Cortez - Russie 2015 : le report de leur tournée ! - Partie 4 : du 1er au 4 juin

Cortez - Russie 2015 : le report de leur tournée ! Partie 4 : du 1er au 4 juin (dossier)
 

 

1.5 Chelyabinsk – Ufa

 

Une longue route nous amène à Ufa. Le paysage commence à se vallonner, et la végétation change un peu en allant vers le sud.  Toujours autant de forêts de bouleaux et de pins, mais moins de pissenlits dans les champs. Même si c’est difficile à décrire, on sent qu’on entre dans un autre climat.

 

Nous sommes bien 2 heures en retard à Ufa. La salle est située dans une sorte de parc de promenade, du style de Central Park, pour ceux qui connaissent. De la nature, des chemins goudronnés, des stands de grillades, des immenses structures gonflables pour les enfants, et des restaurant de toutes sortes. Il y a beaucoup de monde, et quelqu’un m’explique que c’est parce que le 1er juin, c’est un jour férié dédié aux enfants. Après un copieux repas, un musicien nous fait visiter le parc, et on passe devant une statue de Lénine, qui fait face à un bâtiment de l’administration. Il m’informe qu’il y a ici deux drapeaux et qu’à côté de celui de la Russie, il y a celui des Bakshire, qui est la population locale. Ca a l’air d’être important dans leur identité, bien que je n’y connaisse pas grand chose, même si le nom ne m’est pas inconnu. Je lui fais remarquer qu’un des joueurs de notre équipe locale en Suisse a été entraineur de leur équipe et qu’il a gagné le championnat de KHL avec eux. Il me répond qu’avant, ils avaient un gouverneur local qui amenait plein d’argent dans le club, mais qu’aujourd’hui ce sont « des gens de Moscou » qui gouvernent. Il continue en m’expliquant que sa maman travaille dans l’administration, et qu’elle avait reçu une lettre du gouvernement qui ordonnait aux scrutateurs de faire gagner ces gens sous peine de perdre leur travail. Intéressant. C’est la première fois qu’on me fait part de ce genre de chose dans les discussions. On sent une certaine crainte, mais aussi une certaine résignation face à ce genre de pratiques.

 

Panoramique de l’endroit où le concert à lieuPanoramique de l’endroit où le concert à lieu

 

La population change aussi. Déjà à Chelyabinsk, et maintenant encore plus à Ufa, la population s’asiatise. La région est très pétrolifère et Ufa semble être une plaque tournante du commerce. Enormément de camions venant du proche Kazakhstan passent par ici, ou vont encore plus loin, direction Moscou.

 

Le concert se passe super bien, et c’est un plaisir de jouer sur un instrument qui tient la route. Ca remonte le moral, par rapport à la veille. Chris est pris de force plusieurs fois en crowd surfing, et des mosh pits tournent autour de JR. Très intense, avec un public vraiment très participatif.

Une fille nous explique qu’elle est venue depuis la Sibérie pour nous voir ce soir. C’est incroyable ce qu’on semble représenter quelques fois pour certaines personnes. Aussi impressionnant que touchant.

 

On rentre à 2h et la personne qui nous accueille nous prépare du poulet grillé, des légumes, et des snacks. Il y passe quand même plus d’une heure pour la préparation, et on est encore et toujours impressionnés par les attentions des gens pour nous.

 

2.6 Ufa – Samara

 

On prend la route vers 8h du matin. Le paysage ressemble de plus en plus à l’Italie, un peu comme la Toscane. Il y a des vallons, quelques rivières, des arbustes secs, des chemins de terre poussiéreux, on sent qu’on va vers le sud. Ca me rappelle la traversée des USA de Chicago à Los Angeles, où on passait d’un paysage d’Europe centrale au désert en 3 jours de 10h de voiture. On verra demain si ça se confirme.

 

 

On arrive à Samara, qui semble être une grande ville, vers 16h et on s’installe directement. L’endroit ressemble à un restaurant sous-terrain avec un bar central au milieu, et des chaises et tables qui l’encerclent. Dans un coin il y a la scène, toute décorée d’un tissu à long poil rose fluo sur le plafond et 2 murs. Comme d’habitude, on commence par tester le matériel, et on répare les choses qui ne marchent pas. En l’occurrence, les amplis font des bruits bizarres et réagissent à la guitare quand elle est câblée, mais sans que l’ampli soit allumé. La plupart des salles où on joue sont mieux que des bars, mais moins bien que des vraies salles. On a jamais eu d’endroits vraiment merdiques et hyper crust pour autant. Mais on sent que les électriciens sont des amateurs, et qu’ils branchent tout le système des amplis, subs, sono et lumière sur les mêmes prises, et il y a toujours des buzz bizarres. Quelques fois on les résout, souvent on les accepte.

 

On fait le sound check et on part se promener. On est en centre-ville, et il y a souvent une rue piétonne centrale où on peut déambuler et profiter du beau temps. On trouve un stand de glace italienne devant un magasin d’habits, dont le patron est justement Italien. Il a l’air tout content de voir des européens. C’est vrai que 95% du temps, on ne croise personne qui parle une langue qu’on pourrait reconnaître, ou même simplement qui ne semble pas russe. On en a croisé à Saint Petersburg et Moscou, mais c’est à peu près tout.

 

On rentre au club 1h avant le concert, car on essaie d’éviter de rester dans le bruit, et surtout, les groupes qui jouent avant nous sont souvent des groupes de niveaux locaux, et qui jouent soit mal du death core, soit une sorte de black death pour mosh pit insupportable (pour moi). Autant les éviter que d’avoir envie de les tuer. Je préfère une glace sur une terrasse, au calme.

Finalement surprise, le groupe qui joue avant nous n’est pas si mal. Stylistiquement, ça ressemble à un mélange entre Celeste et Neurosis, et c’est assez bien fait, avec même un show light au point.

Notre concert est comme les autres concerts qu’on a fait. Ca se passe super, les gens aiment et nous le montrent, JR est couché par terre, et Chris fait le fout en hurlant sur les gens et en partageant abondamment sa sueur avec eux.

 

On finit la soirée chez un couple d’amis cinquantenaires de Dima, très gentil et attentionné. On discute avec eux de choses et d’autres et on arrive à se comprendre avec 50 mots d’anglais et quelques onomatopées. Le mari est un vieux fan de rock, et il nous montre son album de photos de groupes qu’on ne connaît pas du tout.

Je me fais un matelas avec 4 sacs de couchages superposés et je m’endors.

 

 

3.6 Samara - Saratov

 

A nouveau, la route est longue, et je passe la plupart du temps à dormir ou écouter de la musique. Le paysage est un peu le même que hier.

Dima nous annonce que Saratov est la ville de Karl Marx et de Friedrich Engels. Je connais un peu le premier, mais pas le 2eme. La politique actuelle m’intéresse assez, mais je n’ai jamais lu les livres des penseurs du 19ème siècle. Il faudrait que je prenne le temps de le faire une fois, et si ce n’est pour adhérer aux thèses, au moins pour les connaître.

 

Le club du soir est spacieux et agréable, et il n’y a qu’un groupe qui joue avant nous. Donc on mange et on reste sur place. Malheur m’en a pris, le groupe de support est horrible de suffisance et d’arrogance. Ca ne joue vraiment pas super, ça n’exprime rien, et le chanteur ne sait qu’essayer d’être cool dans tous les clichés insupportables de la scène. Ils ont réussi à me surmotiver de montrer ce qu’est un vrai groupe qui fait de la musique. Ca peut paraître arrogant, mais le carnaval de clichés du monde du métal finit par m’agacer. Tout ça est aussi stupide que le monde qu’ils disent qu’ils dénoncent, où dont ils prétendent être l’alternative. Ce sont des égoïstes égocentriques qui se font passer pour des musiciens. Je n’ose même pas dire artiste, parce que quand on parle d’art, il y a une intention. Là il n’y en a même pas qui soit consciente.

 

 

Bref…On envoie la purée et on remet les choses à leurs places. Ils n’ont pas tout compris, mais ils ont pris conscience du gouffre qui sépare des gens qui sont créatifs dans un style, et d’autres qui ne sont que des marionnettes du trend du moment.

Manu me tient la snare pendant la moitié d’un morceau, car le pied se disloque. Quelques coups de marteaux bien sentis, et on repart de plus belle. Puis on fait quelques photos avec des fans, on signe des tickets d’entrées, on vend du merch et on doit marchander un tshirt contre 5 bières au bar. D’un côté c’était cool de tuer tout le monde, et de l’autre c’est toujours moche de se voir refuser des boissons par le même mec qui voudrait qu’on lui offre un tshirt pour le souvenir…

 

Fin de soirée tranquille dans un appart où on est seuls. On sort boire un dernier verre, et on se couche.

 

 

4.6 Saratov – Volgograd

 

Le décor fait penser au Mexique. Il y a de la poussière partout, il fait très chaud, et ca va être comme ca tout le jour, sur la route qui nous mène à Volgograd.

Dima essaie de trouver des restaurants qui font de la nourriture végétarienne, mais sans succès. On finit par manger une salade tomates-concombres, un plat de patate huileux et une crêpe style cheese cake à l’intérieur avec de la crème pour tremper dedans. En gros un repas de camionneur sans la viande.

 

Andrey nous accueil au club ou on joue ce soir. C’est lui qui a booké la tournée entière. C’est un type très sérieux, et très pro. On n’a eu aucun souci d’organisation sur le tour, si ce n’est 2 dates annulées, mais pour lesquelles il a toujours trouvé des logements. Il a super bien communiqué avec notre chauffeur Dima, et on n’avait jamais à se soucier de rien. Il nous emmène manger dans un très bel endroit près de la Volga, l’immense fleuve qui a donné son nom à la ville, après sa destruction quasi totale pendant la 2ème guerre mondiale. Son nom précédent était Stalingrad. Après le repas, il nous emmène voir un parc où quelques gerbes ont été déposées, en l’honneur des 70 ans de la fin de la guerre, et où s’élève encore un arbre de plus de 100 ans qui ne fut pas détruit par les bombardements. On sent le poids de l’histoire dans cette ville. Les gens sont fiers de la résistance qu’ils ont montré contre les nazis, même si le prix en vie humaine fut colossal. On passe ensuite devant un bâtiment dont il me dit que dans les sous-sols, ils ont exécuté le général Paulus, qui était en charge de l’armée allemande qui tentait de prendre la ville.

 

Retour au club pour le concert. Beaucoup de personnes  sont présentes, et l’ambiance est au top. Ca bouge, ça crie, notamment à la fin de El Vetic, où souvent les publics des différentes villes reprenaient les paroles de fin avec JR. Vraiment une belle soirée.

 

 

On règle les histoires d’argent avec Andrey, pour ce qui concerne le tour, et lui et un pote nous proposent de visiter différents mémoriaux. On accepte et on commence par un endroit où trône une tour massive, qui est un musée des armes utilisées pendant la guerre. Autour il y a aussi des tanks, dont un dont on me dit qui aurait été laissé tel quel sur place, des canons en tous genres, et même une énorme locomotive à vapeur. On fait le tour et on voit un bâtiment rongé par les tirs. Les ouvertures sont plus ovales que carrées tant elles ont été la cible de projectiles en tous genres. Un ami d’Andrey qui nous accompagne nous dit qu’il y aurait eu ici 40 russes qui se sont défendus contre plus de 1000 allemands. C’est un bâtiment qui a été gardé tel quel, en souvenir de ce que fut la guerre.

 

On part ensuite vers un autre lieu, encore plus massif et impressionnant, où siège la statue de la Mère Patrie. Ca commence par des marches (200 en tout du départ à la statue, qui représentent les 200 jours de la bataille de Stalingrad), qui nous amène sur une allée remplie de drapeaux rouges, puis vers un bassin vide entouré de statues de soldats. Le bassin passé, on arrive sur une grande place où est installée une énorme statue d’une maman qui pleure son enfant, à côté d’un bâtiment qui luit de l’intérieur d’une lumière orange. On entre dans le bâtiment, et là, une énorme main tient un flambeau dit « de la flamme éternelle ». Les murs sont immenses et y sont notés des milliers de nom de soldats morts. Quelqu’un me dit qu’ici ont été enterrées 35000 personnes. Personne ne parle, c’est très impressionnant d’être dans ce mémorial. Quoiqu’on sache ou qu’on pense de l’histoire et de la propagande de l’est ou de l’ouest, cet endroit force le respect.

On sort de cette sorte de temple, et là se tient devant nous, sur 85m de hauteur, une statue immense, dite « de la Mère Patrie ». Elle est tellement gigantesque et expressive qu’on ne peut en détourner les yeux. Elle nous attire à ses pieds et depuis dessous, c’est encore plus impressionnant.

 

 

On redescend tranquillement, et au bout de 15min on est à notre point de départ. Andrey nous dit au revoir, et on part vers l’appartement de son pote, où on mange un gâteau d’anniversaire (c’est les 35ans de Dima), et on va se coucher.

 

photo de Pidji
le 12/06/2015

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