Stinky - Interview du 18/10/2024

Stinky (interview)
 

Salut, les Stinky !On va commencer par parler du groupe et du nouvel album.
Le line-up a bien évolué depuis la fin 2022/2023. Est-ce que vous pourriez nous présenter les changements et peut-être nous expliquer les raisons de ces changements de line-up ?

 

Max :

Ouais, carrément.
Alors salut moi, c'est Max. Donc, je suis le nouveau venu à la basse. Effectivement, le groupe a eu pas mal de changements, il y a deux ans à peu près : on a Clément à la guitare et Enzo également à la guitare. On est les trois petits nouveaux. Clair et Paul sont là depuis 2014/2015.

 

Le prochain album, Solace, est finalement prévu pour le 21 février 2025. On peut dire que vous prenez de l'avance pour la promo. Vous êtes sacrément impatients !
Que vous pouvez nous en dire pour l'instant?


Enzo :

Oui, on prend carrément de l'avance. On a même sorti le premier morceau qui sera dans cet album « Moonbow », en septembre l'année dernière. Donc, ça fait un an et demi de promo, si on peut dire. Effectivement, on prend pas mal d'avance.
On a voulu, avec le changement de line-up, vite présenter le nouveau Stinky, le Stinky 2.0,
 

Comment s'est passé le travail d'écriture? Clairement, vous réussissez à élargir les champs d'influences, tout en gardant le cap punk HxC, évidemment, mais vous élargissez pas mal, non ?
 

Enzo :

Ouais carrément.
On garde toujours cette énergie punk hardcore, mais on a pas mal de nouvelles influences avec les nouveaux membres qui sont arrivés.
Pas mal de HxC plus moderne, de metal aussi et pas mal de choses assez pop, pop/punk.
C’était déjà présent dans les anciens Stinky. On pouvait déjà un petit peu le toucher du doigt, mais là, c'est clairement plus assumé avec les nouveaux.


Clément :

Le fait de changer de line-up, c'est un peu l’occasion, à mon avis, pour Stinky de se dire: on part dans d'autres univers ET de l'assumer complètement.
Et du coup, c'est le cas. Et par contre, pour te répondre : effectivement, en termes d'écriture et de composition, ça a été différent de ce qu'ils pouvaient faire avant. Là où il y avait une manière de faire qui était plutôt « classique » où on vient en répète, on fait des morceaux (etc.), là, on a tous fait des trucs de chez nous et on a beaucoup, beaucoup travaillé de chez nous et avec des sessions studio parce qu’Enzo a un studio.
C'était hyper pratique, ça a été un travail totalement différent de ce qu'ils pouvaient faire avant mais néanmoins…efficace !


Sur cet album, vous faites un featuring avec Comeback kid, une de vos références majeures. Comment avez-vous abordé ce travail, cette collaboration ? Comment c'est arrivé?


Clément :

Bah on lui a envoyé un message. Après il suit Clair sur les réseaux.
Ils discutent parfois via message.
Donc on sait qu’il nous connaît. Il a déjà vu le groupe etc.

En fait, c'est un peu compliqué parce qu’il est très pris, il fait beaucoup de trucs, part souvent en tournée, n'a jamais le temps, etc. Donc, ça a été toute une galère, mais on a réussi à avoir un petit bout de sa voix sur un morceau.
Et qui est très efficace.
Et vous pourrez bientôt l’entendre !

 

Stinky - concert seisach metal night 5

 

 

On trouve toujours sur Solace autant d'énergie et de rage, mais contrairement aux autres albums, on y décèle une certaine forme de sérénité aussi, particulièrement sur «Silent Birds» ou «Soft Sand». Est ce que vous êtes d'accord avec cette idée ?

 

Enzo :

Oui, effectivement, avec Solace, on a voulu mettre quelque chose de plus solaire.
Je dirais, de façon globale, quelque chose d'assez positif.
Avec des messages qui vont plutôt dans le sens… (réflexion) pas perdre espoir, mais au contraire, trouver des solutions. Il y a toujours des solutions dans la vie, malgré les aléas et tout ça. Donc, c'est peut-être ça qui se ressent.
Voilà, ça parle autant d'amour que de relations, de santé mentale, ce genre de choses. Il y a des problèmes, mais il y a toujours des solutions.
 

Max : 

C'est vraiment le credo du coup de l'album, comme tu disais. Tu parlais de sérénité et de ce genre de choses. En fait, c'est effectivement ça. Il y a pour nous en tant que personne ou globalement dans ce qui se passe autour de nous, des trucs chiants et des trucs relous, mais il y a une lueur d'espoir. Donc, c'est dans ça que je trouve que c'est un peu le credo de l'album.

 

Dans une de vos dernières interviews, vous abordiez la question de l'importance de la direction artistique. Vous concernant, on observe un changement radical sur l'artwork. Vous ne travaillez plus avec Arrache toi un œil - ce qui était déjà le cas sur Résolve me semble-t-il - Pourquoi ces changements? Est ce qu'il y a une volonté particulière ?

 

Max :

Je pense que, du coup ça allait avec le changement de line-up. Le style évoluait.
On va pas dire qu'il change, mais il évolue en tout cas. On explore d'autres horizons. C'était un peu logique pour nous tous, même pour Clair et Paul, qui sont là depuis longtemps, de se dire : on n'a pas envie de faire la même chose que ce qu'on a déjà fait.
Et vraiment, quand on en a parlé, c'était limpide pour tout le monde. Ensuite, on a eu cette idée de pochette.

 

Justement, cet artwork ?

 

Max :

Ouais ! C'est toute une histoire en plus !

 

C'est une sorte de linceul encerclé d’épines...

 

Max :

 C'est pas de la 3D. C'est vrai, c'est des vraies photos, c'est une vraie couronne d'épines qui a été faite de manière artisanale par Tad&Niam, en céramique !

 

En céramique ?

 

Max :

En fait, elle fait plein de choses en céramique, des cœurs sacrés, des couronnes d'épines.

 

Enzo :
On était très fan de ce qu'elle faisait. On voulait mettre en avant son travail. En plus, ça avait du sens artistiquement.
Pour nous, c'est vraiment ce symbole de couronne d'épines. Ça exprime l’idée qu'on ait toujours des difficultés, ça rejoint le thème de l'album :  le fait qu'on ait toujours des difficultés, mais qu'on vit avec. En fait, cette couronne d'épines n'a pas de connotation religieuse du tout.
Évidemment, c'était vraiment dans ce sens-là.
C'est vraiment dans ce sens-là qu'on l’a choisie.

 

Je voulais aborder un peu la question de la transidentité. Comment la scène metal ( et pas seulement punk HxC ) agit autour de cette question ? Au-delà du public, comment les groupes réagissent ?  L’environnement metal dans son entièreté, en fait ?

 

Enzo :

En fait, on remarque autant d'un côté comme de l'autre qu’il va y avoir un intérêt du fait qu’il y ait très peu de représentants. Il y en a très très peu dans nos scènes. Partout, d'ailleurs ! C'est pas forcément que dans le metal. Mais des fois, le fait qu’on en parle est vu d’un mauvais œil. Des fois on se retrouve avec des commentaires qui sont complètement injustes par rapport à ça.
 

Est-ce que vous, ça vous impacte directement ? Ces avis, ces aspects négatifs ? Pensez-vous ne pas avoir certaines dates à cause de ça ?

 

Enzo :
Non, non, non, jamais. Non, non, franchement, jamais, et on est vraiment très, très content de représenter en fait.
Clair est très content de représenter la cause trans.
Et les causes LGBT en général. Et nous, on est là pour le soutenir, pour soutenir ces causes là, parce qu’on n'est pas concernés directement, mais on se sent concernés par ça.
On a envie d'être avec lui et pour nous c'est important de pouvoir en parler.

 

Max :

Et je rajouterais en plus que là où il le faisait moins avant, là, aujourd'hui, on a un discours avant un morceau.
Vraiment, c'est un discours. On se pose et on discute de ça. Il en parle, et à chaque concert, franchement, c'est hyper bien pris et hyper bien reçu par le public et ça nous touche.
Tous les cinq : c'est ça qui est vraiment cool.


Eh bien, justement, on parle des concerts. Un album sort en 2025 et une tournée de prévue juste après. Ce sera quoi, le programme après la sortie du projet ?

 

Max :
On aimerait t’en dire plus, mais pour le moment, on n'a pas trop de visibilité. On bosse dessus. Le tourneur bosse dessus. Donc, on espère en faire un maximum. En tout cas, c'est l'objectif.
 

Vous commencez à avoir de la bouteille. Un peu plus de quatre cents concerts à l'actif pour le groupe.
Comment vous abordez chacune de ces nouvelles prestations justement?
Que ce soit dans une grosse scène ou un plus petit festival !

 

Max : Comme toujours, c'est toujours le même plaisir, en réalité.
Que tu viennes jouer ici ou je ne sais pas… dans un gros festival, n’importe lequel ! J'ai toujours le même plaisir. Je vais parler pour moi, mais j'ai toujours le même plaisir à monter sur scène et être avec avec les gars et avec le public et rencontrer de nouvelles personnes et faire ce genre d'interview. Je prends toujours le même plaisir.
À n'importe quel concert.

 

 

STINKY - interview

 

 

Justement par rapport à votre expérience et à des groupes plus jeunes, comme Kibosh, qu'on interviewe tout à l'heure, par exemple : Quels conseils pourriez-vous leur donner et quel état des lieux vous pourriez faire de la scène punk hardcore française actuellement de manière plus globale ?


Enzo : Non, mais c'est trop cool, parce que y a autant des groupes qui sont là depuis trente ans, des groupes qui arrivent.
Et je n'en dirai pas… enfin si c’est un "conseil" entre guillemets mais toujours continuer, rien lâcher et puis il y aller à fond. C'était des groupes plus anciens que nous qui disaient ça et je suis complètement d'accord. En fait, il ne faut jamais lâcher, faut y croire.
Je pense qu’il n y a pas de meilleur conseil à donner. Et oui, bien s'entourer ! Être avec des gens avec qui tu te sens bien. C'est hyper important.

 

Max :
Oui, faut pas écouter ce qu'on dit à côté.

 

 Quand vous dites bien s'entourer, justement, c'est quoi l'idée derrière ça? C'est le management ?

 

Clément :
Ouais, faut s'entourer de managers, de tourneur pour pouvoir un peu évoluer.
Et puis avoir le confort de pouvoir juste faire de la musique. C'est quand même assez cool d'avoir un tourneur, d'avoir du coup un booker, d'avoir un label. En fait, ça décharge aussi sur pas mal de points. Ce qui permet de se concentrer sur l'essentiel, qui est la musique et le partage de valeurs, et puis le partage d'informations, tout ça. Donc, bien s'entourer, c'est ça. Et puis, en soi, c'est un luxe que, quand même, peu de groupes peuvent avoir !
Et c'est ce qui fait un peu la différence. On arrive à le voir quand même. Donc, c'est très cool.
Mais bien s'entourer avec des personnes de confiance, avec qui on s'entend bien, avec qui on peut vraiment discuter et échanger.
C'est pas un rôle à jouer. Il faut faire tomber les masques, puis être bien entouré.
Tout simplement.

 

Il y a des groupes avec qui vous vous sentez bien, où vous tournez plus facilement que d'autres ?

 

Clément : En fait on tourne pas vraiment avec des groupes, finalement.
On fait des concerts, soit des festivals, soit des dates uniques ou des tournées, tout ça, mais on n'est pas entouré de groupes avec qui on tourne habituellement.
Mais, mais sinon, non, non, je pense que on est toujours...
Je réfléchis en même temps,c’est pour ça que je regarde les autres ! (rires)
Non, mais en vrai, on est assez bien entourés ! On a les groupes qu'on rencontre à chaque fois c'est toujours un plaisir parce qu’en fait, on est là pour la même chose que les gens qui viennent dans le public, les personnes qui viennent organiser, les techniciens. On est tous là pour vivre un moment hyper fort, dans  une journée ou dans une année.
Donc, c'est toujours des purs moments et des purs kiffs de voir toutes ces personnes.
 

Alors dernière petite question: Cette année COREandCO fête ses vingt ans.
Quels peuvent être vos rapports avec la presse, qu’elle soit papier ou numérique ?


Enzo : Très souvent, c'est des médias très indépendants et c'est trop cool de voir qu'il y a des gens passionnés, en fait, qui font vivre la scène et l'actualité musicale, surtout dans nos styles qui sont encore plutôt underground.
Même si on parlait un peu tout à l’heure du fait que qu'on essaye de faire une musique un poil plus mainstream, on veut mettre de la pop dans notre musique et tout ça on vient quand même d'une niche, même si ça devient une niche vraiment de plus en plus grande. Mais c'est trop chouette qu'il y ait des médias qui parlent, qui soient là depuis des années et qui continuent.

 

Max :

Si je peux juste rajouter, c'est aussi cool de pouvoir prendre le temps de discuter avec des gens. Tu vois, vous là, vous êtes en train de nous écouter. On dit plein de trucs. C'est assez cool de pouvoir avoir le temps de vraiment échanger et approfondir des sujets.
Et après, les plus intéressés vont aller écouter, tu vois, le podcast ou lire l'interview, tout ça.
Et c'est assez cool de pouvoir aussi exprimer des idées. Plus que juste, des personnes qui viennent voir un concert - même si nous, sur scène, on fait le choix d’y parler et d'être très interactif avec le public. Mais dans une ère où tout est consommé ultra vite, c'est aussi cool de pouvoir prendre le temps de dire ce qu'on a à dire.
Et du coup : merci pour ça !
Merci depuis vingt ans !
 

Clément :

Je dirai juste que, pour finir, c'est un ensemble.
Dans la scène, n'importe quelle scène d'ailleurs, mais  dans cette scène de musiques extrêmes, pour moi, c'est un ensemble entre les groupes, les médias, le public etc. Parce qu'en fait, aller voir des groupes en concert, c'est bien, mais si tu t'intéresses un minimum à ce que t'écoutes et ce que t'aimes, en fait, t’as envie d'aller plus loin. En tout cas, moi je le vois comme ça. J'ai envie de plus d'infos, d'en savoir un peu plus. Donc,c'est un tout. Médias, publics, groupes, assos, tout ça, ça marche tous ensemble dans la même direction. Heureusement qu'on est tous là, parce que je pense que sinon, ce serait compliqué.
 

Merci à vous les gars !

 

 

Stinky

 

 

photo de Pidji
le 13/01/2025

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