White Stones - Kuarahy

Chronique CD album (41:23)

chronique White Stones - Kuarahy

A n'en point douter, les amateurs d'Opeth les plus aigris qui n'ont su prendre le nouveau wagon que ce dernier a pu proposé depuis Heritage devraient se pencher sur le cas de White Stones. Son premier album, Kuarahy, a tout pour faire office de madeleine de Proust en nous replongeant au cœur de la période dorée se situant entre Blackwater Park et Watershed. C'est joliment sombre et mélodique, ça hypnotise en privilégiant du mid-tempo, ça s'amuse à se revêtir d'un (très) léger manteau prog via tout un tas de breaks malins. Et surtout, ça s'inscrit dans une mouvance death et ça growle tout le temps – la doléance première des fans estropiés j'ose rappeler. Que demande le peuple donc ? Quoi, ça vous paraît trop beau pour être vrai ? Et vous sentez comme une pointe de plagiat un brin opportuniste ?

 

Ravalez un peu les mauvais a-priori. Car White Stones est mené par Martin Méndez, (discret) bassiste en place depuis tellement longtemps au sein d'Opeth qu'il fait pleinement partie des meubles. Pour enfoncer le clou, le compère Fredrik Åkesson vient taper quelques petits solos par-ci et par-là, autant dire qu'il est bien difficile d'aller crier au plagiat : quoi de plus normal de faire du revival d'Opeth quand on a une part de son ADN qui coule dans nos veines ? Certes, bien d'autres artistes utilisent la carte du projet solo pour se permettre la liberté de sortir courageusement des sentiers battus mais là n'est pas forcément un impératif. Et au vu de comment Opeth se montre aujourd'hui, à savoir assume totalement sa mutation et enfonce d'autant plus le clou album après album sans que l'on ne ressente la moindre volonté de revenir aux fondamentaux, il vaut mieux prendre ce Kuarahy le plus simplement du monde. Une petite parenthèse récréative pour son maître à penser et un cadeau pour les nostalgiques.

 

Après, bien entendu, il faudra également remettre les choses dans leur contexte : le but n'est pas ici de concurrencer les classiques, encore moins de les détrôner. Après tout, il n'y a rien d'Åkerfeldt sur ce disque et nul doute qu'on le ressent tant l'on sait que le propos aurait gagné en richesse s'il avait été là. Ce qui est heureux et donne à ce premier opus de White Stones un peu de son charme. On s'y rapproche sans en être vraiment. Et l'on a également un début de réponse de ce qu'a pu apporté Méndez à l'entité Opeth, à savoir une empreinte dans la carcasse. Ce qui explique pourquoi Karuahy se montre globalement plus aéré et dépouillé. Moins technique également, ce qui ne l'empêche clairement pas d'être efficace en terme de section rythmique (le groove d'outre-tombe de la paire « Rusty Shell » / « Worms », le côté plus sautillant des couplets de « Guyra »), le cœur du propos pour un bassiste après tout. Bien que ça ne l'empêche pas d'usiter de la six-cordes afin mettre en avant toute la beauté des mélodies (la délicieuse intro éthérée de « Drowned In Time », « Jasy »). Car on pourrait avoir tendance à l'oublier mais il n'est pas forcément qu'une question d'Åkerfeldt dans l'équation Opeth, de la même manière que le virage stylistique intervenu n'est pas qu'une question de caprice de ce dernier mais par accord commun de tous ses membres, comme le démontre « Infected Soul » fortement jazzy qui donne davantage l'impression d'être parti d'une base issue du Opeth actuel sur lequel on aurait apposé un filtre rétro pour le ramener à un propos extrême.

 

Alors, certes, on ne s'en cachera pas : Karuahy ne va pas réinventer la roue. Il ne se montrera pas forcément très surprenant pour quiconque connaît le Opeth du début des années 2000 sur le bout des doigts. Ce qui ne l'empêche pas de dégager de la passion et un savoir-faire indéniable, qui fonctionne très bien dans ce qu'il véhicule à l'auditeur, par-delà de son plaisir purement nostalgique. Et qui sait, si le 'sieur Méndez se décide à continuer le projet, peut-être parviendra-t-il à insuffler une personnalité d'autant plus affirmée à White Stones par la suite ?

photo de Margoth
le 11/01/2021

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