les signes extérieurs d’une adolescence exubérante à peine terminée. Le néologisme macronien est ici utilisé pour faire référence au désormais célèbre « En même temps » ayant servie un temps de feuille de route à l’habile bonimenteur installé à l’Elysée.
Chronique macronienne, donc, car Venom est l’archétype de l’album en même temps très cool, et complètement insupportable. Qui mériterait en même temps un 8,5/10 pour sa modernité et sa personnalité, et un 4/10 pour son manque de substance et son insupportable superficialité.
Mais expliquons rapidement qui sont les jeunes braillards qui nous inspirent un tel accès de schizophrénie chroniquatoire. Wargasm est un duo constitué de Sam Matlock et Milkie Way (… oui, moi aussi ce pseudo m’escagace). Mat est le fils de Glen Matlock, le bassiste originel des Sex Pistols, à qui l’on doit une bonne partie du contenu de Never Mind the Bollocks. Milkie est un ex-mannequin qui a abandonné ses études dans la mode parce qu’elle ne supportait plus qu’on lui dise ce qu'elle devait faire. Après des débuts essentiellement Pop/Punk, la paire – qui a priori partage un même amour pour Limp Bizkit – s’est mise à injecter des éléments Rap et Nü Metal dans sa musique. Sans doute parce que c’est ‘achement plus swag ainsi.
… Un GROS potentiel « tête à claque », donc, considéré depuis mon côté de la lorgnette.
C’est la pochette de Venom qui, la première, m’a tapé dans l’œil, au gré d’un post Facebook via lequel une connaissance recommandait l’album à une autre, ponctuant son conseil de l’équivalent d’un « Tu vas voir, ça démonte ! ». Une pochette sacrément « en même temps » pour le coup, à la fois cyborguement destroy et gentiment « Club Dorothée », entre Goldorak et Les Chevaliers du Zodiaque.
Le style pratiqué, vous l’aurez compris, est très « en même temps » lui aussi. Car d’un côté ce mélange de Néo, d’Electro/Indus et de Rap Metal est assez excitant, moderne et relativement innovant. Quoiqu’il puisse également être considéré comme un mix un peu putassier de genres bankables relativement peu sophistiqués, donc pas bien difficile à maîtriser par un requin de studio.
Le duo à l’œuvre derrière le micro est indéniablement « en même temps » là encore. Car en dehors des formations typées « Beauty & the Beast » qui ont eu le vent en poupe à une lointaine époque (cf. l’époque de Theatre of Tragedy et de ses avatars), ils ne sont pas si nombreux ces groupes qui mêlent avantageusement un chant masculin vénère et un chant féminin lunatique et sexy. Sauf que trop souvent, ce mélange se résume à Mat qui s’égosille dans un registre je-fais-un-caca-nerveux saturé, et à Milkie qui joue les Gwen Stefani lollipop recyclant les invendus des Spice Girls (à 0:40 sur « Bang Ya Head », ou plus largement sur « Outrage »).
Maic ce qui est plus gênant encore, c’est cette track list terriblement « en même temps », qui regroupe à la fois des putains de tubes méchamment convaincants (un « Ride the Thunder » tendu et accrocheur, un « Do It So Good » lorgnant vers The Prodigy, un « Bang Ya Head » super efficace avec Fred Durst en guest, un « Modern Love » assez irrésistible construit autour d’une jolie mélopée…) et de pures tranches de vide créatif gonflé à l’hélium de gros riffs binaires, de beats in your face et d’une prod’ énorme et hyper saturée, les uns et les autres étant chargés de masquer une terrible vacuité derrière un mur de son hyper maousse (cf. « Minigun », « S.A.D. » dont les rares clins d’œil à Ministry ne trompent personne, « Outrage »…). L’oscar de la teenerie la plus lamentable et du vide le plus intersidéral sera attribué au conclusif « Sombre Goodbye », morceau qui initialement se drape dans les brumes d’une mélancolie dépressive pour mieux interrompre ces jérémiades par un mini-speech confondant de naïveté : « Mais qu’est-ce que tu fais ? Tout le monde se fout de tes chansons tristes. On est Wargasm, et Wargasm, ça ressemble à ça ! », les remontrances étant suivies de trente secondes de rage noisy affolante de platitude bruyante. Une belle manière involontaire d’affirmer à la face du monde combien on est immature et on a peu à proposer…
Une chose est sûre : un tel album ne pourrait être proposé en version électro-acoustique, car en dehors des 3-4 titres vraiment cools listés plus haut, une fois enlevés la saturation électrique et les gros beats, il ne resterait plus rien.
Vous me direz : « OK, sur disque ça fait un peu baudruche tout ça. Mais sur scène, la jeunesse, l’énergie, et le côté un peu Punk de leur approche peut faire sacrément mal. » Sur le papier, c’est vrai. Mais malheureusement la prestation à laquelle on a pu assister au Hellfest n’a fait qu’entretenir ce côté « en même temps ». Car autant les quelques vrais tubes de leur répertoire réussissent à soulever les foules, autant leur dégaine hyper lookée et leur jeu de scène plus instagrammable que destroy a laissé un goût amer dans la bière du festivalier, et nous a donné envie d’étiqueter leur musique « Easy Teen Fashioncore ».
7/10, donc, pour la touche assez personnelle, et les gros « bangers » super efficaces.
Néanmoins ceux qui me reprocheront une notation un peu trop clémente n’auront pas tout à fait tort…
La chronique, version courte : sur Venom, Wargasm propose une Fusion Néo / Electro / Indus / Rap Metal à très gros son et très grosse énergie. Problème : il s’agit d’un pur Janus discographique qui, d’un côté, offre un mix frais et enthousiasmant servant de matrice créative à quelques vrais tubes bien méchants… Mais de l’autre reste globalement bien trop superficiel, trop creux, et trop naïvement ado. 7/10, en guise d’encouragements d'un jury bien généreux.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE