Opeth - Heritage

Chronique CD album (57:39)

chronique Opeth - Heritage

Nous étions prévenus : Heritage sera sans growl.

La voix d'Akerfeldt a ses limites, il serait dommage de les dépasser pour en effacer les qualités.
Sauf qu'Opeth sans growl ce n'est plus vraiment du métal, le groupe étant déjà souvent la cible des "true" qui n'acceptent pas le groupe dans leur sombre monde.
 
Car oui, Opeth est à part. Une bande de suédois qui a évolué depuis Orchid, en passant par le sombre Deliverance, le complet et désormais quasi-mythique Blackwater Park, le doux Damnation, l'hyper-progressif Ghost reveries.
Bref, Opeth est différent, ratisse large. Mais où pouvait en être ce groupe sans le growl ? L'essence death du groupe s'évapore t-elle avec la clarté de la voix ?
 
Ce n'est pas la première piste, "Heritage", qui répond à la question puisque seul un piano nous parvient aux oreilles avec une douce mélodie mélancolique. Ce n'est pas la première fois que le groupe nous offre des débuts calmes à l'instar du prologue de My arms your hearse  ou de  Watershed qui s'ouvrait en douceur.
 
Par contre la suite n'est pas entièrement métal, mais complètement psychédélique.
Pour les assidus des actualités d'Opeth ce n'est pas une surprise : Akerfeldt, toujours très bavard, ne l'avait pas caché : Heritage sera un voyage en arrière dans l'univers psychédélique.
On avait déjà pu ressentir sur l'album Watershed l'influence partielle des 70's, mais elle est cette fois-ci la source d'inspiration quasi-unique.
Le groupe garde sa personnalité avec ses petits breaks, ses nappes de claviers un peu vaporeuses et ajoute une teinte metallique avec ses grosses guitares, mais l'univers psyché imagé par la pochette et matérialisé pour nos oreilles à de multiples reprises est une petite surprise chez les suédois.
 
On ne peut nier que les inspirations tirées des 70's (King Crimson, Jehtro Tull en tête) sont hyper-présentes, mais les scandinaves ont incontestablement posé leur personnalité et ajouté leur pierre sur un édifice déjà géant, auquel on n'ose plus trop toucher aujourd'hui. Ainsi "I feel the dark" confirme ce que "The devil's Orchard" avait déjà pu nous apprendre : Opeth est avant tout un groupe prog' avec sa touche mais va profiter de...l'héritage...des 70's pour assembler toutes ses idées.
 
Le résultat est souvent déroutant puisque si les sonorités sont relativement proches les unes des autres : on entend le passé sonner avec une production moderne. Il n'empêche que la guitare acoustique s'invite, interrompt les passages aux sensations décadentes ("Slither"), qu'une basse n'avait plus sonné comme ça depuis Woodstock (l'ambiant "Nepenthe" et sa voix lointaine).
La culture du solo à la sauce hard retrouve ici ses lettres de noblesse ("Nepenthe" toujours) et on a parfois l'impression que Damnation a marqué les esprits dans la vie des suédois avec "Haxprocess" dont l'arpège rappelle celui de "Death whispered a lullaby" (3e piste de Damnation) dans une version accélerée.
 
La question de rythme sur les 57 minutes (sans compter les deux autres titres inédits sur lesquels nous reviendrons) est primordiale : Opeth a su faire un album calme de 43 minutes, mais qu'en est-il pour une heure de psyché ?
Il y a des longueurs...incontestablement. A force d'enchaîner des suites de parties jusqu'à mettre bout à bout des portions sans lien entre elles (le début de "Famine") on se perd un peu dans l'esprit presque maléfique de cet Heritage. Du coup, l'entame du second tiers risque d'essouffler quelques oreilles avides de passages secoués après l'enchaînement de 2-3 parties mollassonnes.
 
"Famine" est pourtant un autre tournant dans cet album.
La critique principale des détracteurs est qu'Opeth sans growl n'a plus rien de cet aspect "sombre", "horrifique" et même "maléfique" caractéristique d'un bon groupe de métal. Pourtant cette 7e piste, qui est la plus longue, sent le Malin et la terreur. Gross riff, piano malade, rire diabolique : tout y est.
 
Puis il y a des instants d'accélerations plutôt rares chez Opeth : "The lines in my hand" surprend par sa durée proche de 4 minutes. On va vite, la section rythmique est la star de la piste, s'avère passionnante et donne une vivacité presque inattendue pour un album que l'on sent souvent sur la brèche. A chaque instant, on peut basculer dans l'ennui le plus profond avec des lourdeurs que l'on ne se sentira plus capables de soulever.
Il est fort probable qu'une partie des fans ne parvienne pas jusqu'à "Folklore", morceau sympathique nous apparaissant presque fade et paradoxalement assez conventionnel dans l'univers des suédois, hormis quelques riffs et le passage autour de la 6e minute : un bon titre certes, mais dont l'avant-dernière place sur la tracklist parait bancale.
"Marrow on the earth" clôt Heritage comme il avait commencé : avec un morceau instrumental. Comme d'habitude le groupe a cette recette secrète qui est de créer une émotion forte avec un seul instrument, parfois deux, et progressivement amener tous les protagonistes de cette œuvre à l'achever de belle manière...et sans paroles.
 
Deux titres : "Pyre" et "Face in the snow" se greffent à cet album sur l'édition aussi limitée que son intérêt...
Un livret comprenant quelques photos, un digipack assez convenu et un dvd en 5.1 comme la plupart des rééditions (Blackwater Park et Still Life en tête).
Quant aux deux morceaux, le mélancolique et sentimental "Face in the snow" joue la carte de l'émotion alors que "Pyre" est comparable à ce que l'on découvre sur l'album stylistiquement, et techniquement parlant.
 
Il n'empêche qu'Heritage n'est pas aussi parfait que ce qu'Opeth a l'habitude de présenter. Pourtant, on savait le groupe capable d'oser, de se remettre en question...cette fois-ci il se revisite complétement.
Les détracteurs du groupe et de l'album n'y verront plus du métal et cracheront dessus puisqu'il n'est PAS métal.
Et finalement, cette étrange pochette résume plutôt bien cet héritage. Les racines de l'arbre étant les années 70's, les fruits/les musiciens naissent de ces racines mais ont un goût bien différent et très personnel. 
 
Nous sommes loin de l'album de l'année, mais complétement dans la problématique de l'audace et de la personnalité. Le genre d'album qui divise les fans, qui scinde une fosse en deux, qui enflamme les débats musicaux : que l'on aime ou pas, que cela réponde à nos attentes ou pas (et les fans de Morbid Angel ne me contrediront pas) : cette prise de risque est la marque des grands.
photo de Tookie
le 18/10/2011

9 COMMENTAIRES

Jull

Jull le 18/10/2011 à 11:21:27

je vais jeter une oreilles attentive quand meme...

un type

un type le 19/10/2011 à 14:21:13

Je vois pas bien l'intérêt de se trancher une oreille pour ensuite la balancer sur un malheureux cd qui n'a rien demander. En plus ça risque de te faire super mal ! Enfin bon après t'assumes vieux ;)

frolll

frolll le 21/10/2011 à 00:52:42

Album prog de l'année. 9.99/10

Animaxion

Animaxion le 25/02/2012 à 09:18:55

Grand amateur du prog ds années 70, j'ai découvert avec "Heritage" un groupe talentueux sous le nom d'Opeth.

Tookie

Tookie le 09/05/2013 à 19:57:18

Rha mais il est génial. Peut-être bien la seule chro que je regrette, je sous-estime c't'album...

YUCA

YUCA le 30/11/2019 à 10:03:29

le critique est le couillon français parfait ;cet album est peut être le meilleur du groupe

YUCA

YUCA le 30/11/2019 à 10:05:00

la critique la plus nul que j ai pu lire..cet album est peut être le meilleur de opeth ;et il y a deja un bon moment que opeth n est plus un groupe de métal mais de rock depuis qu ils ont rencontrer steven willson ...

Tookie

Tookie le 30/11/2019 à 14:30:48

Haaa ben dis donc, on peut ne pas être d'accord et être un peu plus poli non mais ! Pénible cette agressivité récurrente sur le net.

Et je l'ai moi même dit deux ans après cet article dans le commentaire qui te précède : je regrette de l'avoir sous-estimé.

Tookie

Tookie le 30/11/2019 à 15:31:21

Par ailleurs, la rencontre avec Wilson n'a rien d'un déclencheur dans leur changement de style musical puisqu'il a produit (et même participé si je me souviens bien) 3 albums d'eux en 2001 et 2002-2003 dont deux bien death (Blackwater et Deliverance).

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