Yautja - The Lurch

Chronique CD album (46:03)

chronique Yautja - The Lurch

Ah Nashville. Une ville largement connue comme étant le berceau de belles références! Elvis, Cash, Dylan et tant d’autres aux prénoms dignes d'un pitch de la série Beverly Hills, qui ont fait rayonner la ville à travers une musique qui aura fait vibrer les foules. D’aucuns diront une musique “mainstream”. Mais Nashville, sous ses buildings rutilants, sous ses quartiers historiques, c'est aussi des sous-sols dans lesquels, à l’abri de la lumière du soleil de Tennessee comme dans sa chaleur, Yautja s’est construit un tout autre son. A la différence des stars internationales de la ville, Yautja ne rayonne pas, Yautja est un groupe de sous-sol, un trio acharné qui joue dans la pénombre d’une cave mal éclairée et moite. Yautja, c’est un groupe underground avec un grand U (mais quand même signé chez Relapse). Parce que des groupes qui se revendiquent de la scène underground, il y en a des palanquées. Mais beaucoup d’entre eux ne sont que perdus dans les soubassements de bandcamp, ne sont que les ignorés malheureux de l’algorithme de Youtube. Plus que cela, Yautja incarne, transpire l’essence même de l’underground, de la musique dure, qui a abandonné toutes considérations “grand public”.

 

Les trois compères, qui revendiquent l’étiquette “Thunder-Punk” délayent un mélange de hardcore hargneux, de sludge étouffant, le tout piqué çà et là de quelques reliques d’un punk minéral. Voilà: Yautja est un groupe minéral, terreux, dur comme la pierre mais aussi collant et aigre comme l’argile. Leur musique est bain de boue mais plutôt la version mousson dans la jungle vietnamienne que spas au Touquet.

Il n’y a pas de technicités, pas de démonstrations, le groupe ne fait que dans l’intention la plus libératoire dans une interprétation musclée. Il n’hésite pas à briser les structures, à y apporter de la disharmonie ("Wired Depths" et sa touche Dillingerienne) et alourdir le tout avec ses mid-tempos plombants, refusant toute possibilité d’existence à un quelconque groove fédérateur ("Undesirable" et 7 minutes de calvaire magnifique).

 

Le son des guitares est superbe et confère énormément aux ambiances anoxiques des riffs de The Lurch. Les amplis sont poussés dans des retranchements pour lesquels ils ne sont pas taillés mais donnent malgré tout le meilleur du pire d’eux-mêmes dans un registre bas médiums sourds; les aigus n’étant réservés qu’à des larsens, ici utilisés avec brio faisant de The Lurch une fin de vie commuée en feedbacks sonores. La batterie, très roomy, accordée très “flat”, alterne allègrement blasts et fills half-time bien au fond du temps, le jeu est très variés, superbe, tout y rappelle beaucoup Thou. La basse tellurique, au son sourd mais bel et bien présente, finit de donner à l’ensemble un sensation vraiment plaisante de captation live, d'être seul dans le vieux canapé moisi d'une salle de répétition à l'acoustique parfaite.

Les trois chanteurs (oui, car chez Yautja, tout le monde est derrière le micro) tout aussi efficaces qu'ils sont, n'ont malheureusement pas des différences de voix suffisantes pour apporter un peu de changement à un chant finalement assez classique.

Le mixage est globalement dans la veine du travail de Kurt Ballou (Converge), organique, puissant, qui laisse respirer juste ce qu'il faut, mais jamais agressif car "l'analo, hmmm, c'est moite, c'est chaud".

 

 

La musique de The Lurch est anoxique. Energique, puissante, lourde, servie par une production léchée mais incroyablement anoxique. Elle trouvera facilement son public chez les aficionados de hardcore sludgifié et rugueux. Ceux à la recherche de choses plus formatées et travaillées avant tout pour l’écoute et la reconnaissance du public passeront leur chemin.

 

 

 

On aime bien : divin...

On aime moins : mais suffoquant

 

photo de 8oris
le 16/06/2021

4 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 16/06/2021 à 11:44:53

J'apprends au moins deux choses: l'existence du Thunder-Punk (kome cé cool!) et l'anoxie. Merci. Irai écouter ça, un jour.!

Freaks

Freaks le 16/06/2021 à 17:38:28

Ah bon Dylan à Nashville? A quelle période ? 

8oris

8oris le 17/06/2021 à 00:10:22

Période Nashville Skyline! ;)

Freaks

Freaks le 17/06/2021 à 06:55:36

Ah oui effectivement ;) et bah j'ai complètement nexté celui ci.

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