White Ward - Love Exchange Failure

Chronique CD album (67 mn)

chronique White Ward - Love Exchange Failure

Nos confrères du « Heavy Blog Is Heavy » n’y sont pas allés dans la demi-mesure ! En effet, le second album des Ukrainiens de White Ward, Love Exchange Failure, sorti le 20 septembre chez Debemur Morti Productions, occupe tout simplement le sommet de leur TOP 50 annuel… Rien que ça ! Leur label, pétri de fierté à leur égard, en fait même un authentique « bijou » avant-gardiste.

 

Ce serait un mensonge que de vous dire que j’avais zappé cette sortie : elle est dans mon viseur (et dans mon smartphone) depuis trois mois maintenant… Trois mois que je l’écoute par intermittence : dix/quinze minutes par ici, quelques instants par là. Bon, il est temps que je me bouge les miches et que je bouleverse mon planning de fin d’année pour insérer cet opus parmi mes dernières chroniques de 2019 ... ou mes premières chroniques de 2020 ^^. D’autant que ce travail débordant d’originalité et de personnalité le mérite amplement.

 

Ne vous fiez pas à la couverture plutôt quelconque et aux premières 3 mn 30s de "Love Exchange Failure" où l’on se croirait un vendredi soir dans un bar, confortablement assis avec des amis bobos dans des fauteuils en cuir bien molletonnés en train de siroter un petit bourbon dans un verre ballon, tout en écoutant un jazz à papa, ordinairement bien lisse et enrobant. C’est plutôt du Whiplash cet album !!! Comme le spectateur de ce film génial de Damien Chazelle, l’auditeur de White Ward se prend dans la face l’intensité d’une musique « coup de fouet », qui souligne à la fois l’ambigüité inhumaine du dépassement de soi et la quête douloureuse de la maîtrise technique. Le jazz laisse alors la place à la 4e minute à un BM féroce qui propose une base rythmique et des riffs d’une grande variété, à l’exemple de ce passage méphistophélique à la fin de la 9e minute. Le tout est enrichi par d’excellents intermèdes au clavier et surtout au saxophone. Cet instrument donne d'ailleurs tout au long des 7 morceaux et des 67 minutes de l'album, une rondeur, une sérénité et une chaleur inouïes à ce mix détonnant Dark Jazz / Black Metal.

 

Si le premier morceau est la meilleure proposition, le reste vaut plutôt le coup. Ça part dans tous les sens, à l’exemple du virevoltant "Poisonous Flowers Of Violence" et du pirouettant "Dead Heart Confession". Ce twist musical doit d’ailleurs être un défi en live : comment délivrer une telle richesse d’instruments, d’orchestrations, de rythmes, sans filer la nausée aux spectateurs en concert ??!!

 

Notons cependant que la seconde moitié de l’album se lisse davantage à mesure que les interludes jazzy ("Shelter" et "Surfaces And Depths"), des riffs plus classiques ("No Cure For Pain") et les passages en clean vocals des trois derniers morceaux semblent prendre le pas sur le son saturé et la voix torturée d’Andrii Pechatkin. La collision Jazz/Black s’effrite alors un petit peu : dommage !

 

Pas de quoi remettre en question l’intérêt que je porte à Love Exchange Failure. Ne vous attardez donc pas trop sur le ton globalement élogieux de ma chronique, mais davantage sur la musique de White Ward, qui ne vous propose rien de moins qu’une expérience inventive et éclectique, tantôt chaotique, tantôt voluptueuse, parfois inégale, mais souvent convaincante, à l’image de la très bonne fin "Uncanny Delusions".

 

Les Français de Pensées Nocturnes et de Maïeutiste m’avaient déjà convaincu, mais l’œuvre de White Ward vient le confirmer : au prix d’un gros effort de composition, le Jazz est parfaitement soluble dans le (Black) Metal. À moins que cela soit l’inverse…

photo de Seisachtheion
le 06/01/2020

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