Ze Gran Zeft - The Debra Experience

Chronique CD album (15:22)

chronique Ze Gran Zeft - The Debra Experience

Avec Ze Gran Zeft on ne parle plus de simple musique, mais de vaudou. Si si, je ne vois pas d’autre explication. Parce qu’après un premier essai infructueux, il aura fallu la découverte de Get Fat d’Ol’Dirty pour me faire accorder une 2e écoute, puis finalement – révision radicale du jugement – adorer le premier EP Watch The Crown. Une poignée de mois plus tard, il aura fallu quelques écoutes pour que mon cerveau assimile Gorilla Death Club et passe de « Heiiin ? Noooon… » effarouchés à – retournement violent de situation – des « Putain whaouuuuuu ! » fiévreux. Tout ça pour qu’en ce début 2020 – retournement éhonté de veste – je m'installe dans le créneau « Autre chose… » du samedi pour chroniquer un EP de – je cite – Lame Hip-hop / SoundCloud Rap / Mumble Rap.

 

… ‘vindiou, elle est loin la disco’ de Death là!

 

Allez, je vous explique le pourquoi du comment de cette mini-sortie ZGZienne. Après 2 EP bien pêchus d'un Rap Metal très personnel, les Toulonnais de Ze Gran Zeft se sentent des envies d’expérimentation. Le trio décide alors d’adopter le temps de 4 titres une prod’ allant à contre-courant des standards de l’époque, et s’essaie à un Rap ranafoot’ indolent – qui, je cite là encore, va par ailleurs connaître le succès à travers les sorties de Tyler, The Creator. Pourquoi « The Debra Experience » vous demandez-vous peut-être? Parce que la musique ici proposée est – je cite encore et toujours – « à la fois craignos et fantastique, à la fois craquante et plate, comme Debra Morgan de la série Dexter ». Là.

 

Résultat: un son « main de fer organique dans un gant de velours synthétique », chaud et pourtant parfois aussi minimaliste que cheap, sur lequel se déroule un flow tantôt posé et calme, tantôt indolent, tantôt lascif et traînant, le tout étant enrobé de boucles mélodiques, de beats simples, et de tout un tas de bidouilleries glichesques plus ou moins abondantes selon le moment.

 

BAR minimaliste et bruits de bouche samplés, « Streets of L.A. » démarre le moteur sur une rythmique tressautante à la mode « Soft Breakcore » (ce barbarisme vous est offert par un pur néophyte en la matière). Les confidences qui coulent par les écouteurs sont rassurantes, sexy, et préparent à un beau refrain… Qui a le malheur de dégainer le vocoder, gasp! Sauf que la chose est sacrément bien gaulée, croustillante, sautillante, irrésistible… Et laisse sur l’impression d’avoir écouté un titre plus chaud, plus Rap, plus duveteux que ce que Daft Punk propose habituellement. Suit alors « My Road » qui voit un Hip-Hop plus cool, plus « Black », se laisser vêtir de délicats accords de gratte Folk. Alors certes, quelques « Nanananananana » ténus rappellent malheureusement au père d’ado que je suis les « Lalalalalalala » du « Prince Aladin » de Black M (Vade Retro!!!), mais au final c’est plutôt chez un Gorillaz légèrement stone que l’on finit par squatter. Sur « New Order », si l’on exclut quelques touches de Human Beat Box du pauvre assez marrantes, ces épaisses couches de synthé flashy et ce vaste refrain plein de trémolos donnent au morceau une couleur assez 80s. Pour le coup on sort du minimalisme "Rap digestif" qui était jusqu'ici la norme. Et pour achever ce quart d’heure à la cool, Ze Gran Zeft décide d'axer plus que jamais son propos sur la rythmique et la voix, les flows s’additionnant – celui d’une femme, celui d’une petite teigne agressive – pour au final s’engouffrer avec gourmandise dans des Bibidibop-Bidibidibip Ragga babillés à la vitesse d’une Mary Poppins Rasta passée en Fast Forward >> X 4.

 

The Debra Experience est un EP qu’on se passera en boucle, la robe de chambre en bataille, lors de ces « dimanche matins » démarrant à 15:00, alors que le café n’arrive pas à nous extraire le cerveau du pâté et que derrière les molaires traînent de vieux restes de kebab. Moelleux, sucré et aphrodisiaque comme une madeleine au gingembre, il stimulera sans bousculer, fera dodeliner de la tête sans coincer les cervicales, et donnera au final envie de retourner sous la couette avec Madame.

 

PS: c’est quoi la prochaine étape? Ze Gran Zeft va convertir le lapin au Beatdown musette? Au Zouk? Au JuL-core? Même pas peur: si la zic est bonne, je suis prêt à tous les renoncements…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: fort d’un quart d’heure de Hip-Hop indolent mais néanmoins énergique, The Debra Experience est sexy et chaud comme une beauté en nuisette dont les paupières sont lourdes et la lèvre boudeuse, mais dont les formes endormies laissent entrevoir une énergie et un appétit riches en promesses.

photo de Cglaume
le 07/03/2020

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